
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
le troifiéme 8c le trentième jour du décès, les autres
le feptiéme 8c le quarantième : ce que l'on trouve confirmé
d’ailleurs dans l’antiquité ecclefiaftique. Il attribue
à la foi de Theodofe fes viétoires , particulièrement
la derniere contre Eugene; 8c exhorte lesfoldatsà garder
une fidélité inviolable à Tes enfans : confiderant non
la foibleifede leur âge, mais les obligations qu’ils ont au
pere. Il releve particulièrement fa clemence, dont tant
de rebelles venoient de fentir l'effet; 8c fa penitence ,
dont il étoit fi fidele témoin : il fe promet qu’il fera
auprès de Dieu unpuiffant proteéteur, pour la jeuneffe.
de fes enfans. Enfuite le corps de Theodofe qui avoit
été embaume fut tranfportéàC. P. 8c reçu par l’empereur
Arcade,qui l’enterra dans le tômbçau des empereurs
lehuitiémedeNovembre de lamêmeannée.
Ainfi finit l’empereur Theodofe que tous les auteurs
Chrétiens , 8c même la plupart des payens ont relevé
par de très grandes loüanges. Zozime feul lui reproche
de grands défauts, il l’accufe d’avoir été naturellement
mou 8c voluptueux , aimant les feftins, les dan-
feurs, 8c les fpeétacles du cirque 8cduTheatre: enforte,
dit-il, que j’admire l’inégalité de fes moeurs. Car quand
il n’avoit rien de fâcheux qui l’excitât, il felaiffoit aller
à fon tempérament : mais quand quelque chofe étoit
à craindrepour l’état ilquittoitles délices, retrôuvoic
fon courage 8c fa valeur, 8c foiiffroit volontiers lè travail
8c la fatigue. Il l’accufe encore d’avoir aimé l’argent
pour fournir aux dépenfes dé fa table , 8c à fes autres
profilions, 8c d’avoir vendu les goüVèrnëïnélis 8c les
charges ; enforte que l’on voyoit des changeurs 8c des
perfonnes viles, porter publiquement les' marques de
la magiftrature.il reprend la multitude 8c le trop grand
pouvoir de fes eunuques; 8c il faut àvoüer que la for-
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tune exceftive d’Eutrope donne quelque couleur à ce
reproche.
Mais Symmaque payen comme Zofime , 8c mieux s <nm. u.
inftruit que lui, comme contemporain, écrivant à Fia-
vien fon ami, 8c lui parlant du panégyrique de Theo-
dofe^que luy même Symmaque avoit prononcé publiquement:
reconnoîc qu’il n’avoit fait qu'effleurer la
matière, 8c loüe particulièrement fon defintereffement :
témoignage qui ne doit pas être fufpeét dans une lettre
familière entre deux payens, très-zelez pour l’ido- ,
lâtrie, 8c par confequent peu difpofez à flater Theodofe.
Ce fophifte Thëmiftius: dans deux de fes haran- rhemiji.ornts
gues, le met au deffus des plus grands hommes de l’an- m-'s-
tiquité : enfin Aurelius Viétorhiftorien payen en parle mor.eiiji.in
ainfi : Theodofe reffembloit à Trajan , par les qualitez fin'
de i’efprit 8c du corps, autant que l’on peut connoître
par les écrits des anciens 8c par les peintures. Il avoit
comme lui la taille haute , le corps bien proportionné:
la chevelure, levifage à peu près de même : l’efprit entièrement
femblable, doux complaifant, populaire ;
ne fe croyant diftingué des autres, que par l’habit:
honnêtç à tout le monde, mais principalement aux gens
de bien il aimoicles efprits iinceres, il admiroit les fa-
vans, pourveu qu’ils ne fuffent point malins-: il faifoit
de grands prefens 8c noblement : il aimoit ceux qu’il
avoit connus, étant fimpleparticulier; Se leurdonnoit
des honneurs, de l’argent 8c d’autres grâces : principalement
à çeuxdontil avoit éprouvé la fidélité dans fa
difgrace, foit en fa perfonne, foie en celle de fon pere.
Mais il avoit tant d’averfion des défauts de Trajan ,
c’eft à dire des excès de vin 8c de la paillon de triompher
: qu’il n’a fait la guerre que quand il s’y eft trouvé
engagé; 8c a défendu par une loi de fe faire fervh*