
x j 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
vendez ce que vous ayez reçu gratuitement, vous ferez
privez de la grâce , comme vendu à Satan. Vous-
introduifez un trafic dans les cliofes fpirituelles & dans
leglife, où le corps & le fangde J. C. nous eft confié.’
Mais voiçi l’artifice. On croit ne pas pecher, parce que
l’on ne prend qu’après l’ordination .-c’eft toujours prendre.
Je vous conjure donc de ne pas foiiiller vos mains ,
ni vous rendre indignes de celebrer les facrez myfteres.
Pardonnez-moi iî j’ufe de menace : d’abord c’étoit fans
croire ce m al, à prefent je lecroi. Si quelqu’un après
cette lettre fait quelque chofe de femblable, il fera fé-
paré de notre autel, & cherchera où il puiffe acheter &c
revendre le don de Dieu. C’eft-à-dire, que cet évêque
iîmoniaque ne feroit point reçu à la célébration ou à
la participation des faints myfteres, quand il viendroit
à Cefarée.
XI Un prêtre nommé Grégoire ou Paregoireâgé de foia=
üuldEafiicrg<: xante & dix an s, tenoit auprès de lui une femme pour
le fervir. Le corévêque en avertit faint Bafile, qui écrivit
à Paregoire de quitter cette femme, fuivant l’or-
c«n. 3. donnance du concile de Nicée :mais Paregoiré au lieu
d’obéir, écrivit à faint Bafile , aceufant le corévêque
d’animofité , & faint Bafile de facilité à écouter des ca-
Ef .i9z. lomnies. Il lui répondit : J’ai lù votre lettre avec beaucoup
de patience : & je me fuis étonné, qu’au lieu de
vous juftifier( par les effets , ce qui étoit court & facile :
vous aimez mieux demeurer en faute , & entreprendre
inutilement de la réparer par de longs difeours. Et en-
fuite: Plus vous prétendez être libre de toute paillon,
plus vous deviez ceder facilement à mon avis. Car je
croi bien qu’a foixante & dix ans, on n’eft pas fi touche
d ’une femme ; & ce que j’en ai ordonné, ce n’eft
pas que je croie qu’il fe foit rien paffé de criminel : mais
L i v r e d i x - s e p t i e ’m e . ¿ 7 7
îious avons appris de l’Apôtre à ne point donner de
fcandaleà nos freres. Et enfuitè : Chafiez donc cette
femme de votre maifon, mettez la dans un monaftere
avec des vierges : & faites-vous fervir par des hommes.
Jufques à ce que vous l’aïez fa it, tout ce que vous me
pourriez écrire , ne vous fervira de rien ; vous mourrez
interdit, & vous rendrez compte à Dieu de votre in-
terdiétion : que fi vous ofez faire les fondions du facer-
doce fans vous être corrigé,vous ferez anathême à tout
le peuple , & ceux qui vous recevront feront excommuniez
par toute l’églife. On voit ici l’ordre des peines
canoniques : la fufpenfe ou interdidion , l’excommunication
du prêtre qui ne la garde pas, & de ceux qui
communiquent avec lui.
La lettre au corévêque Thimothée fait voir le de- Ef.340.
tachement que demandoit faint Bafile dans ceux qui
font engagez au fervice de Dieu. Eft-ce, dit-il, ce même
Thimothée que nous avons vu dès l’enfance tendre
à la vie parfaite, avec une telle ardeur , qu’on l’ac-
eufoit d’être exceffif ? Maintenant vous faites dépendre
votre vie de l'opinion des autres , & vous penfez
comment vous ferez pour n’être,ni utile à vos amis,
ni méprifable à vos ennemis. Et jtous ne confiderez
pas, qu’en vous arrêtant à tout cela , vous négligez ,
fans y penfer, la véritable vie. Il eft impoflible de fuf-
fire toutënfemble aux affaires de ce monde & à la vie
que nous devons mener. Retirons nous du tumulte:
ibïons à nous-mêmes, pratiquons en effet la pieté, que
nous nous propofons depuis fi long-temps ; & ne donnons
à ceux qui veulent nous décrier aucune prife fur
nous.
Par cet éloignement des affaires, faint Bafile n’enten-
doit pas que l’on dût renoncer à être utile au prochain,
M m iij