
A n . 3 62 . .
f V I I I .
Confelïïon de
Cefaire.
Greg. N a z . to. io .
f . U y 164. & c .
Id.ep. 17.
10 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
quelles ils étoient reçus par tous les Chrétiens avec toute
forte de charité. Mais Julien n’eût pas le temps d’exe-
cutertous ces beaux delfeins.
Cependant il s’efforçoit de perfuader tout ce qu’il
pouvoit de Chrétiens, par les bienfaits, les honneurs,
les promettes, les careiTes : defeendant jufqu a des flate-
ries indignes de fon rang. Il attaqua entre les autres C e-
faire frere de S. Grégoire de Nazianze , qu’il trouva à la
cour de C . P. exerçant la medecine avec une grande con-
fideration. Il avoir étudié à Alexandrie, non feulement
la medecine, mais la geometrie, l’aftronomie,, la phi-
lofophie &c l’éloquence. Etqnt ven uàC. P. fon mérité &
fon extérieur avantageux lui attirèrent l’eftime de tout le
monde. Pour l’y arrêter on lui offrit des honneurs p u blics,
une alliance noble , & la dignité de fenateur. La
ville envoïa une députation à l’empereur Conftantius,
pour le fupplier d’y arrêter Cefaire en qualité de médecin
: ce que l’empereur accorda. Il vivoit noblement à
la cour, exerçant fa profeffion gratuitement, chen des
grands & de l’empereur même. Toutefois il ne fe laiiToit
ni ébloüir par les honneurs, ni amolir par les délices ; &
comptoir toûjourspour foneapital d’être Chrétien. Souvent
même il foutint la vérité de la religion par des dif-
cours fubtils, fervens & pieux.
Quand Julien fut parvenu à l’empire, Cefaire demeura
quelque temps à fa cour : ce qui caufa un grand fean-
dale4 S. Grégoire fon frere lui en écrivit en ces ter/nes:
Vous nous couvrez de confufion: Je voudrois que vous
puifiez entendre ce que difent de vous, ceux de la famille,
les étrangers & tous les Chrétiens qui nous con-
noiilent. Voir les fils d’un évêque fervir à la cour , defi-
rer la puiffance & la gloire feculiere, fe lailfer- vaincre
à l ’intérêt , & ne pas compter pour toute la gloire &
f
L i v r e q j i i n z i e ’ me . M
pour toute richelfe, de refifter courageufement en Cette
occafion, & de fuir au plus loin toutes les abominations.
Comment les évêques pourront-ils exhorter les autres à
ne pas ceder au temps, ni fe laiifer entraîner dans l’idolâtrie
? comment pourront-ils reprendre les autres pécheurs,
s’ils n’oient corriger leurs propres enfans ? Mon
pere eft fi affligé, que la vie lui eft infupportable ; & je
ne le confolois qu’en me rendant caution de votre foi :
& 1 affûtant que vous çefferiez de nous affliger. Pour ma
mere on n’ofe lui dire cette nouvelle, & on emploie
mille inventions pour la lui cacher : la foibleffe de fon
ièxe & 1 ardeur de fa pieté la lui rendroit infupportable.
Profitez de cette occafion, vous n’en aurez jamais une
plus belle de vous retirer.
Cette lettre ne fut pas fans effet, & Cefaire ne trompa
point l’efperance de fon frere. Julien qui l’eftimoit pour
fon efprit & fa dodtrine, fit tous fes efforts pour le gagner
-, & l’attaqua par des difeours artificieux devant un
grand nombre de témoins. Mais Cefaire repouffa tous
fes artifices, comme des jeux d’enfant, &protefta à haute
voix qu’il étoit Chrétien, & qu’il le feroit toûjours.
Julien s’écria : O l’heureux pere ! ô les malheureux en-
fans ! fçaehant que Grégoire qu’il avoit connu à A thènes
, ne lui étoit pas moins oppofé ; & referva de s’en
venger après la guerre dePerfe. Cependant Cefaire quitta
la cour, & fe retira chez fon pere en Cappadoce, par un
exil volontaire & glorieux.
Julien pervertit un grand nombre de foldats & d’offi
ciers de fes troupes : les uns ambitieux &c intereffez, les
autres foibles dans la fo i, qui n’avoient pour loi que la
volonté du prince. C ’étoit une ancienne coûtume d’adorer
, non feulement les empereurs, mais encore leurs
images ; & cette adoration n’étoit qu’un honneur c iv i l ,
C iij
A N. 3 6 z.
Or. î o .p . 16 7. C .
IX .
Confellîon de foldats
Chrétiens.
G r e g .N a z , or. J.
? SJ-8+.