
A n . 3^4.
i l r .c.Crejc.
e. 1 3 % c. 19.,
LV.
Amitié de S.
Auguftin avec
S. Paulin.
l.K e tr . e. 11 .
Ap Aug.ep.
14.
% 15*
H i s t o i r e E c c i e s i a s t i q u e .
damna Maximien abfent, & Emeritus évêque de Ceià-
rée en Mauritanie, diéta la ièntence en ces termes.
Comme par la volonté de Dieu tout - puiiïant & de
ion Chrift, nous tenions le concile dans la cité de Ba-
gaïa , il a plu au S. Efprit qui eft en nous ,d’afturer une
paix perpétuelle , & de retrancher les fchiimes iacrile-
ges. Ér enfuire : Maximien rival de la fo i, adultéré de
la vérité , ennemi de l’églife notre mere , miniftre de
Coré, Dathan& Abiron , a été jetté du fein de la paix
par la foudre'de notre ièntence. Le refte eft du même
ftile. Ils condamnèrent nommément les douze évêques
qui avoient ordonné Maximien, & en général tous les
clercs de l’églifè de Carthage, qui avoient affilié à fon
ordination. Mais quant aux autres évêques, qui ne lui
avoient point impolé les mains, ils lui donnèrent un
délay de huit mois pour Ce réünir à eux ; c’eft-à-dire,
jufques au vingt-cinquième de Décembre : après ce
jour ils ne feront plus recevables, & demeureront condamnez.
Ce fut dans ce même tems de là preilrilè que làint
Auguftin fit amitié avec S. Paulin depuis évêque de Noie,
par l’entremifede S. Alypius, qui venoit d’être fait
évêque de Tagafte là patrie. S. Alypius avoit connu
S. Paulin à Milan, lors qu’il y fut baptifé, c’eft-à-dire,
en 387. Ayant apris là converfion^ il lui envoya vers
l’an 3P4* cinq ouvrages de S. Auguftin contre les Manichéens.
C’étoit apparemment les livres des moeurs de
l’églifè , du libre arbitre de la vrai religion , de l’utilité
de la foi & des deux ames. Saint Paulin en remercia
S. Alypius, & le pria en même tems de lui écrire l’hi-
ftoire de là vie. Il accompagna cette lettre d’une autre
pour S. Auguftin, où il témoigne eftre charmé de fes
ouvrages, 8c Ce recommande à fes prières : il leur en-
L i v r e d i x - n e u v i ErM E . '
voye à l’un & à l’autre un pain comme eulogie , c’eft-
à-dire, benediélion.. L’une & l’autre lettre porte le nom
de Paulin, & de Therafia ou Therefe fa femme , qui
avoit quitte le monde avec lui. Dans la lettre à Alypius
, iàint Paulin le recommande aux freres, qui font
dans les égliiès & les monafteres à Carthage , à Tha-
gafte, à Hippone & en d’autres lieux : ce qui marque
comme la vie monaftique étoit déjà étendue dans l’Afrique.
Saint Auguftin répondant à cette lettre , dit
entre-autres choies : Ne vous laiftez pas tant enlever à S‘ ‘ '
ce que la vérité dit de moi, que vous ne faffiez attention
à ce que je dis de moi-même. De peur qu’en prenant
trop avidement la bonne nourriture que je fors-
aux autres , après l’avoir reçue moi-même , vous ne
penfiez pas à prier pous les pechez que je commets :
Eteniuite: Il eft y .a i, qui le peut nier? celui qui a reçu
de plus grands dons de Dieu , eft meilleur , que celui
qui ena reçu moins : mais il vaur mieux rendre grâces
à Dieu d’un don mediocre, que de vouloir être loüé
d’un plus grand. Il promet enfuite la vie d’Alypius,
que ce iàint évêque n’avoit pû Ce réfoudre à écrire
lui-même , & comme il lui envoyoit cette lettre par
Romanien fon ancien ami : il lui recommande Licen-
tius, fils de Romanien. Il ne pouvoir encore détacher
ce jeune homme des biens iènfibles & des eiperances
du fiecle , ce qui lui donnoit de grandes inquiétudes
pour fon falut : comme on voit dans la lettre qu’il lui p|
écrivit à lui-même peu auparavant. S. Paulin étoit bien
digne de l’amitié de S. Auguftin ; là famille étoit des
plus illuftres de Rome «il avoit de grands biens en Vr4neiifi‘ '
Aquitaine, & étoit né à Bordeaux rcar les nobles Romains
avoient de grandes terres dans les provinces, &
y féjournoient quelquefois. Paulin qui fe trouve: auffi