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Etant arrive a 1 enceinte du lieu facré , il n’entra pas
dans 1 eglife : mais il alla trouver 1 evêque qui étoit aiTis
dans la lalle d audience, Sc il le pria de lui donner l’ab-
folution. S. Ambroife dit, qu’il s’élevoit contre Dieu-
même , 5c qu'il fouloit aux pieds ies loix. J e les refpctfte,
dit l’empereur -, 8r jeneveux point entrer contre les réglés
dans le veftibule facré : mais je vous prie de me
délivrer de ces liens ; 5c de ne me pas fermer la porte „
que le Seigneur a ouverte à tous ceux qui font pénitence.
S. Ambroife lui dit : Quelle pénitence avez-vous
donc faite, après un tel péché ? C’eft à vous, dit l’empereur,
a m apprendre ce que je dois faire. S. Ambroife
lui ordonna de faire pénitence publique É car encore
qu’il fe fût abftenu d’entrer dans l’églife , il n’avoit
point encore pratiqué la pénitence reguliere : il lui demanda
de plus une loi qui fulpendît les éxecutions de
mort pendant trente jours. L empereur accepta l’une 5c
1 autre condition : il fit écrire la loi, 5c y iouferivit de
fa main ; il fe fournie à la pénitence publique. Aufïr-
tot S. Ambroife leva l’excommunication, 8c lui permit
t Îm j ' ° 1' ^encrce 4$ 1 eglife. Toutefois l’empereur ne fit pas fa
Soi. 7. c . i ; . priere debout ou a genoux ; mais ayant ôté tous fes or-
nemens impériaux , qu’il ne reprit point pendant tout
le tems de fa penitence : il demeuraprofterné lur le par/
a/. us. j ve,diiantces paroles de David : Mon ame eft attachée
a la terre , donnez-moi la vie , félon votre parole. En
difant cela , il s arrachoit les cheveux , fe frappoit le
front, 8c arrofoit le pave de fes larmes, demandant mi-
°h- fericorde : le peuple le voyant ainfi humilié , prioit 8c
i<S v. dmt; pleuroit avec lui, Sc il conferva la douleur de ce pec hé
r- rj. c th. tout le reftede fa vie. Nous avons une loi qui porte le
vp*g.’m. 3so. nom de Theodofe, 8c qui ordonne de tenir enfufpensle
* f fort des condamnez pendant trente jours. Mais elle
L i v r e d i x -n e u v i e’ m e . 581
porte auffi le nom de Gratien, 8c eft datée du quinzième
des calendes de Septembre, fous le confulat d’Antoine
8c de Syagrius, c’eft - à-dire , du dix - huitième
d'Août 382.. Ainfi ce n’eft point celle qui fut faite en
cette occafion.
S. Ambroife s’appliquoit foigneufement à l’admini-
ftration de la pénitence , à l’égard de toutes fortes de
J perfonnes. Voici comme en parle Paulin auteur de fa
vie: Toutes les fois que quelqu’un lui avoit confeifé fes
pechez, pour recevoir la pénitence : 11 répandoit tant
de larmes, qu’il obligeoit le pénitent à pleurer , car il
fembloic être tombé avec lui. Mais il ne parloit des crimes
qu’on lui avoit confeilez: qu’a Dieu feul : laiffant
un bon exemple aux évêques fuivans, d’être plutôt in-
J terceffeurs devant Dieu , qu’accufateurs devant les
hommes. On voit dans le témoignage de Paulin la con-
feifion fecrece des pechez, faite au pafteur, pour parvenir
à la pénitence. Lesévêques en étoient encore les
miniftresordinaires enOccident. Caron n’avoit recours
a ce remedeque pour les grands pechez, qui n’étoient
pas frequens entre les Chrétiens. Cette difeipline s’ob-
lervoit principalement à Rome. Il y avoit un lieu marque
pour les pénitens, ou après la célébration des my f-
teres, aufquelsils ne participoient point, ils fe profter-
noient à terre avec larmes 8c gemiflemens ; 8c tout le
peuple les fecondoit, par des pleurs 8c des cris fembla-
bles. Enfuite l’évêque s’étant relevé , relevoit aufli les
I pénitens, failoit lureux des prières convenables, & les:
" renvoyoit. Chacun accompliffoiten fon particulier fa
penitence : jeûnant, s’ubftt-ninr du bain 8c de la nour-
ritureordinaire, ou pratiquant d autres aufteritez, fe-
j lo 1 q t’elles lui avoient été preferites.. Il attendok le
tems marqué par l’évêque, 8c alors, ayant achevé fat
D d dd iij
X I I .
Difeipline delà
pénitence en
Occident.
Vaut. n. jÿ .
Scü. 7 , c• ro»