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à ion fils. L ’évêque répondit : Il eft encore trop indocile
& trop enflé de cette herefie qui lui eft nouvelle.
Lailïez-le & contentez-vous de prier pour lui : il verra
en lifânt quelle-eft cette erreur. Moy qui vous parle,
en mon enfance , je fus livré aux Manichéens par ma
mere qu’ils avoient iéduite : j’ai non-feulement lû ■, mais
tranfcrit prefque tous leurs livres ; de moi-même je
me iuis defàbufe. Sainte Monique ne fe rendit pas à ces
paroles du faint évêque ; & comme en pleurant abondamment,
elle continuoit à le preffer de parler à ion
fils: r 'évêque lui répondit avec quelque chagrin : Allez,
il eftimpofliblequelefils de ces larmes periflè. Ce qu’elle
reçût comme un oracle du ciel. Son fils toutefois
demeura neuf ans Manichéen , depuis l’âge de dix-neuf
ans juiques à vingt-huit.
Il entretenoit une concubine, & lui gardoit la fidélité
, comme à une femme légitime. Ayant achevé iès
études, il enfeigna dans là ville de Tagafte la grammaire
, 8c enfuite la rhétorique. Un Arufpice lui offrit
de lui faire gagner le prix en une difpute de poëiïe ,
moyennant quelques iàcrifices d’animaux : mais il le
rejetta avec horreur , ne voulant avoir aucun commerce
avec les démons. Toutefois il ne failbit point de
difficulté de confiilter les aftrologues, & de lire leurs
livres. Mais il en fut détourné par un fàge /ÿeillard ,
nommé Yindicien, médecin fameux, qui avoit reconnu
par ion expérience la vanité de cette étude. Auguftin
avoit alors un ami intime qu’il avoit rendu Manichéen,
çarils’appliquoitauiîi àièduireles autres. Cet ami tomba
malade , & demeura long-tems fans connoiflaneei
comme on defèfperoit de fa vie, on le baptifà. Quand il
fut revenu à lui, Auguftin voulut fe moquer du baptême
qu’il avoit reçeu en cet état ; mais le malade rejetta
ce
L i v r e d i x :k u i t i e ’x îé ; ÿoç
ce diiburs avec horreur, & mourut peu de jours après,
fideieà la grâce. Auguftin avoit environ vingt-fix ans, ij-n.
quand il écrivit deux ou trois livres de la beauté & de
la bien-féance, mais cet ouvrage ne fubfifte plus.
Il commençoità fè dégoûter des fables que les Ma- L■ I
• t ' • • • 1 WBBÊÊSSÊÊ Auguftin le dé- meheens racontoient , principalement lur le interne goûte besManf-
du monde, la nature des corps celeftes & des élemens. cbl'c“s'
Ces connoiflànces, difoit-il, ne font pas neceflâires pour T. Cay. c, ¡,
la religion ; mais il eft neceflàire de ne pas mentir, & ne
fe pas vanter de fçavoir ce que l’on ne fçait point ; principalement
quand on veut paflèr comme Manés , pour
être conduit par le S. Eiprit. Il goûtoit beaucoup mieux Jt a< (m
les raifons que les mathématiciens & les pHilofophes ,
rendoient des éclipfès,des folftices & du cours des aftres.
Il y avoit un évêque Manichéen nommé Faufte, vanté
par ceux de fà feéîe , comme un homme merveilleux &
parfaitement inftruit de toutes les fciences. Après qu’il
eut été long-tems attendu , il vint enfin à Carthage,
où Auguftin enfeignoit la rhétorique. Il trouva un c.(.
homme agréable 8c beau parleur ; mais qui ne difoit à
fonds que ce que difoient les autres Manichéens ; fèule-
mentil l’expliquoit avec plus de facilité & de grâce. Auguftin
cherchoit autre choie, & avoit l’efprit trop foli-
de pour fe payer de l’extérieur .T oute la fcience de faufte
étoit d’avoir lû quelques oraifons de Ciceron, très-peu
de Seneque, & ce qu’il y avoit de livres des Manichéens
écrits en latin. Mais quand Auguftin voulut aprofon-
dir avec lui les difficultez qu’il avoit touchant le cours
du foleil, de la lune & des autres corps celeftes ; faufte
lui avoua de bonnne foi, qu’il n’avoit pas étudié ces
queftions. Auguftin voyant le peu de fatisfaéfion qu’il
avoit tiré du plus fameux doéleuf des Manichéens, s en
dégoûta tout-à-fait dès lors à l’âge de vingt-neuf ans.
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