
460 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Ôc Rufus : donc le dernier eft comme l’on croit un évêque
d’Efpagne,depuis dépoié pour l’herefie. L’empereur
quitta donc les fentimens de douceur , ôc commit la
caufe des Prifcillianiftes à Evodius, qu’il avoir f .it préfet
du pretoire : homme jufte, mais ardent & fevere. Il
examina deux fois Prifcillien, & le convainquit de plu-
fieurs crimes, par fa propre confeiïion. Car il ne défa-
voüoic pas d’avoir étudié des do&rines honteufes , d’avoir
tenu de nuic des alfemblées avec des femmes corrompues,
8c d'avoir accoutumé deprier nud. Evodius
le déclara donc coupable, Sc ie mit en prifon jufques à
ce qu’il en eût fait fon rapport au prince Les ades du
procès ayant été portez devant l’empereur , il jugea
que Prifcillien 8c fes complices devoient être condamnez
à mort. Alors Ithace s’apperçut combien il fe ren-
doit odieuxaux évêques, s’ilaffîftoit aux dernieres procédures
contre ces criminels: car il falloir les juger encore
une fois , pour prononcer la fentence définitive ;
ôc il n’en avoir que trop fa it, ayant même été prefent
quand on leur donnoit la queftion. Ithace donc craignant
de s’attirer plus de haine le retira-, 8c l’empereur
çommitàfa place pour aceufateurun nommé Patrice,
avocat du fife. A fa pourfuite, Prifcillien fut condamné
amorti 8c avec lui deux clercs Feliciflime 8c Armenius ,
qui avoient depuis peu quitté l’égliie catholique pour
le fuivre. Latronien laïque 8c Euchrocia furent con damnez
de m ême; 8c tous les cinq furent executez à
mort., L’évêque Inftantius, déjà condamnez par les conciles
de Sarragoife 8c de Bourdeaux, fut banni dans l’iile
Syline, au delà de la Bretagne.On continua enfuite à
faire le procès à d’autres Prifcillianiftes. Afarin 8c Aa-
relius diacres furent condamnez à mort. Tibericn fut
envoy é dans la m ême iü e , & fes biens confifquez. Tectullus,
Potamius 8c Jean furent feulement releguez
pour un tems dans les Gaules:tant parce qu’ilsétoient
moins coniiderables, que parce qu’ils étoient plus dignes
de compaflion, s’ étantaccufez eux-mêmes Scieurs
complices avant laqueltion. Ainfi furent punis les Pùf-
ciliianiftes. En même-tems le peuple de Bourdeaux af-
fomma à coups de pierres une femme nommée Urbica,
qui s'obftinoic àdétendre la même impieté.
Car la more de Prifcillien, loin d’éteindre fonhe-
refie, ne fie que l’étendre 8c la fortifier. Ses feélateurs
qui l’honoroient déjà comme fain t, palferent juiques à
lui rendre le culte d’un martyr, 8c leur plus grand ferment
étoit de jurer par lui. On rapporta en Eipagne fon
corps 8c ceux des autres, que l’on avoit executez à m o rt,
8c on leur fit des funérailles folemnellcs. Saint Jérôme
écrivant fept 011 huit ans après fon catalogue des écrivains
ecclefiaftiques, 8c y parlant de Prifcillien, dit qu’il
a été mis à mort par la faêtion d’Idace 8c d’Ithace : que
quelques - uns l’accufent de l’herefie des Gnoftiques, 8c
que d’autres l’en défendeur. Mais enfuite étant mieux
in ftru itd u fa it,il en parle affirmativement comme d'un
heretique juftement condamné. Il témoigne que Prifi-
cillien avoir écrit piufieurs petits ouvrages; 8c parle ainfi
de ceux de Matronien 8c de Tiberien de lamêmefecte,
tous deux Efpagnols. Matronien que l’on croit être le
même queLatronien,étoit favant-ôc faifoit de très beaux,
vers. Tiberien écrivit une apologétique pour fonhere-
fie, d’un ftiie enflé 8c compoié. Ennuyé de fon exil dans:
l ‘ifle Syline , il quitta le parti, mais il tomba dans une:
autre faute , 8c maria fa fille qui avoit. confacréà Dieii
fa virginité.
Les payens abbatus par les loix de Grarien , releve-
Bent. leurs efperances à fa mort,, fous le foible gouver.-
M-m rn \i)
A N. 384,’
Chr.trof,'atz* 385.
Adverf. Velag*
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