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la commodité des voitures publiques; enfbrte qu’étant
mairie d un chariot, il lui ièrvoit, & à ceux qui l’accom-
pagnoient, d egliic & de monaftere; ils y chantoient
les pfeaumes pendant le chemin, & y obfèrvoient les
jeunes. Il vifita Bethléem, le Calvaire, le S. Sepulcre ,
le mont des Olives. Mais au refte, il fut peu édifié des
habitans du pais,dont il tçmoigne que les moeurs étoient
tres-corrompuës, & que toutes fortes de crimes y re-
gnoient, particulièrement les meurtres. C’eft pourquoi
étant depuis confulte parunfolitairedeCappadoce,fur
de pelerinage de Jerufalem ; il déclare qu’il n’approuve
point que les perfonnes qui ont renoncé au monde &
embrafle la perfection chrétienne,entreprennent ces fortes
de voyages. Premièrement parce qu’il n’y a aucune
obligation, puifque N .S. n’en a rien ordonné dans l’é-
vangile; enfuite , parce qu’il y a du danger pour ceux
qui fe propofent la vie parfaite. La folitude & la fepara-
tion du monde leur efl neceflàire, pour garder la pureté
&fuir la rencontre des perfonnes de différent fexe. C’efl
ce qu il efl impofïible d’obfèrver dans les voïages. Une
femme, dit-il, ne peut voyager fans quelque homme quî
1 accompagne , pour lui aider à monter & à defeendre
de cheval, & la foutenir dans les mauvais pas. Soit un
ami, foit un mercenaire qui lui rende ces fèrvices, il y
a toujours de l’inconvenient. Dans les hôtelleries & les
villes d Orient, il y a une grande liberté & une grande
facilité de mal faire. O n y trouve des objets capables de
fàlir les yeux & les oreilles, & par confequent le coeur. Si
la pureté des moeurs eft une marque de la prefènee de
Dieu, il faut croire qu’il habite plutôt en Cappadoce
qu ailleurs ; & je ne fài lîon pourroit compter dans touc
le refte du monde autant d’autels élevez en fon honneur.
Conièillez donc à vos freres de fortir du corps pour al-
L iv r e d ix -se p t ie ’ me.' 3^3
1er au Seigneur, piûtôt que de fortir de Cappadoce pour
aller en Paleftine. Voilà le fentiment de faint Grégoire
de Nylfe fur les pèlerinages. Il ne les blâme point en général
, & il avoit fait lui-même celui dont il s’anit ; mais •« . o '
il en reprefente les inconveniens, qui ont été remarquez
par les perfonnes fàges de tous les fiécles.
De toutes les églifes d’Orient, celle de C. P. étoit la
plus défolée. Les Ariens y dominoient depuis quarante
ans : plufieurs autres herefles y avoient cours ; & le peu
qui y reftoit de catholiques, étoient fans pafteur: car
Evagre, qu’ils élurent en 3 70. après la mort de l’Arien
Eudoxe,fut aufïl-tôt banni par Valens. Perfonne 11eparut
plus propre à relever cette églifè, que faint Grégoire
ffe Nazianze; fà vertu, fà doétrine, & fon éloquence,
lui avoient acquis une grande réputation. Il étoit évêque
mais fans églife : car il n’avoit jamais gouverné celle de
Safime, pour laquelle il avoit été ordonné; & il 11’avoit
gouverné celle de Nazianze , que comme étranger, en
attendant qu’elle eût un évêque. Il l’avoit même quittée
depuis fix ans, & vivoit en retraite au monaftere de
fàinte Thecle en Seleucie. Les catholiques de C. P. de-
firerent donc de l’appeller, pour prendre foin de leur
églifè abandonnée : les évêquts entrèrent dans ce de f
fein, & fes meilleurs amis l’en prefferent, entre les autres
, Bofphore, évêque de Colonie.
Saint Grégoire eut bien de la peineà quitter fà chere
folitude, où il vivoit détaché de tout, & goûtoit les douceurs
de la contemplation celefte. Sa réfiftancefut telle,
que tout le monde s’en plaignoit. O n lui reprochoit d’avoir
quitté Nazianze : o n l’accufoit deméprifèr les intérêts
de l’églife : on lui reprefentoit qu’elle étoit menacée
de nouvelles attaques ; & on parloit d’un concile, qui fè
ffevoit tenir à C. P. pour établir l’herefie d’Apollinaire,
L.
S• Grégoire de
Nazianze àC.P*
Carm de vit*
p. 10. A .
S u p ,x v i,n , 1 j .
Sup. x v t . n. j k
Socr. v* c* 6.
Greg.ep.xit.ep.
De epif. to. i.p .
301. C.
3p» !+•
Carm. 1. p. 10» C.
Or.i^.p.^^.A.