
i p8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . catholiques. Comme il paffoit devant la porte du palais,
un mandiant qui fe trainoitfur fon ficge n’aïant point
l’ufage des jambes, étendit main & l’approcha du
manteau du faint vieillard. Auili-tôt il fut guéri,le leva
en fautant & en courant : ce qui fit affembler tout le
peuple de la ville, & le champ des exercices en fut rempli:
en forte que les hérétiques furent chargez de con-
fufion. S. Julien guérit plufieurs autres malades qui [’attirèrent
en leurs maifons , entre autres le comte d’O-
rient : puis il reprit le chemin de fa cellule.
PaiTantparlavilledeCyràdeux journées d’Antioehe,
il s arrêta dans 1 eghfe d’un martyr , où les catholiques
du heu s’affe'mblerent, & prièrent Julien de les délivrer
du^fophifte Afterius , que les hérétiques avoient fait
eveque , & envoiez chez eux pour féduire les fimples.
Prenez courage, dit le faint vieillard: priez Dieu avec
nous : & joignez à la priere le jeûne & la mortification.
Ils le firent,& le fophifte Afterius la veille de la fête où
il devoir parler, fut frappé d’une maladie qui l’emporta
en un jour. Theodoret qui rapporte ces merveilles, les
avoir apprifes d’Acace difciple du faint. S. Bafile fecou-
rut en cette occafion Péglifc d’Antioche*par une lettre
r-jp.c- pleine de tendreife & de confolation.
Tandis que 1 empereur Valens perfecutoit ainfi les
jeuls catholiques, il laiffoit aux autres l’exercice libre de
eur religionjc eft-a-dire à tous les hérétiques , aux Juifs
& aux païens memes. Ils obfervoient en toute fûreté
u w» f UrS céremonies prophanes rétablies par Juhcn,& abo-
. c . n . lies par Jovien. Pendant tout le regne de Valens, on
alluma du feu fur les autels, on offrit aux idoles des libations
& des viétimes : on fit les feftins publics dans les
places : on célébra les fêtes de Jupiter & Cerés. Aux
orgies de Baccus, on vit les hommes & les femmes cou-
Baj
X X IX
Maflhcre des ma
giciens.
Theod. 17. ht {t. c
fÉ
rir furieux , portant des peaux de chèvres, déchirant
des chiens & faifant les autres extravagances de cette
fête. A la fin toutefois Tempereut Valens fit auffi fentir
aux païens fa coleré: & telle en fut l’occafion.
Comme il étoit à Antioche,on découvrit que deux
prétendus devins Hilaire & Patrice avoient été em-
ploïez pour fçavoir qui devoit regner après Valens.
Etant pris tous deux 8c mis à la queftion, Hilaire dit :
Nous avons fait avec des branches de laurier cette table
à trois pieds, qui nous eft reprefentée, à l’imitation du
trepié de Delphes ; & après l’avoir confacrée par des
charmes fecrets & de longues cérémonies, nous l’avons
pofée au milieu d’une maifon purifiée de tous cotez par
des parfums. On a misdeffus unbaffm rond fabriqué de
divers métaux,011 l’on avoit gravé dans le bord les vingt-
quatre lettres de l’alphabet grec,à certaine diftance l’une
de l’autre. Un homme s’en eft approché, vétu de lmavec
des chauffons de même, & une bandelette autour de la
tête , portant de la vervene. Après avoir invoqué par
certains cantiques le dieu qui préfide à la divination ,
c’eft-à-dire Phebus, cet homme a balancé un anneau
pendu à des petits rideaux par un fil très-léger Cet anneau
avoit été auparavant préparé par les myfteres de
l’art. Nous demandâmes qui devoit fucceder au regne
préfent,parce qu’on difoit que ce devoit être un homme
accompli : 8c l’anneau en fautant fur le baffin,marqua
les deux fyllabes Theod, en s’arrêtant fur les quatre lettres
grecques thêta , epfilon, omicron & delta. Quelqu’un
des affiftans s’écria que le deftin marquoit Théodore.
On n’en chercha pas davantage : car il étoit affez
confiant entre nous, que c’étoit lui qu’on demandoit.
Telle fut la confçffion d’Hilaire.
Ce Théodore tenoitle fécond rang entre les notaires
'Amm.tx iv . c.
Zof. iv . p. 45.