
j i o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ftantiel,en difant que nous reconnoiffonslc-filsconfub'-
ftantiel félon l’hypoftafe. Nous leur donnons prife, fi
nous nous biffons entraîner à ceux qui tiennent à peu
près le même langage, par iïmplicité plûtôt que par malice:
car ils s’appliquent uniquement à calomnier notre
dodtrine, au lieu d’établir la leur. Et quelle matière plus
dangereufe de calomnie, que de voir quelques-uns des
nôtres dire , qu’il n’y a qu’une hypoftafe du Pere & du
Fils & du S. Efprit ? Ils ont beau foutenir expreffément
la diftindlion des perfonnes : Sabellius a dit la même
chofe ; que Dieu eft un en hypoftafe, mais que l’écriture
lui fait faire diffcrens perfonnages, félon les occa-
fions particulières : le faifant parler tantôt comme Pere,
tantôt comme Fils, tantôt comme S. Eiprit. Si donc on
voit auffi des nôtres dire , que le Pere & le Fils & le S.
Efprit font un quant au fujet, & trois quant aux perfonnes
, ne paroîtront-ils pas prouver clairement ce qu’on
dit de nous ? Au refte, que l’hypoftafe &c l’effence ne
foient pas la même chofe , il me femble que nos freres
d’Occident l’ont fait voir eux-mêmes : puifque la pauvreté
de leur langue les a obligez à recevoir le mot grec
Ou/îa, afin de fauver par la diftindlion des mots, la différence
qui pourroit être dans le fens. S. Bafile explique
enfuite comment par fubftance, Ou/ta, il entend ce qui
eft communaux trois perfonnes,& parhypoftafe lespro-
prietez de chacune;& conclut en priant le comte Terence
de laiffer le foin de cette réünion aux prélats, particulièrement
aux exilez qui combattent pour la religion :
où il marque S. Melece & S. Eufebe de Samofare.
On voit par cette lettre de S. Bafile, ce qui éioignoit
les Orientaux de communiquer avec Paulin ; & S. Jérôme
nous montre dans une des fiennes, ce qui faifoit
craindre auxOccidentaux la communion de Melece. Car
il
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il fut inquiété de ce fchifme d’Antioche, jufques 'dans
fbrf defert de Syrie. On lui demandoit pour qui il étoir,
pour Vital ou pour Melece, ou pour Paulin. L’évêque
des Ariens &' les catholiques du parti de Melece, lui
demandoients’iltenoit trois hypoftafes dans la Trinité.
Fatigué de ces queftions, il écrivit au pape S. Damafe
en ces termes : Ne fuivant autre ch e f que J. G. je fuis
attaché à la communion de votre faintete, c’eft-à-dire de
la chaire de Pierre. Je fçai que leglife a été bâtie fur cette
pierre : quiconque mange l’agneau hors de cette mai-
fon, eft profane : quiconque n’eft pas dans l’arche de
N o é , périt par le deluge. Ne pouvant pas toujours vous
confulter,je m’attache aux confeffeurs Egyptiens vos
confrères, comme une petite barque fe met à l’abri des
grands vaiffeaux. Je ne connois point V ita l, je rejette
Melece, je ne fçai qui eft Paulin. Quiconque n’amaffe
pas avec vous, difperfe : c eft-à-dire qu e , qui n’eft pas
pour J. C .e f t pour l’antechrift. On me demande fi j’admets
trois hypoftafes : je demande ce que ces mots lignifient
: on me répond que ce font trois perfonnes lub-
fiftantes : je dis que je le crois ainfi : on dit qu’il ne fuffit
pas, & on veut que je dife le mot d’hypoftafes. Je crains
tjue par hypoftafe , on n’entende fubftance , parce
que dans les écoles feculicres hypoflafis, ne lignifie autre
chofe qu'Ou[ia. Ainfi je crains de reconnoître trois natures
avec les Ariens ; & plus on me preffe fur ce mot
d’hypoftafe, plus je m’en défie. C ’eft pourquoi je vous
conjure de m’autorifer par vos lettres, à ne point dire
ou à dire les hypoftafes. Je vous prie auffi de me marquer
avec qui je dois communiquera Antioche. Car les
•Campenfes, joints avec les heretiques de Tarfe, ne cherchent
qu’à s’autorifer de votre communion , pour foutenir
trois hypoftafes dans leur ancien fens. Par les
Tome ¡SÉS S f
Hier*ef>. 57.
Matth. x y j .