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Eunap. (
Eunap. ibit
Qhryf.p. 18 z.
4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— l’embrafla & le baifa comme auroit fait un particulier,1
i ' & le fît entrer dans le fcn a t, quoiqu’il ne fut point fe-
r>- nateur. L’empereur s’appliquoit avec Maxime à conful-
ter les dieux, y paflant non feulement le jour, mais la
nuit Ce philofophe l ’obfedoit de telle forte, qu’il fem-
bloit le gouverner, lui & tout l’empire. Enflé de cette
faveur, il commença à s’habiller plus mollement qu’il ne
convenoir à fa profeffion, & devint plus rude & plus
difficile à ceux qui l’abordoient. Mais l’empereur ne s’ap-
percevoit pas de ce changement.
Prifcus que l’empereur fit auffi venir de Grcce, ufa
plus modérément de fa fortune. Chryfanthe étant encore
apnellé avec de preiïantes inftances, confulta les
dieux , & trouvant toûjours d’auifi mauvais préfages, il
tint ferme & demeura à Sardis. L’empereur le fit fouve-
rain pontife de Lydie & fa femme fouveraine prêtrefle.
& Chryfanthe prévoi'ant la révolution prochaine , foit par
magie, foit par prudence naturelle, ufa modérément
du pouvoir que lui donnoit cette charge. Il ne fe prefla
point comme les autres de relever les temples, il ne
maltraita point les chrétiens inutilement : mais il fe
conduifit fi doucement, qu’on ne s’apperçût prefque
pas en Lydie du rétabliffement des facrifices, ni de leur
fuppreifion qui fuivit de près. Julien mandait auffi avec
un grand emprefTement plufieurs de ceux qu’il avoit
connus dans les écoles d’A f ie , & leur enflait le coeur
par des promeiTes magnifiques : mais quand ils étoient
arrivez, il les païoit de belles paroles, les appelloit fes
compagnons, les faifoit quelquefois manger à fa table ,
bûvoit à leur fanté, & les renvoïoit fans rien faire. Il y
eut toutefois plufieurs rheteurs & plu fleurs fophiftes à qui
il donna des charges & des gouvernemens : leur crédit
croijToit de jour en jour, & leurs efperanees encore plus,
L i v r e q u i n z i e’ m e . j
Au milieu de cette troupe de philofophes, le nouvel
empereur vivoit lui-même en philofophe, & en portoit
les marques extérieures, particulièrement la barbe. C on -
ftantius la lui fit couper en le faifant cefar, car les R o mains
fe rafoient alors : mais il la reprit quand il fut le
maître. On le voit par fes médailles : toutes celles où il eit
nomme cefar font fans barbe ; & dans la plûpart de celles
qui lui donnent le titre d’augufte, il porte la barbe longue
autant que la pouvoit avoir un homme de trente ans :
car il n en avoit pas davantage quand il parvint à l’empire.
Il fe difoit Grec;affeéloit d’imiter les Grecs, comme plus
fçavans que les Romains ; & tout ce que nous avons de
fes écrits efl; en grec. Enfin il fe piquoit de rétablir dans
fa perfeétion 1 Hellenifme , c’eft-à-dire les moeurs des
anciens Grecs ; Sc particulièrement leur religion. Car le
nom d Hellenes fignifioit alors païens, tant chez les
chrétiens que chez les païens eux-mêmes.
Le retabliflement du paganifme fut donc le premier
foin de Julien fi-tot qu’il fe trouva le maître. Il donna
des ordres exprès pour ouvrir les temples , pour réparer
ou rebâtir ceux qui etoient démolis.- Il leur attribua de
grands revenus: il fit redreiler les autels, il renouvella
les facrifices & les anciennes cérémonies de chaque ville.
On le voïoit lui-meme en public offrir des viétimes & des
libations ; il honoroit tous les miniftres de la religion
profane : les facrificateurs, les hiérophantes, ceux qui
communiquoient les mifteres, les gardiens des idoles &
des temples. Il rétablit leurs penfions, & leur rendit les
honneurs, les privilèges & les exemptions qui leuravoient
etc accordées par les anciens rois. Auffi vouloir-il qu’ils
obfervaflent exactement l’abftinence fuperftitieufe de
certaines viandes , & les purifications extérieures prefi
çrires par leur religion.
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A n . 3 62..
Sup. I. x r i . ;?, i ;
Mifopo&. io 6.
Sup. I. iv. ». y'.
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Rétabliflement
de l’idolâtrie.
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Liban, orat- I o.p,
289. 290. & c .
SoKom. v. c. j .