
6oo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
peribnne, & trouvant les portes fermées, avec un profond
iilence, hors cette feule v o ix , ilconnut le prefage,
ibrtit fecrettementdu temple, & ayant tiouvé un va if
feau , il pafla en Italie. Peut-être avoir il inventé ce
prodige, pour colorer la fuite.
*»/. ii. c. i j. Les payens avoient répandu une opinion , que fi la
main d’un homme touchoit l'idole de Serapis, la terre
s’abîmeroit auifi-tôt, le ciel tomberoit, & le monde
reviendroit à l’ancien cahos. Cette prévention retint un
peu le peuple, après la leéture du refcrit de l’empereur :
mais un foldat par l’ordre de l’évêque Théophile, prit
tbuA. t. f.n. une COgnée & l’enfonçà dé toute la force dans la mâchoire
de Serapis. Tout le peuple jetta un grand c r i ,
Chrétiens & payens ; ils fe raflurerent, le foldat redoubla
fescoups fur le genou de l’idole; elle tomba & fut
mile en pièces. Comme on abattit la tête, il en fortir une
grande quantiréde rats: on traîna par toute la ville les
membres difperfez de l’idole, & on les mit au feu pièce
à piece ; le tronc qui étoit refté ', fut brûlé dans l’am-
phitheatre. Ainfi finit Serapis en prefence de fes adorateurs
, qui s’en moquèrent eux-mêmes.
Après l’idole on attaqua le temple, & 011 le démolit
jufques aux fondemens : c’eft-à-dire jufques à cette maf-
iè folidefur laquelle il étoit b â ti, & qui n’étoit pas facile
à détruire , à caufè de la grandeur énorme des pier-
socr. j. e. 17. res. Ce nefut donc plus qu’un monceau de ruines. On y
tm ni trouva des croix gravées fur quelques pierres : & des
Chrétiens quiconoifloient les hyeroglyphes des Egyptiens,
c’eft à dire l’écriture qu’ils tenoient pour iàcrée,dé-
couvroient que cettefigurefignifioit chez euxlaviefuru-
re. Ce fut une occafion à plufieurs payens d’embrafler le
Chriftianifme : d’autant plus qu’ils avoient une anciene
tradition , que leur religion prendroit fin quand cette
L i v r e ü i x - n e u v i e ’ m e . ¿ c i
figure de la croix paroîtroit. De-là vint que les iàcrifica-
teurs & les miniftres des temples fe convertilïoient les
premiers, comme les mieux inftruits. Chaque maiibn
d’Alexandrie avoit des buftes de Serapis contre les murailles,,
aux portes, aux feneftres : on les ôta tous, iàns
qu’il en demeurât même de marque , ni d’aucune autre
idole ; 8c on peignit à la place-la figure delà croix.
On gardoit dans ce temple la mefure de l’accroifle-
ment du N i l , que les païens attribuoient à Serapis ; &
l ’empereur Julien l’y avoit fait reporter. Les païens di-
foient donc, qu’il n’y auroit plus d’inondation ; mais
elle fut plus grande , qu’elle n’avoit été de mémoire
d’homme. O n remit cette mefure dans l’églife, où Con-
ftantin l’avoit déjà fait porter. Quand Theodoiè apprit
ce qui s’etoit pafle à Alexandrie, particulièrement à l’oc-
cafion de la mefure du N i l , il leva les mains au ciel, &
d it , tranfporté de joie : Je vous rends grâces , J é su s ,de
ce qu’une fi ancienne erreur eft abolie, iàns que cette
grande ville ioit renverfee. Quelques années après le
Nil monta plus tard qu’à l’ordinaire. Les païens s’en
prenoient à la défenfe qu’on leur avoit faite, de lui là-
crifier iîiivant leur ancienne coutume. Le gouverneur
les voyant prêtjà la iedition, en informa l’empereur, qui
répondit : Il faut prefererla religion aux eaux du N i l ,
& à l’abondance qu’elles produiiènt : que ce fleuve ne
coule jamais, s’il faut pour l’attirer des enchantemens
& des làcrifices iànglans. Peu de tems après le Nil déborda
tellement, qu’il montoit encore après être arrivé
à la mefure la plus haute. Alors on craignit qu’Alexandrie
ne fût inondée , & les païens s’écrièrent dans les
théâtres, que le Nil étoit fi vieux, qu’il nepouvoitplus
retenir fes eaux. Plufieurs fe convertirent à cette occafion.
Tome l F , G g g g '
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Sup. liv. xv.». j
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