
4 ° 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
la province, fuivant les canons de Nicée. Les églifes
qui font chez les nations barbares, feront gouvernées
fuivant la coutume reçûë du tems des peres. Tel eft
le fécond canon du concile de C. P. J’apelle ici une
diocefe au féminin , ce que le grec nomme Dioicelis,
qui étoit un grand gouvernement, comprenant plu-
fieurs provinces, dont chacune avoit là métropole. Car
ce que nous appelions aujourd’hui un dioceiè : c’eft-à-
dire le territoire d’une cité fournis à un fèul évêque, le
nommoit alors p4ro/'c/à,c’eft-à-dire voilînage,d’où nous
avons fait le mot de paroilïe: je nomme province ce
que le grec nomme eparchia, & qui étoit moins que la
dioceiè. L ’occalion de ce canon, fut que pendant laper-
lècution de Valens, quelques évêques s’étoient mêlez
même utilement des affaires eccleliaftiques des autres
provinces : comme S. Eulèbe de Samolàte, qui avoit même
ordonné des évêques;& l’onne vouloir pas que ces
exemples fulîênt tirez à conlèquence. On voit dans
ce canon tout le plan de l’églilè Orientale : premièrement
les deux patriarches, comme on les a nommez
depuis, celui d’Alexandrie & celui d’Antioche: dont les
droits étoient bien dilferens. L ’évêque d’Alexandrie a-
Voit legouvernement de toutes leséglifèsd’Egypte,compris
la Libye & la Penfapole : l’évêque d’Antioche avoit
feulement quelques privilèges, mais le gouvernement
ecclefiaftique de la diocefe d’Orient, dont Antioche
étoit la capitale, eft ici attribué en général aux évêques
d’Orient, entre lefquels il y ayoit plufieurs métropolitains.
Les premiers évêques des trois autres grandes
dioceiès d’A fie , de Pont & deThrace, prirent enfuite
le titre d’Exarques : celui d’Afie étoit l’évêque d’Ephefe ,
celui de Pont l’évêque deCeiàrée en Capapdoce, celui
de Thrace avoit été jufques-là l’évêque d’Heraçlee >
L i v r e d i x - h u i t i e ’ m e . 4 0 'y
mais il étoit dès-lors effacé par celui de C. P. A nT îT i *
Au refte en tout ceci, le concile de C. P. non plus
que celui de Nicée ne prétendoit rien établir de nouveau
, mais feulement confirmer les anciennes coûtu-
mes. Il les confirme auffi à l’égard des pais barbares,
c’eft-à-dire hors l’étenduë de l’empire Romain : parce
qu’il faloit s’accommoder àl’état des lièux,&aux moeurs
des peuples. Ainfi les Scythes voifins de l’embouchure s»;! S/'xvf
du Danube n’avoient qu’un feul évêque : apparemment "•I,m
parce qu’ils étoient encore errans & fans demeure fixe ,
& nous ne voyons auffi qu’un évêque chez les Goths.
Tout l’ordre de la hiérarchie ecclefiaftique étoit réglé
& confirmé par une ancienne tradition. Ce canon don- Conc- w . ?
nantaux conciles des lieux toute autorité pour lesaffai-c" i- 45’
res ecclefiaftiques, femble ôter la faculté d’appeller au snuf'9l‘v'
pape accordée par le concile de Sardique , & revenir
à l’ancien droit. Ilfut auffi ordonné en ce concile, que Cm . 3.
l’évêque de C. P. auroit la prérogative d’honneur après ^ c %
l ’évêque de Rome : parce que C.1 P. étoit la nouvelle 1 1 Soün VII« c* 9*
Rome. Ce canon eft le plus célébré de tout le concile ;
& foit que cet honneur fût nouveau pour l’évêque de
C . P. foit qu’il en fut déjà enpofleffion, les fuites en
furent très-importantes : & au lieu d’une fimple dignité
, cë fut bien-tôt une jurifdiétion fort étenduë.
Pour empêcher la facilité de calomnier les évêques vin.
1 1 . 1 .1 1 >«i r Autres canons* catholiques, le concile ordonna qu il neleroitpasper- caru
mis à toutes fortesdeperfonnages indifféremment deles
accufer.S’il s’agitd’un intereft particulier,&d’une plainte
perfonnelle contre l’évêque, on ne regardera ni la
perfonne de l’accufàteur ni fa religion ; parce qu’il faut
faire juftice à tout le monde. Si c’eft une affaire ecclefiaftique
, un évêque ne pourra être accule, ni par uns
heretique ou ichilmatique, ni par un la'ique exçoms-
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