
A n . 3 6 } .
L. f . Cod.Theod.
de fepulch. viol.w.
ibi Gothofr.
58 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
faints, des honneurs iî grands, qu’ils paroilToient aux
païens une efpece d’adoration. Julien reproche auffi aux
Chrétiens le culte de la croix. Car en parlant de ce
bouclier que les Romains nommoient Ancile, & qu’ils
prétendoient avoirété envoie du cielàNuma,il s’écrie :
Après cela, miferables que vous êtes, aïant chez vous
cette arme celefte que le grand Jupiter ou Mars votre
pere vous a en vo ie , pour être un gage réel de fa pro-
teétion perpétuelle fur votre ville : au lieu de l’honorer
8c de l’adorer, vous adorez le bois de la c ro ix , 8c vous
en reprefentez l’image fur votre front 8c au devant de
vos maifons. Doit-on haïr les plus fages d’entre v o u s ,
ou avoir pitié des plus fimples, que vous avez conduit
à cet abîme d’erreur, de quitter les dieux éternels pour
vous attacher à ce mort des Juifs î
C e qiîi choquoit le plus les païens dans le culte des
martyrs & de leurs reliques ; c’eft qu’ils regardoienr les
corps morts 8c leufs tombeaux, comme des chofes immondes
8c malheureufes,quoiqu’appartenant à une partie
de leur religion, par laquelle ils honoroient les Mânes
& les dieux infernaux. C ’eft pourquoi il étoit de leurs
maximes, de ne faire les funérailles que de nuit. Julien
l’ordonna par une loi expreffe cette même année 363.
avant que de partir d’Antioche le douzième Février. Il
défend d’abord de toucher aux fépulchres, dont plufieurs
ôtoient les ornemens pour enrichir leurs fales 8c
leurs galeries : car il prétend que la religion des Mânes
y eft offenfée. Il ajoure comme un autre abus dangereux,
que l’on porte les morts en plein jour au milieu de la
plus grande foule du peuple : ce qui foüille, dit-il, les
yeux par des regards malheureux.Car peuc-011 bien commencer
une journée par des funérailles ? 8c comment
pourra-t’on s’approcher des dieux 8c des temples ? La
douleur aime le fecret, & il n’importe aux morts que
leurs funérailles le'faiTent* de jour ou de nuit : il faut
donc les dérober à la vûë du peuple, 8l que la douleur
y paroiffe plutôt que la pompe 8c l’oftentation. Il eft
aile de voir combien Antioche toute chrétienne don-
noit lieu à de tels reproches.
Outre les fragmens de l’ouvrage contre la religion
chrétienne-, nous avons plufieurs difcours 8c plufieurs
lettres de Julien, qui font voir le caraélere de fon efprit
& de fa philofophie. Une des plus longues lettres eft
adreffée a un nommé Serapion, en lui envoïant un cent
de figues féches de Damas. La moitié de la lettre eft
une loiiange des figues, par tous les lieux communs de
la rhétorique, avec des autorirez d’Ariftophane, d’He-
rodote, d’Homere, d’Hipocratej d’Ariftote 8c de Th eo-
phrafte ‘. l’autre partie eft la loiiange du nombre centenaire
, par fes proprietez arithmétiques 8c par les exemples
des poëtes. La plupart de fes lettres commencent
par quelque citation ou quelque fable : celles qui s’a-
drëfTent à des fophiftes font pleines de loüanges outrées,
& d’un emprefiement qui marque plus de legereté que
d’affeélion : tous fes ouvrages ne refpirent que la vanité,
la pédanterie &c la fuperftition. J’ai parlé du Mifopo-
gon. Il y a deux difcours à la louange de Conftantius
oùles flatteries font autant prodiguées .qu’en aucun autre
panégyrique : la conduire de Julien en a fait voir la
fincerisé ; 8c il fe- dédit aflfez lui-même dans la grande
lettre aux Athéniens, qui eft l’àpologie de fa révolte.
Il y a un panégyrique du foleil, & un de la mere des
dieux, remplis des vains myfteres de fa théologie païenne.
Çe dernier difcours fut compofé en une nuit ; & en
deu x jours il en écrivit un contre un Cynique relâché ,
qui vouloit vivre commodément, 8c ofoit blâmer Dio-
N i>
A n . 3 63.
XLvr.
Autres écrits de
Julien j 8c fa phi-,
lofophie.
L pijt.x 4.
Liban, orat. r®.
p. 17$.
Liban, orat. i&.
p• 3 00. A.
Orat. 6. p. $6.
Orat. 7,