
Sup. I. x r . ».
xxxy.
Perfccution en
Egypte.
ZI4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j h . ’
ta dansle trône epifcopal,commepourprêcher. Il commença
en effet a haranguer en termes infâmes , enfei-
gn an t1 impiété , loiiant la débauche, l ’impudicité , les
excès de bouche, le larcin ; & prétendant montrer l’u-
tihte de tous ces crimes, en dérifion de la morale chrétienne.
Quelque temps après Lucius arriva d’Antioche avec
Euzoïus & le comte Magnus. Lucius étoit d’Alexandrie
, 6c avoit ete ordonné prêtre par le faux évêque
Geoige ; a qui les Ariens l’avoient deftinépour fuccef-
leur. Ils voulurent faire approuver leur choix par l'empereur
Jovien,qui rejetta Lucius avec mépris. Enfuite
i fu t facré eveque à Antioche on ailleurs hors de l’Egypte
: aiant acheté 1 epifeopat, comme une charge fecu-
-liere. Magnus etoit tréforier de la maifon de l’empereur,
qui aiant brûle l’églife de Beryte fous le regne de Julien
avoit été obligé du temps de Jovien à la rebâtir à
les dépens -, encore en avoit-ilpenfé perdre la tête. Lucius
vint donc prendre poffeifion de leglife d’Alexandrie
, accompagné du gouverneur PallÎde , du comte
Magnus, de leurs appariteurs & leurs foldats ; & d’une
troupe de païens qui lui appIaudïffoient,& lui difôient
en face : Tu es le bien venu évêque , qui ne reconnois
point le fils : Serapis te favorife , & t’a conduit ici. .
En mênrn temps le comte Magnus fit prendre dix-
neuf,ram prêtres que diacres,dont quelques-uns avoient
plus de quatre-vingt ans ; & les àïant fait amener devant
fon tribunal,comme des criminels , il leur difoit à
haute voix : Cedez miferables, cedez à l’opinion des
Ariens. Quand votre religion feroit véritable , Dieu
vous pardonnera d’avoir cedé-à la ncceffité. Il ajoûtoit
d un côte les prome ffes de la part de l’empereur, & de
autreles menaces. Ils lui répondirent : Ceffez vous--mn ême
de vouloir nous épouvanter par de vains difeours.
Nous n’adorons pas un Dieu nouveaumous ne croïons
pas qu’il ait jamais été fans fageffe,que tantôt il foitpe-
re,&tantôt il ne le foit pas, ni que le fils foit temporel.
Nos peres affemblez à Nicée,ont anathematifé cette erreur,
en confeffant que lefilseft confubftantiel au j^ere.
Après qu’ils eurent ainfi parlé, le comte Magnus les fit
mettre en prifon,&les y retint plufieurs jours, efperant
les faire changer. Enfuite il les fit foiietter & tourmenter
en prefence du peuple qui gémiiToit : puis aïant fait
drefferfon tribunal dans un bain public proche du port,
entouré de Juifs & d’infideles apoftez pour crier contre
les faintsconfefl'eurs ,i l les condamna au banniffement;
ôc les envoïaà Heliopolis de Phenicie, dont tous les ha-
bitansétoientidolâtres, & ne pouvoient même fouffrir
le nom de J, C . Il les fit embarquer furie champ , les
preffant lui-même l’épée à la main : fans leur donner le
temps de prendre les chofes neceffaires : fans attendre
que la mer qui étoit agitée devînt calme , & fans être
touché des cris & des larmes de tout le peuple catholique.
.
Le préfet Pallade fit mettre en prifon plufieurs per-
fonnes qui ofoient pleurer : Sc après les avoir déchirez
de coups, il les envoïa travailler aux mines : ils étoient
au nombre de vingt-trois, moines pour la plupart. Avec
eux on prit le diacre que le pape Damafe avoit envoie
de Rome , pour porter fes lettres à l’archevêque Pierre.
Il fut mené publiquement par les bourreaux, les mains
liées derrière le dos ; & après avoir fouffert quantité de
coups de foiiets , de pierres & de lanieres plombées ; il
s’embarqua avec les autres ,fans autre provifion que le
fignedela croix qu’il fit fur fon front ;& fut conduit aux
mines de cuivre de Phenneffe. On fit mourir dans les