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i . 8. C
indul, a
38« ° n ^ecerna auffi'tot de girofles amendes contre toutîe
corps des marchands. On en mit plufieurs aux fers pendant
toute la femaine iainte , ou l’on avoit accoûtumé
de délivrer les prifonniers, fuivant les loix des derniers
. 7ij. de empereurs, 8c une de Valentinien meme donnée cette
année 385. le vingt-troifiéme de Février. il eft vrai que
ces loix exceptent entre autres les criminels de leze-
majefte. En trois jours on exigea de ces marchands deux
cens livres pefant dor , c eft-a-dire, trois cens marcs ;
Ss ils difaient qu’ils en donneroient encore autant .
pourvu qu’ils confervaffent la foi.- Les priions étoient
*• 7• pleines demarchands. Onretenoit tousles officiers du
palais, les fecretaires »les agens de l’empereur 8c les me»
nus officiers,, qui fervoient fous divers comte.s ; on leur
defendoit de paroicre en publierions pretexte de ne fe
pas trouver dans la fédirion. On faifoit de. terribles menaces
aux perionnes, conilituécs en dignité, s'ils nelr-
yroient la bafilique. La periecution. étoit fi échauffée,,
que pour peu qu on y eut donné d’ouverture, on en pou-
voit attendre les derniers excès.
Les comtes 8c les tribuns vinrent fommeriaint Ambroife
de livrer promptement la bafilique : difant, que
I empereur ufoit de fon droit, puifque tout étoit en ià
puiffance. Il repondit : S il me demandoit ce qui fetoit
a moi-, ma terre, mon argent, je ne les refuferois pas ;
quoique tout ce qui cil à moi fait aux pauvres : mais
les chofes divines ne font pas foumifes à la puiffance de
l empereur. Si on en veut à mon patrimoine , qu’on le
prenne; fi c eft a mon corps, j’irai aurdevant. Voulez-
vous me mettre aux fers, me mener à la mort ? j’en fuis
ravi; je ne me ferai point entourer du peuple, pour me
defendre: je n’embraflerai point les autels en.demandant
la Yie; j’aime mieux être, immolé pour les. autels»
L i v r e d i x - b u i t i e ’ m e . 485
S. Ambroife parloir ainfi, parce qu’il favoit que l’on
avoit envoyé des gensarmez, pour s’emparer delà ba-
filique, 8c il étoit (aifi d’horreur, quand il penfoit qu’il
pouvoit arriver quelque maffacre,qui cauferoit la ruine
de toute la v ille , Ôc peut-être de toute l’Italie. Hexpo-
foit fa v ie , pour détourner de l’églife la haine du fang
qu’on alloit répandre. Comme on le preifoit d’appai-
fer le peuple , il répondit : Il dépend de moi de ne le
pas exciter ; mais il eft en la main de Dieu de l’adoucir.
Enfin fi vous croyez que je l’échauffe , puniffez-moi ,
ou m’envoyez en tel defert qu’il vous plaira. Après qu’il
eut ainfi parlé, ilsferetirerent. S. Ambroifepaffa toute
la journée dans la vieille bafilique; mais il alla coucher
à fa maifon ; afin quefion vouloir l’enlever »on le trouvât
prêt»
Il fortitavant Ie jo u r , 8c la bafilique fut environnée
de foldats» Mais on difoit qu’ils avoient mandé à l’empereur
,. que s’il vouloir iortir, il le pourroit 5 8c qu’ils
Faccompagneroient sfil alloit â l’ affemblée des catholiques
; autrement qu’ils pafferoientâ celle que riendroft
S. Ambroife. En effet, ils étoient tous-eatholiques, auffr
bien que les citoyens de Milan. Il n’y avoit d’hereti-
ques que quelque peu d’officiers de l’empereur 8c quelques
Goths, 8c l’imperatrice menoit par tout avec elle-
ceux de fa communion. Mais alors aucun d’eux n’ofoit
paroître. S. Ambroife comprit par le gémiffement du
peuple, que les foldats environnoient la bafilique otV
il étoit. Mais pendant que l’on lifoit les leçons , on l’avertit
que la bafilique neuve étoit auffi plèine dépeuple;,
qu’il patoiffoit plus nombreux que quand on étoiv
en liberté , 8s que l’on demandoit un leéteur. Les fol-
dàts qui entouroient l’églife où écoit faint Ambroife ,,
ayant appris l’ordre qu’il avoit donné de s’abftenir de
An. 485;.
n• 9.
X L I I .
Suite de la mê-~
me perfecutioui»' n. iu-'