
6 o é H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tes. Car au refte, rien n’étoit plus fobre que ces moines.
Il marque qu’ils étoient vêtus de noir , & ajoute c On
établit ces moines même à Canope ; & on engagea les
hommes à ièrvir , au lieu des dieux , les plus milèrables
eiclaves. Car ayant raftèmblé les telles de ceux qui a-
voient été executez en juftice pour leurs crimes;ils les
reconnoilibient pour les dieux , fe proilernoient devant
eux , 8c croyoient devenir meilleurs, en iè foüil-
lantà leurs tombeaux. On appelloit martyrs & diacres,
8c médiateurs envers les dieux , ceux qui après avoir
vécu dans une milèrable ièrvitude , étoient morts fous
les coups defoüets, & dont les images portoient encore
les marques de leurs iupplices ; & toutefois la terre
porte de tels dieux. Ce font les paroles d’Eunapius. On
y voit la coutume de mettre des reliques dans les lieux
que l’on vouloit confacrer à Dieu, & d’y loger des moines
pour les garder.On y voit les iaints particulièrement
les martyrs, reconnus pour les intercelîeurs envers Dieu;
& tellement honorefc, que fes honneurs paroiffoient
divins aux payens, qui n’en avoient que l’exterieur. Il
paroît que l’on fe profternoit à leurs tombeaux : que
l’on croyoit fe fànélifier en les vifitant : enfin que
l’on gardoit leurs images, 8c quelles portoient les marques
de leurs fouffrances.
Le plus fameux monaftere de Canope étoit celui de
Metanée, c’eil-à-dire, en grec, de la penitence ; on y
obfervoit la règle de S. Pacome, comme à Tabenne : 8c
il conièrva le droit d’afile attribué à ce Heu par les
pâyens. C ’en: à peü prés le tems de la mort de S. Pacome.
Deux jours auparavant , il âliembla tous iès frères
& après leur avoir donné quelques inftruétions
pour lepr conduite, il leur nomma Petrone , l’un d’en-
tie eux , colnme lé plus digne deJ lui fucceder. Ainfi
L i v r e j d i x - k e u v i e ?me . ¿ 0 7
il mourut en paix le quatorzième jour du moisEgyptien
Pachon , c'eft-à-dire, de May: jour auquel l’égliie ho- *
nore fa mémoire. Ses difciples firent fes funérailles félon
la coutume, ils paiTerent la nuit auprès du corps, chantant
des pfeaumes 8c des hymnes; & le lendemain l’en-
fevelirent dans la montagne. S. Petrone étoit malade au
monaftere de Chinobofquc 5 & iaint Pacome 1 avoit en-
vo'ié quérir. C ’étoit un homme d'une grande fo i, humble
dans fa conduite, réglé dans fes moeurs, d’une prudence
8c d’une diferetion parfaite ; mais il manquoit de
iànté. Il vint à Tabenne encore malade; & après avoir
gouverné peu de jours la communauté , il mourut, &
laifta pour fuçceifeur un iàinr homme nomméOrliefius.
L’idolâtrie n’étoit pas moins attaquée en Occident, xxxir.
quoiqu’elle y eût déplus puiftansdéfenfeurs. Theodo- cl0cc‘-
fe étant encore en Italie, fit conjointement avec le jeune
Valentinien deux loix qui regardoient l’Occident où ^ ° ' c- n 'dt
il le laifloit : la première adreiïee à Albin prefet deR.ome,
8c dattéede Milan le vingt-feptiéme de Février 3 g i.
portant défenièsà toutes perfonnes d’immoler des victimes
1 de vifiter les temples , 8c d’adorer des idoles.
Les juges font nommément compris dans la defenfe ,
fous peine de quinze livres d’o r , 8c autant contre leurs
officiers , s’ils ne les dénoncent. L’autre loi dartée de de
Concordia l’onziéme de May 3 g 1. & adreiïee à Flavien il
prefet du prétoire d’Ulyrie 8c d’Italie, eft contre les apo-
ftats, qui profanoient leur baptême en devenant païens.
Cette loi défend qu’ils foient reçûs pour témoins, ni
qu’ils puiiTent faire teflament,ou recevoir quelque cho-
fe du teftamentd’un autre ; c’eft-à-dire , qu’elle les dé-
claroit infâmes , & félon le terme latin, inteftables. Elle
les priveTuili de toute dignité, foit qu’elle vienne de
leur naiflance, ou qu’elle leur ait été conférée depuis;