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38 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fa do&rine : ils le dépoüillerent premièrement, & le
foiietterent par tout le corps : enfuice ils le jetterent
dans les cloaques infects ; & l’en aïant retiré, ils l’aban-
donnerentàla mulcitude des enfans , leur commandant
de le percer fans mifericorde des ftilets dont ils
écrivoient. On lui ferra les jambes avec des cordes juf-
ques aux os : on lui coupa les’ oreilles avec du fil fort
Sc délié. Après cela ils le frottèrent de mie l, Si le mirent
dans un panier fufpendu en l’air au fort de l’efté à midi
au plus grand fo le il, pour attirer fur lui les guefpes
& les abeilles. Us le tourmentoient ainfi, pour l’obliger
a rebâtir le temple qu’il avoir abattu , ou du moins à.
en payer les frais : mais il foufifrit tout fans jamais vouloir
rien promettre. Et comme ils crurent que fa pauvreté
le mettoit hors d’état de trouver une fi groife
femme, ils lui en remirent la moitié : mais loin de leur
rien accorder, il les railloit encore fufpendu, comme
il étoit , Si percé de coups : leur difant qu’ils étoient
bas Sc terreftres, Si lui celefte Si élevé. Ils fe reduifirçnt
a lui demander une petite partie de la dépenfe de ce bâtiment
:.mais il leur dit qu’il y avoit autant d’impieté
à donner une obole qu’à donner tout. Enfin ils le laif-
ferent aller, vaincus par fa patience ; & dans la fuite ils
reçurent même de fa bouche les inftruétions de la véritable
religion. La confiance de cet évêque frappa te lle ment
le préfet du prétoire qui étoit païen, qu’il dit à
Julien : N ’eft-il pas honteux, Seigneur, que les Chrétiens
foient tellement au-deflus de nous, Sc que nous
ferons vaincus par un vieillard , qu’il ne feroit pas même
glorieux vaincre ?
Les temples abattus étoient un prétexte général de
perfecuter les Chrétiens ; car Julien avoit ordonné de
lès rebâtir par tout à leurs dépens : mais il fembloit
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que Marc d’Arethufe dût être épargné en particulier,
puis qu’il avoit été un des évêques qui avoient fauvé
Julien au commencement du regne de Confiantius, en
le cachant lors que toute fa famille fut en péril. Aurefte,
Marc d’Arethufe avoit toujours été du parti des Ariens,
ou du moins des Demi-Ariens, entre lelquels il s’étoit
fignalé : mais les loüanges que lui donne S. Grégoire de
Nazianze , qui fans doute le connoiffoit parfaitement,
donnent fujet de croire qu’il étoit alors dans la communion
de l’églife.
A Heliopolis en Phenicie près du mont Liban, étoit
un diacre nommé Cyrille, qui du temps de Conftantin
avoit brifé plufieurs idoles. Les païens en avoient gardé
un tel reflentiment, qu’ils me fe contentèrent pas de le
tu e r, mais ils lui fendirent le ventre Sc mangèrent de
fon foïe. La punition divine éclata fur tous ceux qui
avoient pris part à cette inhumanité. Les dents leur tombèrent
toutes à la fois : leur langue fe corrompit, Si ils
perdirent la vue- En la même ville d’Heliopolis des vierges
confacrées a Dieu , qui ne fe laiffoient voir à per-
lonne, furent produites en public dépoiiillées, expo-
fées nues à la vue Si aux infultes de tout le peuple. Ils
leur raferent la tête , leur ouvrirent le ventre & y jetterent
de l’orge qu’ils firent manger â des pourceaux ,.pour
les engager i leur dévorer les entrailles avec le grain qui
les couVroit. On croit que ce qui les anima d’üne telle
fureur contre ces vierges, c’eft que Conftantin leur avoic
défendu de proftituer leurs filles, comme ils avoient accoutume
, lors qu’il y fit bâtir la première égüfe , après
avoir ruiné le.temple de Venus.
A Gaze & à Afcalon en Paleftine on exerça les mêmes
cruautez fur des prêtres & des vierges : de leur
fendre le ventre, & d’y faire manger de l’orge aux pour-
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Greg. N a z . or.
p .9 0 . C .
Sup. l i v « xir. n * t.
Theod. III. c. 7.’
S o z o m .v .c . io .
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X V I I I .
Martyrs à Gaze.
Theod. 1 1 . c. 7 .