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forme profopon, comme équivalant au mot d’hypoftafe,
quand l’un & l’autre eft bien expliqué, il protefte qu’il
a gouverné fans intérêt ,-Sc ne demande pour recom-
penfe que la liberté de fe retirer, marquant les reproches
qu'on lui faifoit, & combien fa conduite éroit
éloignée de plaire au monde. Il finit en prenant congé
de fon églife, de fa chere Anaftafie en particulier, de
fon trône, du clergé, du peuple , de l’empereur, de la
cour, de tout le monde.
Nous avons encore le teilament de S. Grégoire de
Nazianze, en date du dernier jour de Décembre de
cette année 381. Ilyprerjdle titre d’évêque de C. P. 8c
l’on peut croire qu’il le garda même après fa démimon ,
commeil fe pratique encore. Ce teilament eft fait dans
toutes les formes du droit Romain, il inftituë héritier
Grégoire diacre Si moine fon affranchi, a la charge qifil
rendra tout à l’églife de Nazianze, par droit de fideï-
commis. S. Grégoire dit qu’il ne fait en cela que fuivre
la volonté de fes parens, qui avoient promis' tous leurs
biens aux pauvres ; Si que lui-mêmeles leur avoit déjà
abandonnez, fous la conduite de trois adminiftrateurs ,
Marcel diacre8c moine, Grégoire qu’il fait ion héritier,
& Euftathe moine qui avoit auifi été fon efclave.
Il confirme la liberté à tous ceux qu’il avoit affranchis,
& leur conferve leurs pécules. Il fait quelques legs particuliers
à Grégoire fon héritier, & au moine Euftathe.
Il conferve à une Vierge nommée Rufliene, la penfion
qu’il lui donnoitpour fa fubfiftance ; avec une habitation
à ion choix; & lui donne deux filles efclaves, qu’elle
choifira , pour demeurer avec elle toute fa vie : il lui
donne pouvoir de les affranchir ; finon elles appartiendront
à l’églife de Nazianze il affranchit deux efclaves,
dont l'un eft Theodoie fon notaire, Si donne enfuice un
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legs à un autre notaire : c’eft-à-dire, ceux qui écrivoienc
fous lui en notes.
Il fait exeufe à Alypiene qu’il nomme fa chere fille ,
de ce qu’il ne luilaiffe rien : mais il déclare qu’il ne fait
point d’état d’EugenieôtdeNonnè, parce que leur vie
étoit reprehenfibïe. C’étoient fesnieces, 8c il étoit ne-
ceffaire de les nommer, 8c de marquer pourquoi il ne
les faifoit pas heritieres, afin qu’elles ne puffent contef-
ter le teftament. C’eftcequi s’appelloit déshériter avec
éloge, il nomme Alypiene fa fille, 8c Melece qui l’avoit
époufée fon gendre, peut-être parce qu’il l’avoit adoptée
: car il eft certain d’ailleurs qu’il avoit toûjou rs gardé
la continence. Ce teftament eft figné de fept témoins ,
dont le premier eft S. Amphiloque , 8c le dernier Cle-
donius prêtre d’Icone. Les autres font des évêques de
la même province : ce qui peut faire croire qu’il le fit
en Afie à fon retour ; peut-être à l’occafion de quelque
concile.
Laceifion de S. Grégoire ayant été acceptée par le
concile , il fut queftion de lui donner un fucceffeur.
L’empereur recommanda aux évêques, d’examiner avec
grand foin celui qui en feroit le plus digne , Sc ils fe
trouvèrent partagez fur ce choix. Il y avoit alors à C. P.
un vieillard nomméNeélaire venerable pour fa dignité,
fon âge 8c fa bonne mine. Il étoit né à Tarfe en Cilicie
de famille patriciene, S: avoit la charge de prêteur. Ses
vertus fie particulièrement fa douceur, le faifoient admirer
de tout le monde : mais il n'étoit pas encore bap-
tifé.-Etant prêt à partir pouf retourner en fon païs, il
alla voir Diodcre évêque de Tarfe, pour fçavoir s’il n’a-
voit rien à mander chez lui, 8c fe charger de fes lettres.
Diodore penfoit alors en lui-même au choix de l’évê-
que de C. P. Comme il vit Neétaire^fes cheveuxblancs,,
An. 381:
v. Prdination S i
Neétairc.
Sox,. v i i . î , 7 .8.
Theod. y . c. 8 .