
i i 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
— " " tation extraordinaire. Auguftin fe Tentant prefïe de ré-
A n. 3 8d. panc|re douleur par des cris & par des pleurs, fe leva
pour s’éloigner de luij& le laiflant au lieu où ils s’étoient
affis, alla fe coucher fous un figuier, ou ne fe retenant
plus, il verfoit des torrens de larmes, & crioit : Jufques
à quand,Seigneur, quand finira vôtre colere ? pourquoi
demain?pourquoi non maintenant ? Alors il entendit ■
d’une maifon voifinej une voix comme d’un enfant,
qui repetoitfouvent en chantant ces deux mots latins :
Toile lege, toile lege-, c’eft-à-dire : Prenez lifez. Il chan-
geadevilàge, & penià très-attentivement, fi les enfans
avoient aecoûtumé de chanter ainfi en quelque lieu ;
mais il nefe fouvint point d’avoir oüi rien de ièmblable.
Il retint iès larmes, & crut que Dieu lui commandoit
d’ouvrir le livre,& de lire le premier article qu’il trouve-
roit ; le fouvenant que S. Antoine avoit été converti^ la
leéture de l’Evangile. Il revint donc promptement au
lieu où Alypius étoit demeuré. Il prit le livre de S. Paul
qu’il y avoit laifle ; l’ouvrit & lût tout bas le premier ar-
Rom. x n z . 13 . ticleoùiljettales yeux. C ’étoit celui-ci : Ni dans les fe-
ftins & l’yvrognerie, ni dans les couches & les impudicia
tez, ni dans les querelles & la jaloufie ; mais revêtez-vous
du Seigneur J. C. & ne cherchez pas à contenter la chair
en fes defirs. Il n’en lût pas davantage ; & aufli-tôt toutes
lès incercitudes le diffiperent.
Il ferma le livre après avoir marqué l'endroit; & d’un
viiàge tranquille dit la chofe à Alypius , qui demanda
nom, xit. 1. à voirie pamge, & lui en fit remarquer la fuite : Recevez
celui qui eftfoible dans la foi: s’appliquant à lui-
même ces paroles. Us rentrèrent & vinrent dire cette
heureufe nouvelle à fain te Monique, qui fut tranfpor-
tée de joye. Auguftin refoluten même tems de renoncer
au mariage, & à toutes les eiperances du iiecle , &
_ premièrement
L i v r é d i x -h ù i t i e‘ m s : 513
premièrement de quitter Ion école de rhétorique. Mais
il le voulut faire fans éclats Se comme il ne reftoit qu'environ
trois femaines jufques aux vacances, que l’on
donnoit pour les vendanges, il remit à ce tems-là à fe
déclarer: ayant même un -pretexte plaufible devant le
monde : parce que fa poitrine s'étoit échauffée le même
été : enforte qu’il eût été obligé de quitter fa pro-
feifion, ou du moins de l’interrompre quelque tems.
Quand il fut libre, il fe retira à la campagne, en un
lieu nommé Cafficiac , dans la maifon d’un ami nom
mé Verecundus , citoyen de Milan , & profeffeur de
grammaire. Auguftin s’y retira avec fa mere, ion frere
Navigius , fon fils Adeodat, Alypius & N eb r id iu s , &
deux jeunes hommes fes difciples, Trygetius & Licen-
tius dont le dernier étoit fils de Romanien. Pendant
cette retraite il compofa fés premiers ouvrages , qui
font écrits très-poliment ; mais ils- ie fentent encore ,
comme il le reconnoît, de la vanité de l’école. Le premier
eft contre les Académiciens, qui prétendoient que
tout étoit obfcur & douteux,& quelefage ne devoir rien
affûter comme manifefte&certain. Plùfieurs touchez de
leurs argumens, defefperoient de trouver la vérité.Saint
Auguftin en avoit été lui-même ébranlé, & il fit ce traité
, principalement pour s’affermir contre cette erreur.
Le fécond ouvrage eft le traité de la vie heureufe : com-
pofé d’un entretien, dont il regala la compagnie comme
d’unfeftin fpiritue l, le jour de fa naiffance treizième
de Novembre , & les deux jours fuivans. Le fujet
eft de montrer que la vie heureufe ne (e trouve que
dans la connùiffance parfaite de Dieu. Letroifiéme ouvrage
eft le traité de l’ordre, où il examine la grande
queftion , fi l’ordre de la providence divine comprend
toutes chofes, bonnes Si mauvaifes ; mais voyant que
Tomel V . T t t
ix . Conf. c, z»
l u t .
Premiers ouvrages
de iàint
Auguftin.
v i 11 .Confie» 6»
ix . 9 .3.4.
L b. i . Retrafó»
1 xt.centr»
c. 20«
De ’ be. uit/i
n. 6.
■i.- Xetr, c. z.
Ibid. c. 3*