
A n > -7V politiques, en faveur de la paix & de la tranquilité publique.
Alors tout le peuple éleva fa voix en le demandant
lui-meme pour eveque. On dit que ce fut un enfant
qui commença à crier trois fois : Ambroife évêque
; 8c que le peuple fui vit, répétant avec joie le même
cri. Ce qui eft certain, c’eflrque tous les efprits furent
réunis, comme par miracle, & que tous, Ariens
8c catholiques, s accordèrent a le demander, quoiqu’il
ne fut encore que catecumene.
7 Ambroife extrêmement furpris, fortit de leo-lifc, fie
préparer fon tribunal, & contre fa coutume, fit donner
la queftion a quelques accufez, afin de paroître un ma-
giftrat fevere jufques a la cruauté. Mais le peuple n’y
fut point trompe, 8c crioit : Nous prenons fur nous ton
péché. Il retourna troublé dans fa maifon, 8c voulut
faire profeffion de la vie philofophique : mais on l’en,
détourna -, 8c pour fe décrier auprès du peuple, fon zele
encore peu éclairé le porta jufques à faire entrer chez
lui devant tout le monde des femmes publiques : mais le
».s. peuple crioit encore plus fort:N ous prenons fur nous
ton péché. Voïant donc qu’il n’avançoit rien, il voulut
s enfuir. Il fortit de la ville au milieu de la nuit, perrfant
aller à Pavie : mais il fe trouva le matin à la porte de
î^Üan 3 H H P aPPcllok k pone Romaine. Le peuple
l’aïant retrouvé , lui donna des gardes. On envoïa à
l’empereur Valentinien une relation de ce qui s’étoit
Çaife, le priant de confentir a fon ordination : ce qui
etoit neceifaire a caufc de la charge dont il étoit revêtu.
L ’empereur qui étoit alors-à Treves, dit qu’il étoit ravi ’
que celui qu il avoit envoie juge fût demandé pour
eveque , 8c commanda quil fut ordonné au plûtôt :
ajoutant que cette réunion fubite des efprits diviiez,
ne pouvoit venir que Dieu. Pendant que l’on atten-
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doit la réponfe de l’empereur, Ambroife s’enfuit encore,
& fe cacha dans la terre d’un nommé Leonce, du rang
des clariffimes. Mais la réponfe étant venue, Leonce
lui-même fut obligé de le découvrir. Car le vicaire d’Italie
étant chargé de tenir la main à l’execution de ce
referit, fit afficher une ordonnance qui enjoignoic à
tout le monde de découvrir Ambroife fous de groifes
peines. Etant donc découvert &amenéà Milan, il comprit
que c’étoit la volonté de Dieu qu’il fut évêque, 8c
qu’il ne pouvoit plus s’en défendre.
Comme iln’étoit encore que catecumene, il demanda
d’être baptifé par un évêque catholique, craignant
fort de tomber entre les mains des Ariens. Etant baptifé,
il fit encore tous fes efforts pour retarder fon ordination,
afin de ne pas violer la réglé, qui défend
d’ordonner un neophite. Mais comme la raifon que
donneS. Paul de cette réglé, eft de peur que le neophite
ne s’enfle d’orgueil ; l’humilité d’Ambroife 8c le
befoin preffant de l’églife perfuaderent de s’en difpen-
fer. Seulement on lui fit exercer toutes les fonôtions ec-
clefiaftiques,.& il fut ordonné évêque le huitième jour
après fon baptême, qui fut comme l’on croit le feptié-
inc de Décembre l’an 374. Tout le peuple eut une extrême
jore de fon ordination, 8c tous les évêques d’Oc-
cident 8c d’Orient l’approuverent. Il pouvoit alors avoir
trente-quatre ans.
Si-tôt qu’il fut évêque, il donna à l’églife ou aux pauvres
tout l’or 8c l’argent qu’il avoit. Pour fes terres il les
donna à l’églife, en refervant l’ufufruit à fa foeur Mar-
celline qui demeuroit à Rome, & avoit fait voeu de virginité
entre les mains du pape Libéré. Il chargea fon
frere Satyre , qui l’étoit venu voir à Milan, du gouvernement
de fa maifon. Ainfi dégagé de tous les foins
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1.
Paul, n 38.
Ambr. 111. de
virg. c. 1.
De excef. Sfityri
n . 10.