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catholique Se des moeurs des Manichéens. Dans le premier
, il explique les principes de la moraleChrétienne,
montrant que i'amour de Dieu en eft l’unique fondement
&c l’ame de toutes les vertus, il finit par une peinture
de celles qui fe pratiquoient dans l’églife ; pour réfuter
les calomnies des Manichéens, par des faits in-
conteftables.
Il décrit premièrement les moines, &c entre eux les
plus parfaits, c’eft à -dire , les anaeorettes.Ceshommes,
d it- il, qui ne peuvent fe paifer d’aimer les hommes,
quoiqu’ils fepaflent de les voir; qui abfolumentfcparez
de tout le monde , fe contentent de pain 5c d’eau , habitant
les terres les plus defertes; mais converfant avec
Dieu , & heureux par la contemplation de fa beauté;
Il eft vrai qu’au jugement de quelques-uns, ils ont
trop abandonné les affaires du monde ; mais ceux-là
ne comprennent pas combien ils nous font utiles, par
leurs prières &par leur exemple. Il defcendenfuiteaux
Cenobites; qui ayant,dit-il, méprifé le monde, mènent
en commun une vie très-pure dans les prières, les lectures,
les conférences. Sans orgueil , fans opiniâtreté,
fans env ie; modeftes, paifibles & parfaitement unis.
Aucun ne poifede rien en propre , aucun n’eft à charge
à perfonnè. Ils occupent leurs mains à des travaux fuf-
fifans pour nourrir le corps, fans détourner l’efprit de
Dieu. Ils donnent leurs ouvrages à ceux qu’ils nomment
doyens, parce qu’ils en gouvernent dix ; enforte qu’aucun
n’eft chargé du foin de fon corps pour la nourriture,
le vêtement, ou les autres chofes neceifaires en fanté
ou en maladie. Ces doyens s’acquittent très-foigneufe-
ment de leur charge, ôe rendent compte à celui qu’ils
appellent pere; 5c ces peres excellans, non-feulement
par la fainteté des moeurs, mais'encore par la fçiencc
divine
L i v r e o r x -N ïu v iR ’MEr y<5>
divine fconduifent fans orgueil, avec une grande autorité,
leurs enfans qui leur obéiifent avec une affeétion
merveilleuiè.
Ils ibrtentàlafin du jour chacun de leurs demeures,
encore à jeûn , pour écouter ce pere ; & auprès de cha-
que pere, il s’anemble au moins trois mille hommes ;
car il y a même des communautéz beaucoup plus nom-
breuiès. Ils l’écoutent avec une attention incroyable en
grand filence, témoignant les fentimens que ion discours
excite, par des gemiflemens, des pleurs, ou une
joie modefte. Enfuiteon donne au corps fà nourriture,
autant qu’il Suffit pour la iànté ; uiant très-iobrement
même de ce peu de viandes très-pauvres qu’on leur
donne. Ils s’abftiennent non-feulement de chair & de
vin, mais de tout ce qui peut flatter le goût. Ce qui refte,
& il leur refte beaucoup par la grandeur de leur travail
&. la frugalité de leurs repas ; ce qui refte eft diftribué
aux pauvres, avec plus de foin, qu’il n’a été gagné; en
forte qu’ils en envoyentdes vaifiêaux chargez, dans les
lieux où il y a des pauvres. Il n’efl: pas neceflaire d’en
dire davantage d’une choie fi connue. C’eft ainfi que S*
Âuguftin dépeint les moines qui vivoient de iontems
en Orient, & principalement en Egypte; & il défie par
deux fois les Manichéens de le démentir.\ i
Il paife enfuite aux religieufes, puis au clergé. Combien
, dit-il, connois-je d’évêques très-vertueux & frès-
iaints? combien de prêtres, de diacres & d’alttres mi-
niftresde l’églife ? dont la vertu me paroît d’autant'pliis
admirable, qu’elle eft plus difficile à conferver, au milieu
de la multitude & dans une vie agitée. 11 parle.des
communautéz de religieux dans les villes. J’ai vû ,
dit-il, à Milan une habitation nombreufe de iàinrs,
gouvernée par un prêtre très-vertüeux & très-içavant,
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