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5 7 2 H i s T o i R E E c c l e s i a s t i q u e .
pour montrer que ce n’eft pas une étendue corporelle :
tout le livre eft intitulé : de la qualité de l’ame. Ce
fut auffi à Rome qu’il commença les trois livres du Ht-
bre arbitre contre les Manichéens, à Poccafion de la
queftion de l’origine du mal. Car après l’avoir, bien
examiné, on trouve qu’il ne vient que du libre arbitre
de la créature. Cet ouvrage eft plein d’une excellente
metaphyiîque5& l’on y voit la réfolution des objections
les plus fpecieufes contre la providence & la bonté du
créateur. Saint Auguftin n’en fit que le premier livre à
Rome ; il acheva le fécond & le troifiéme en Afrique,
étant déjà prêtre. C ’eft encore un dialogue entre lui
& Evodius. Après avoir demeuré plus d’un an à Rome,
il revint en Afrique vers l’an 3 8?. avec quelques-uns de
fes amis & de fes compatriotes , qui feryoient Dieu
comme lui.
Ce fut le pape Sirice qui procura le banniffement
des Manichéens par l’empereur Theodoiè ; & comme
ils diffimuloient leur profcilion, & fe mêloient avec les
catholiques dans les égliiès, il ordonna de prendre garde
qu’ils ne recuflént la communion, & ne touchaflènt
le corps de notre Seigneur de leurs bouches impures.
Il en priva même ceux qui le convertilToient ; les rele^-
guant dans des monafterespourypalTerlereftede leurs
jours dans les jeûnes & les prières , & permit feulement
qu’aprèsdes avoir bien éprouvés , on leur donnât
le viatique à la mort. Il ordonna en général, que
les heretiques ièroient reçus par Pimpofition des
mains, & reconciliez en prefènce de toute l’églife. Ce
que nous trouvons ordonné en particulier, à l’égard
desNovatiens & des Montenlès ou Donatiftes de Rome
, dans un concile que ce pape y tint avec quatre-
yingt évêques le huitième des ides de Janvier, fous le
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confulat d’Arcade & de Bauton, c’eft-à-dire, le fixiéme
de Janvier 3$6. Il nous en refte une épître fynodale,
contenant neuf canons de difcipline, & adreflee aux I0is- ‘ *
évêques d’Afrique.
Un autre concile de Rome tenu vers le même tems Cond™;ti0B
du vo'iage de Theodofe, ou peu après , condamna ¿c jovmicn.
l’heretique Jovinien. Il avoit pafie les premières années
de là vie dans les aufteritez de la vie monaftique,
jeûnant, vivant de pain & d’eau, marchant nuds pieds,
portant un habit noir, & travaillant de fes mains. Mais ^ r- v-4i.
il fortit de ion monaftere ,, qui étoit à Milan, & alla
à Rome, oü il commença à femer fes erreurs. Elles fe
réduifoient à quatre principales. Que ceux qui ont été
regenerez par le baptême avec une pleine f o i , ne peuvent
plus eftre vaincus par le démon ; que tous ceux
qui auront confervé la grâce du baptême, auront une
même récompenfe dans le ciel 5 que les vierges n’ont
pas plus de mérité que les veuves ou les femmes mariées,
fr leurs oeuvres ne les diftinguent d’ailleurs ¡ enfin
qu’il n’y a point de différence entre s’abftenir des
viandes, & en uièr avec aétion de grâce. Il nioit auffi Amw. ,p. 4i.
que la fainte Vierge Marie fût demeurée Vierge, après ln
avoir misJefus-Chrift au monde, prétendant qu’autre-
ment c’étoit attribuer a J. C. un corps fantaftique avec
les Manichéens.
Jovinien vivoit conformément à fes principes. Il
étoit vêtu & chauffé proprement, portoit des étofes
blanches & fines , du linge & de la foye : il fe frifoit
les cheveux , fréquentoit les bains & ies cabarets , ai-
moit les jeux de hazard , les grands repas, les mets délicats
& les vins exquis ; auffi y paroifloit-il à ion teint
frais & vermeil , & à fon embonpoint. Toutefois, il
fe. vantoit toûjours d’être moine, & garda le célibat,