
7 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
*?--------- *— le diïïemblable en fubftance, fepare trop le fils de la
3 nature du pere : pour nous, nous difons que le fils eft
ihihji.vu.c.i. femblable au pere en fubftance, prenant un jufte mic.
4. lieu entre ces deux extrémitez. Les purs Ariens avoient
toûjours pour évêques à C . P. Eudoxe , & Euzoïus à
Antioche ; Aëtius Ôc Eunomius les chefs du parti étoient
à C . P. & te fut en ce temps-là qu’ils ordonnèrent évê-
que Aëtius ; Euzoïus de fon côté-tint un concile à A n tioche
, pour caifer ce qui avoit été fait à C . P. fous
l’empereur Conftantius, contre Aëtius, & contre les
autres. Auref te, les difputes Ôc divifions entre les évê-
ques n’eurent pas grand cours fous le regne de Julien
; la perfecution générale les ténoit en crainte ôc en
filence.
Uv.e.is- La ville de Cyzique députa à l’empereur Julien pour
quelques affaires particulières ôc pour le rétabliffement
des temples des idoles : il loüa leur pieté, accorda leurs
demandes, ôc prit cette occafion pour chailer de la
ville l’évêque Eleufius, comme aïant profané les temples,
établi des retraites pour les veuves ôc des commu-
nautez de vierges, & perfuadé aux païens dé mépri-
fer les coûtumes de leurs percs. Il défendit auffi aux
Chrétiens étrangers, qui étoient avec Eleufius, d’entrer
dans Cyzique : fous prétexte qu’ils fe joignoient aux
Chrétiens de la ville , pour exciter les fédïtions à caufb
de la religion. Car quelque defir que Julien eut de rétablir
le paganifmc, il vôïoit bien qu’il y eût eu de la
folie , à vouloir forcer les peuples entiers, & punir ceux
qui refuferoient de facrifier. Le nombre en éroit fi
grand, qu’à peine les magiftrats de chaque ville euifent
pû les compter. Il n’ofoit pas même leur défendre de
s’affembler : mais il s’appliquoit à chaffer des villes les
évêques ôc les clercs : croïant voir tomber en peu de
temps la religion, quand les peuples 11’auroient plus per- "T----------
fonne pour les inftruire ôc leuradminiftrer les facremens.
Le prétexte étoit, que les ecclefiaftiques excitoient le
peuple à fédition. C ’eftainfi qu’il fit fortir de Cyzique suf.n.ioi
Eleufius ôc ceux de fa fuite ; quoiqu’il n’y eût pas la
moindre apparence de trouble. C ’eft ainfi qu’il chaffa
Titus de Boftre, comme j’ai dit.
Julien était toûjours à Antioche, où il paiïa l’hyver : xxxvr
e‘eft-à-dire le refte de l’an 36z. & le commencement de ®“P«r[litions&
3^3. Il fe préparoit à la guerre contre les Perfes qu’il ''Tmm. xXII.
méditoit depuis long-temps : efperant reparer les pertes c'
• • £*• ! l Greg.Naztâr.4*
que les Romains avoient faites de ce côté-là depuis lli-c-
environ foixante ans ; c’eft-à-dire depuis le regne de
Diocletien. Son naturel inquiet ne lui permettoit pas
de demeurer en repos ; ôc les viétoires qu’il avoit remportées
en Gaule dans fa première jeuneffe, lui enfloient
le coeur, & lui faifoient defirer d’ajoûter à fes titres celui
de vainqueur des Perfes. Les gens fages, particulièrem
e n t les Chrétiens, voïant les préparatifs qu’il fa ifo it ,
difoient qu’il fe preifoit trop , qu’il n’étoit pas temps
d’attaquer les Perfes avant que l’empire fût bien paiiî-
ble au dedans ; & que Julien abufant de fa profperité,
couroit hazard de tout perdre. Ils parloient ainfi devant
ceux qui pouvoient le redire à l’empereur : mais il ne
s’en preiToit pas moins, ôc faifoit gloire de méprifer ces
a vis , comme venant de perfonnes timides & malignes.
Entre les préparatifs de cette entreprife , il faifoit un
1 grand nombre de facrifices : les autels étoient toûjours
arrofez de fang : il immoloit quelquefois cent boeufs à
la fois, & une infinité de menu bétail : il faifoit cher- u hx„.
cher par mer Ôc par terre desoifeaux rares, qu’il déchi- 14i,A-
roit de fes -propres mains : les feltins de ces facrifices
donnoient occafion aux foldats de fe remplir de vin ôc
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