
A n . 3 9 2 .
XXXIII.
Mort de Va-
lentinicn Eugène
empereur.
P tul. vita Am-
brof.n. 16.
Ambr. de ob.
Valent, n. 1.
Jd. ef>. y 7 n. y.
De ob, H»/. ».
x i . n» z.
n. 4.
15 . & 14*
71.15«
Taul.vit.n. 30.
Ambr. tpifî-Sî
n. z%
Thilojf'TU't. 1
O r o f ,s ii.e 35
*»/ n. 31
¿ 10' H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
chéri des Romains & refpeébé des barbares.
Il étoit en Gaule, quand le fenar de Rome députa
vers lui, pour lui demander encore une fois le rétablit-
fement des privilèges, que fon frere Gratien avoit ôtez
aux temples des idoles. Mais il le refula abfolument,
quelque inftance que fifTent les payens qui l’environ-
noient. Il apprit vers le même temps, que du côté de
l’Illirie les barbares menaçoient les Alpes. Il voulut donc
quitter les Gaules, pour feeourir l’Italie, & donna les
ordres neceifaires pour arriver à Milan. Le feul bruit de
fa marche fit retirer les barbares, tant ils le refpeéboienr.
Ils rendirent même les captifs, s’exculànt qu’ils n’avoient
pas fçu qu’ils fulTent Italiens. S. Ambroiiè avoit promis
au préfet & aux autres magiftrats, d’aller trouver l’empereur
pour le prier de feeourir l’Italie : mais il s’arrêta,
foachant que l’empereur venoit de lui-même. Valenti-
nien, qui étoit encore à Vienne, lui envoya un filen-
tiaire : c’étoit un officier de là chambre; & lui écrivit
de le venir trouver en diligence, voulant qu’il fût caution
de fa bonne-foi envers le comte Arbogafte : car ce
comte avoit beaucoup de relpeét & d’amitié pour faint
Ambroife. Pour le prelfer, il âjoûtoit qu’il vouloir être
baptifé de fa main, avant que de paifer en Italie. Ce n’eft
pas qu’il n’y eut en Gaule des prélats d’une grande làin-
teté, comme faint Martin, làint Viétrice de Roüen, iàint
DelfindeBourdeaux: mais il avoit une confiance particulière
en S. Ambroife, & le regardoit comme lôn pere.
Depuis qu’il eut envoyé vers lui, il fut dans une continuelle
impatience. Le illentiaire étoit parti le loir, &dès
le matin du troilléme jour, il demaridoit s’il étoit revenu;
mais ce jour fut le dernier de Valentinien. Car
. après le dîner, comme il étoit feul à Vienne, le joüant
fur le bord du Rône dans l’enceinte de fon palais, 8ç
L i v r e d i x - n e u v i e ’ m e . 6 1 1
que lès gens étoiejit allez dîner,Arbogafte le fit étran- ^ 2 .
gler par quelques-uns de fes gardes: qui enfuite le pendirent
avec fon mouchoir, pour faire croire qu’il s’é-
toit tué lui-même. Ce jour étoit le làmedy quinzième Epifb.
de May , veille de la Pentecôte, fous le confulat de l8,
l’empereur Arcade, pour la féconde fois, & de Ruffin,
c’eft-à-dire, l’an 35*1. Valentinien n’avoit gueres que
vingt ans quand il fut tué, 8c en avoit régné dix-
fept.A
rbogafte ne pouvant lui-même prendre le titre
d’empereur à caule de là naiflance, le donna à un nommé
Eugene : qui étoit homme de lettres, & après avoir
enfeigné la grammaire & la rhétorique , étoit devenu
iècretaire de l’empereur , & avoit acquis de l’eftime
par fon lavoir & fon éloquence. Il favorifoit les payens,
& donnoit grande créance aux prédiébions des aruipi-
ces & des aftrologues. C ’étoit proprement Arbogafte SfipJ,Ê ibn
qui regnoit fous ion nom. On fit les funérailles de Va- De obit. Val•
lentinien le lendemain de là mort, jour de la Pentecôte; " 'l6'
& on emporta le corps à Milan, pour y être inhumé.
S. Ambroilè apprit en chemin cette trifte nouvelle qui T^ 'f
le fit retourner fur fes pas ; & ayant reçu les ordres de
Theodolè, touchant la fepulture de Valentinien, il le
fit mettre dans un tombeau de porphire, auprès de ce- ..
lui de Gratien, & prononça fon oraifon fúnebre, en
prefence de lès deux loeurs Jufta & Grata : la troilléme
étoit l’imperatrice Galla femme de Theodolè. Jufta 8c
Grata demeurèrent vierges. Dans ce difeours, làint Am-
broilè déplore la mort de Valentinien, avec la tendrelFe
d’un pere; 8c confole ainfi lès ibeurs de ce qu’il n’avoit
pas reçu le baptême: Dites-moi quelle autre chofe dé- n
pend de nous, que de vouloir ou de demander ? Il y
avoir long-temps qu’il fouhaitoit d’être baptilé, 8c
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