
An. 3<ía.
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X L Î .
L’eir.pereur o-
àiçux à Antioche.
A m m .x x i i .c . 14.
Jfilian. Mifopog.
p . 108.19$.
Liban, orat. f u .
Tieb.p. 306.
Socr. I l I . c. 17.
éfi&i y. f . J9-
S4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fur les parties malades, pour attirer les vers au dehors ;
mais ils fe cachoient dans le fond ,& rongeoient jufqu’à
la chair vive. Cependant les excremens fortoient par la
bouche, n’aïant plus leur cours ordinaire. Sa femme qui
étoit chrétienne &c illuftre pour fa pieté, lui difoit : Il
faut loiier le Sauveur J. C . de ce qu’il vous montre fa
puiifance par ce châtiment : vous n’auriez pas connu qui
eft celui que vous avez attaqué, s’il avoit ufé de fa patience
ordinaire. Le comte Julien touché des difcours
de fa femme & de fes propres fouffrances, pria l’empereur
de rendre l’églifè aux Chrétiens ; mais il ne le per-
fuada pas, & mourut en cet état. Le tréforier Félix fu t
auffi frappé de Dieu, & mourut fubitcmentun peu avant
le comte Julien, jettant jour & nuit le fang par la bouche.
Ces deux morts parurent de mauvais augure au peuple
idolâtre j & voïant dans les infcriptions publiques
faites à l’honneur de l’empereur , ces trois mots latins ,
Félix Juliams Attguftus : ils çoncluoient que l’empereur
marqué par Je dernier mot, fuivroit bien-tôt les deux autres
, & lui-même en étoit épouvanté. C ’étoit au commencement
de l’an 3 63. où il fe fit confuí pour la quatrième
fois , & avec lui Sallufte prefet des Gaules.
Julien s’étoit rendu odieux au peuple d’Antioche, à
force de vouloir être populaire. Incontinent après qu’il
y fut entré , la populace cria dans le théâtre,fe plaignant
de la cherté des vivres : les officiers de la ville lui montrèrent
clairement qu’on ne pouvoit faire alors de diminution
, ô£ que fa cour & les troupes qui le fuivoient |
devoient plutôt faire enchérir les denrées. Mais il étoit
opiniâtre , & ne démordoit point de ce qu’il avoit entrepris.
Il fixa donc le prix du bled à un fol d'or pour
quinze boiffeaux ; & commença le premier à faire porter
au marché le bled que l'on avoit apporté d’Egypte
L i v r e q j j i n z i e ’ m e . 83
pour fa provifion. Les principaux de la ville pour pro-
fiter de l’occafion , achetèrent ce bled , &c au lieu d’ap- | 3 2"
porterie leur à Antioche, le vendirent à la campagne à
plus haut prix : les marchands fe retirèrent, & en peu
de tems la difette &c la. cherté fut plus grande que devant.
L’empereur irrité , fit venir dens fon palais tous
les officiers de ville , leur fit des reproches vehemens,
les mit en prifon : mais incontinent après il les renvoïa
chacun chez eux. Ainfi il mit toute la ville contre lui :
les riches qu’il avoit maltraitez , & le peuple qui fouffroit
la difette.
Comme ils étoient railleurs, ils fe vengerent en fe
mocquantdefon extérieuraffeété & de fes fuperftitions.
Ils difoient que l’on pouvoit filer fa barbe & en faire
des Cordes : qu’il s’efforçoit d’élargir les épaules , & de
marcher à grands pas pour imiter les héros d’Homere ,
malgré fa petite taille:que c’étoit un facrificateur & un
viètimaire plûtôt qu’un prince. Enfin ils fe plaignoient
qu’il faifoit la guerre au C h i , ç’eft-à-dire à Chrift ; &c f 9S'
ils regrettoient le C appa, c’eft à-dire Gonilantius-: mar- p*g. IOI.
quant ces noms par les premières lettres. Ils, faifoient
ces railleries dans les maifons & dans les places publiques
, & en compoferent des chanfons en vers ana-
pefles.
Julien ne leur donnoit que trop de prife. Il facrifia
une fois dans le temple de Jupiter , puis dans celui de as-
la Fortune , &c dans celui de Cerés : plufieurs fois àD a -
phné. A la fête des Syriens, il retourna au temple de
Jupiter Philien , c’eft-à-dire proteéteur de l’amitié. La
fête qu’ils nommoient commune étant arrivée , il retourna
au temple de la Fortune ; & aïant laiifé paifer
un jour malheureux , il retourna faire des voeux foleni-
nels à Jupiter Philien. Il ne prifoit pas moins letitre de