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que l’on fuivroit le calcule des Juifs, pour l’oblervai
tion du jour de la pâque, excepté que l’on la celebroit
toujours le Dimanche, Le concile de Sangar pour ôter
tout prétexte à Sabbatius, déclara, que chacun cele-
breroit la pâque tel jour qu’il voudroit : pourvû qu’il
ne fe féparât point de la communion des autres. Ce décret
des Noyatiens étoit contraire au décret de Nicée,
& à leurs propres principes ; puifqu’ils ne s’étoient fé-
parez de l’égliie, que fous prétexte de conièryer la dii-
cipline.
xxxvi. On peut auffi compter les Aériens entre les branches
aër?ens.’es des de l ’Arianifme, quoiqu’ils n’euiTent point d’opinions
zpb. htr. 7j* particulières touchant la Trinité. Leur chef fut Aërius
ami d’Euftathe de Sebafte,avec qui il avoit pratiqué la
vie afcetique. Il defiroit l’épiicopat ; & voyant qu’Eu-
ft.athe y étoit arrivé plutôt que l u i i l en conçût une
furieuiè jaloufie. Euftathe fit ce qu’il pût pour l’appaiièr,
il l’ordonna prêtre, & lui donna la conduite de foq
hôpital : & comme il murmuroit toujours contre lu i,
il lui parla & employa les careiïes & les menaces, mais
il ne put le ramener. Il quitta l’hôpital, & attira une
grande multitude d’hommes & de femmes. Comme on
leschalîoit par tout des égliiès, des villes & des villages,
ils s’aiTembloient dans les bois, dans les cavernes, en
pleine campagne, jufques à être quelquefois couverts
de neige. Aërius vivoit encore du tems que S. Epiphane
écrivoit ion traité des heréfies, vers l’an 3 76. Mais
fitr.}5. iâ fefte dura quelque rems; & S. Auguftin écrivant
du même fujet vers l’an 428* les nomme comme fubfi-
ftans. Aërius étoit tout-à-fait Arien , mais fes dogmes
particuliers fë réduifoient principalement à trois. Q u ’il
n’y a aucune différence entre l'évêque & le prêtre:
qu’il eft inutile de prier pour les morts; qu’ileftinutile
L i v r e d î î >n e ù v i e *me : ¿ i 7
de jeûner & d’obferver les fêtes , même la Pâque : traitant
tout cela d’obfervances judaïques. S. Epiphane de
foncôté traite cette hérefied’infenfée, & la réfuté principalement
par la tradition & le confentement de toutes
les églifes. Il montre la différence de l’évêque &
du prêtre, en ce que l’évêque engendre desperesà l’é-
g life , par l’ordination ; & le prêtre lui engendre feulement
des enfans par le baptême. Car le prêtre n’a
point le droit d’impofer les mains. Et comme Aërius
abufoit des paifages, où S. Paul femble prendre indifféremment
les noms d’évêquc & de prêtre : S. Epiphane
foûtient que dans les commencemens de l ’églife , les
Apôtres établiffoient tantôt des évêques & des diacres
fans prêtres, tantôt des prêtres avec des diacres fans
évêques., félon ladifpoûtion deslieux&la capacicédes
perfonnes.
En Afrique, 5 . Auguftin continuoit de combattre for- 5>
tement les hérétiques,particulièrement les Manichéens Auguftin.
qui fe ruinoient auffi par leurs divifions. Au retour d’Italie,
il arriva à Carthage avec fon ami Alypius, & lo- I .
1 / T 0 ' r , C iw r . t . i î , gea chez un nomme Innocent, autrefois avocat dans
le tribunal du Vicaire de la préfeéturc , & vivant avec
toute fa maifon dans une grande pieté. Il avcit été
long-tems traité par les médecins pour plusieurs fiftu-
le s , ôc ils lui avoient fait quantité dïncifions : mais un
finus plus profond leur avoit échappé; & ayant manqué
de l’ou v r ir , ils prétendoient le guérir par des re-
medes extérieurs. Apres bien du tems ils avoüerent
qu’il en faloit revenir à l ’incifion, de l’avis d’un excellent
chirurgien d’Alexandrie. Le malade eraignoit cette
opération, comme une mort certaine: toute la maifon
étoit dans une affliébion extrême. Il étoit vifité tous les
jours par de faints perfonages, Saturnin évêque d’Ufale,
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