
' 5 i t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i o l u e :
s’entretenoient avec une douleur extrêrqc, oubliant
tout le.paffé » 8c portant leurs penfées fur l’avçnir. lis
cherchoient quelle feroit la v ie éternelle des faintsvlls»
s’élevèrent au-deffus de tous les plaifirs des fens -, ils parcoururent
par degrez tous les corps, le ciel même & les
aftres. Ils vinrent jufques aux ames, 8c paiTant toutes
les créatures, même fpirituelles; ils arrivèrent à la ia-
geffe éternelle, par laquelle elles font, 8c qui eft toujours
fans différence de tems. ils y atteignirent un moment
de la pointe de l’efprit -T 8c foûpirerent d’être
obligez d’en revenir au bruit de la v o ix , 8c aux paroles
paffageres. Alors fainte Monique dit : Mon fils , pour
ce qui me regarde, je n’ai plus aucun plaifir en cette
vie. Je ne fai ce que je fais encore ic i, ni pourquoi j’y
fuis. La feule choie qui me faifoit fouhaiter d’y demeurer
, étoit de vous voir Chrétien catholique avant que
de mourir. Dieu m’a donné plus , je vous vois confacre
à fon fervice , ayant méprifé la félicité terreftre.
Environ cinq jours après, elle tomba malade d e là
fievre. Pendant fa maladie,elle s’évanoüit un jour ; 8c
comme elle fut revenue, elle regarda S. Auguftin Sc fon
frereNavigtus, 8c leur dit ; Où étois-je^Et enfuiteles
voyant faifis de douleur,elle ajouta : Vous laifferez ici
vôtre mere.Navigius témoignoit fouhaiter qu’elle mourût
plutôt dans fon pars. Mais elle le regarda d’un oeil fe-
vere,comme pouf le reprendre,& dit àS. Auguftin: Voïcz
ce qu’il dit. Puis s’adreffant à tous deux : Mettez ce corps,
dit-elle , où il vous plaira ,n e vous en inquiétez pointi
je vous prie feulement de vous fouvenir de moi à l’autel
du Seigneur, quelque part que vous foyez, Elle mourut
le neuvième jour de fa maladie ,dans la cinquante- fixic-
me année de fon âge, 8c la trente-troifiéme de S. Auguf-
t i n . C ’eft-à-dire, la même année de ion baptême 387,
L i v r e d i x -h ü i t i e ’ m e ; 52.3
Si tôt qu’elle eut rendu l’efprit, faint Auguftin lui
ferma les y euxfie jeune Adeodat s’écria en pleurant,mais
tous les aihftans le firent taire , ne voyant aucun fujet
de larmes dans cette mort -, Ôc faint Auguftin retint les
fiennes avec un grand effort. ¡Evodius prit le pfeautier,
,& commençai chanter le pfeaumecentième: Je chanterai
mifericorde & juftice. Toute la maifon répon-
doit & auffi-tôt il s’y afTembla quantité deperfonnes
pieufes de l’un & de l’autre fexe. On porta le corps, on
offrit pour la défunte le facrifice de nôtre rédemption :
on fit encore des prières auprès du fepulcre , félon la
coutume en prefence du corps, avant que de l’enterrer.
S. Auguftin ne pleura point pendant toute la cérémonie;
mais enfin la nuit illaifla couler fes larmes pour
foulager fa douleur. Il pria pour famere.commeil faifoit
encore long - tems après, en écrivant toutes les
circonftances de cette mort dans le livre de fes confef-
fions ; il prie les leébeurs de fe fouvenir au faint autel
de Monique fa mere 8c de fon pere Patrice.
Les mauvais traitemens que l’imperatrice Juftine avoit
faits à faint Ambroife, n’empêchèrent pas qu’elle ne
le priât d’aller une fécondé fois trouver l’empereur Maxime,
8c qu’irn’acceptât cette ambaffade. Lefujet étoit
de demander le corps de l’empereur Gratien, 8c de confirmer
la paix ; car on avoit grand fujet de craindre que
Maxime , non content de commander dans les Gaules,
n entrât en Italie pour dépoüiller Valentinien. S. Ambroife
étant arrivé à T rê v e s , Maxime refufa de lui donner
audience qu’en public dans fon confiftoire; 8c quoi-
queles évêques n’euifentpasaccoûtuméde s’yprefenter;
S. Ambroife aimamieuxabaifler fa dignité,que deman-
quer a facommilf on. il entra donc dans le confiftoire,
on il trouva Maxime aflis, qui fe leva pour lui donner
. V u u ij
A n. 387,
c. 13 .
L V I I .
Seconde Am-
feaifade de S.
Ambroife vers
Maxime.
Dtob'Vfilent. ».
28.
(DERfiBNEci