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lin. XII.»*
3 8 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
iàvoir comment. C ’étoit le matin , & le tems étoit fort
obicur ; mais il-tôt que l’empereur & S.Grégoire eurent
palfé la baluftrade pour entrer dans le fanétuaire, & que
tout le peuple fidele eut commencé à élever la voix & les
mains pour loüer Dieu , le nuage fe diflipa , & toute
l’égliic fut éclairée d’une très-vive lumière; ce qui réjouit
le peuple catholique.
Alors prenant courage, ils crièrent de toute leur force
, demandant à l’empereur de leur donner pour évêque
iàint Grégoire, Sc de rendre leur joie parfaite : les
magiftrats le demandoient comme le peuple ; les femmes
mêmes crioient du haut des galleries, excédant un peu
leur modeftie ordinaire. S. Gregoite fi furpris, qu’il
n’avoir pas la force de parler , leur fit dire par un des
prêtres qui étoient aiîis auprès de lui : Arrêtez , mes
amis, retenez vos cris, il ne s’agit à prefent que de rendre
à Dieu des actions de grâces, nous aurons du tems pour
les affaires plus importantes. A ces paroles, le peuple battit
des mains, charmé de ià modeftie; & l’empereur iè
fe retira après lui avoir donné des loüanges. Ainfi iè
. termina cette aifemblée ; & il ne falut autre violence
pour retenir le peuple heretique, que tirer une ièule épée
Sc la remettre au fourreau. Mais quoique S. Grégoire
eût refufé ce premier jour des’affeoir furie fiege épiico-
p a l, il fut enfuite placé, malgré lu i , par le zele du peuple
, & il eut peine à le pardonnera les meilleurs amis,
regardant cette aétion comme irreguliere. Car quoiqu’il
n’eût point d’églife, & que celle de Conftantinople
fût vacante , il y avoit un canon du concile d’An-
tioche, qui défendoit à un évêque vacant de s’emparer
d’une égliiè vacante, finis l’autorité d’un concile légitime.
De plus l’ordination de Maxime le Cynique , toute
illégitime qu’elle é to it, ne laiifoit pas de caufcr quel-
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que embarras : donnant au moins un prétexte de chicane
aies ennemis. Or il avoit une attention particulière à
les épargnerdoin de les aigrir en profitant du tems& de la
faveur du prince , il cherchoità les adoucir &les convertir.
Il délivra les uns des peines que le reproche de leur
confidence leur faifoit craindre : il aiïifta les autres dans
leurs beioins.
Le jour même que Theodoiè l’avoit mené dans l’é-
gliiè , comme il étoit couché dans ià chambre accablé
de travail & de foibleffe , quelques-uns du peuple y entrèrent
; & après y avoir fait leurs complimens, & rendu
grâces à Dieu & à l’empereur, qui leur avoit donné
une fi heureufe journée, ils iè retirèrent. Mais il apper-
çut entr’eux un jeune homme pâle , avec des cheveux
longs, vêtu comme les perfonnes affligées : il en fut effrayé,
& avança les 'pieds hors de fon lit pour fe lever.
Comme les autres s’enalloient, ce jeune homme fe jetta
promptementà lès pieds, iàns parler , & comme faifi de
crainte. Saint Grégoire lui demanda qui il é to it, & ce
qu’il vouloit : mais iàns rien répondre, il crio it, il ge-
m iiloit, & iè tordôit les mains de plus en plus. Ceipec-
tacle tira des larmes à iàint Grégoire: Et comme ce jeune
homme n’entendoit point raifon, on le tira de force
d’auprès de lu i , & un des affiftans dit : C’eft un meurtrier,
qui vous auroit égorgé , iàns la proteétion de
Dieu ; il vient lui-même s’accuièr, & ià confidence eft
ion bourreau. Saint Grégoire attendri par ce diieours,
dit au meurtrier : Que Dieu te conferve ; je dois bien te
traiter humainement , puifqu’il m’a confervé moi-
même. Tu es à moi par ton crime , prends garde de
devenir digne de Dieu & de moi, Cette aélion s’étant
répandue, adoucit extrêmement toute la ville à l’égard
de iàint Grégoire..
xtir.
Conduite de'
S. Grégoire de
Nazianze.
Carm. i- p. i z * D'F.zi'Bo