
i i 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fane leurs exercices ordinaires ; priant , guériflant des
malades , chafTant des démons. Quelques- uns d'entre
eux attendoient l’ini'ulte des foldats, quand on leur ap-
porta un homme,qui depuis long-temps avoit les jointures
des pieds tellement defTechées, qu’il ne pouvoir
fe tenir debout. Us l’oignirent d’huile , & lui dirent :
A u nom de J .C . que Lucius perfecute, leve-toi & retourne
en ta maifon, & il fut guéri fur le champ. Les
periecuteurs fans erre touchez de ces miracles , trou-
bloient les faints moines dans leurs prières & les chaf-
ioient de leurs retraites ordinaires. Enfin ils en vinrent
jufqu a emploier contre eux les foiiets, les pierres & les
s.cr, nr.^i.14. armes : mais ils n etendoientpas feulement la main pour
arrêter les coups , toujours prêts à préfenter leurs têtes
aux épées , plûtôr que d’abandonner la foi de Nicée.
Lucius voiant qu’il ne pouvoir vaincre cette multitude
de faints, confeilla au duc d Egypte de bannir lesabbez
qui les conduifoient.
Thetd. i t . c, 14^ On prit les deux Macaires, Ifidore & quelques autres
; & les aïant enlevez de n u it , on les mena dans une
ifle environnée de marais, où il n’y avoit que des infidèles
attachez à leurs anciennes fuperftitions, & où jamais
1 évangile n avoit ete annonce. Il y avoit un temple
d idoles,dont le iacnficateur étoit honoré commeun
dieu, Lorique la barque qui portoit les confeifeurs fut
près de terre,la fille dufacnficateurfut faifiedu démon,
& courut furieufe vers le rivage ou les rameurs abor-
doient. Comme elle couroit en criant, plufieurs per-
ionnes etonnees de ce prodige la fuivirent. Quand elle
fut près du bateau, elle commença à criera haute voix :
O que vous ères puiflans ! ferviteurs du grand Dieu.
^ ferviteurs de J. C. vous nous chaifez par-tout'': des
v ille s , des villages, des montagnes, des déferts. Nous
efperions etre a couvert de vos attaques dans cette petite
ifle, c’eft notre ancienne habitation , nous n’y nui-
fons à perfonne, nous y fommes inconnus. Mais fi vous
la voulez encore , prenez-la, nous nous retirons. Nous
ne pouvons réfifter à votre vertu. Les démons aïant
ainfi parlé, jetterent la fille par terre, & fe retirèrent.
Les faints moines la releverent, & la remirent en parfaite
fanté de corps & d’efprit. Les affiftans & fo n pere
tout le premier , fe jetterent aux pieds des faints , &
les prièrent de les inftruire ; & après les préparations
neceifaires, ils reçurent le baptême, & changèrent leur
temple en églife. Ainfi furent convertis tous les habi-
tansde cette ifle. La nouvelle en étant venue à Alexandrie,
le peuple vint en foule faire des reproches à Lucius,
craignant que la colere de Dieu ne tombât fur eux,
fi on ne relâçhoit ces faints. Lucius eut peur d’une fédi-
tion , & donna ordre fecretement que ces faints moines
retournaifent à fêurs cellules.
Ifidore & les deux Macaires qui font nommez dans
ce r é c it, etoient des plus illuitrcs folitaires de toute
^ Egypte- Ifidore dans la première jeuneife avoit mené raU.L»uf. e. i.
la vie afeetique fur le mont de Nitrie. C ’étoit un lieu riuialtc^.
fameux entre les folitudes d’Egypte , qui avoit pris fon
nom d’un village voifin , où l’on amaiToit du nitre , à
quatre milles d’Alexandrie, qui font environ treize
lieuës , au-dela du lac Maris vers le midi. Cinq mille
moines y habitoient difperfez différemment en cinquante
maifons ou environ. Les uns demeuroient feuls, les
autres deux ou trois enfemble, ou en plus grand nombre
: car chacun menoit la vie qu’il vouloit félon fes forces,
quoiqu’ils fuifent tous très-unis par la charité. Saint
Ifidçre fit le voiage de Rome avec S. Athanafe ,& y fut
connu des perfonnes les plus ilJuflres. Il fur prêtre èc
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