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S. Bafîle reçoit
Valeur ¿ans Ton
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2.44 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
l'empereur au milieu de votre peuple & au nombre de
vos auditeurs. Il ne s’agit que d oter du fymbole le mot
de confubftantiel. Bafile répondit : Je compte pour un
grand avantage de voir l’empereur dans 'l’églife : c’eft
toujours beaucoup defauver une ame : Mais pour le
fymbole, loin d’en ôter ou d’y ajoûter, je ne fouffrirois
pas même qu’on y changeât l’ordre des paroles. Je vous
donne, ajouta Modefte,-la nuit pour y penfer. Baille
répondit : Je ferai demain tel que je fuis aujourd’hui.
Le prefet Modefte renvoïa S. Bafile, & alla en diligence
trouver l’empereur, à qui il dit : Seigneur, nous
fommes vaincus. Çet évêque eftau-deffus.des menaces;
il n’en faut rien attendre que par ,1a force. L’empereur
défendit de lui faire violence, & ne pouvant fe refoudre
à accepter véritablement fa communion, par ;la honte
de changer de parti : il ne laiifa pas de l’a,cçepter extérieurement,
venant dans l’églife. Il y entra donc le
jour de l’Epiphanie environné de tous fes gardes, & fç
tnêla pour la forme au peuple catholique. Quand il entendit
le chant des pfeaum.es, qu’il vit ce peuple im-
menfe, & l’ordre qui regnoit dans le ianétuaire & aux
environs : les miniftres facrez plus femblables à des ani
ges qu’à des hommes : S. Bafile devant l’autel le corps
immobile, le regard fixe , l’efprit uni à Dieu;comnje
s’il ne fût rien arrivé d’extraordinaireceux qui l’envi-
ronnoient remplis de prainte & de reipeét. Quand Va-
lens vit tout cela, ce fut pour lui un fpeôtacle fi nouveau
! que la tête lui tourna ,& fa vûë s’obfçprcit. On
ne s’en apperçût.pas d’abord : mais quand il fallut apporter
à la fainte table fon offrande, qu’il avoit faite de
là main, voïant que perfonne ne la recevoit fuivant la
coûtume, parce qu’on ne fçavoit fi faint Bafile voudrait
l’accepter : il chancela de telle forte, que fi un des
L i v r e s e i z i e ’m e . iÉ | |
miniftïes de l’autel ne lui eût tendu la main pour le foû-
tenir, il feroit tombé honteufement. Ce récit tiré de
S. Grégoire de Nazianze, contient plufieurs circonftan-
ces remarquables. On voit que pour être dans la communion
parfaite de l’églife, ce n etoit pas affez d’affifter
aux prières, & d’offrir même des dons à l’autel : il y man-
quoit la participation de l’euchariftie. Que chacun fai—
foit de fa main le pain qu’il offrait, & que l’empeteut
même n’en étoitpas difpenfé : car il ne paraît pas que
ces dons puffent être autre chofe. Enfin quoique Valens
fût Arien déclaré 5c perfecuteur de l’églife : non feulement
S. Bafile ne l’excommunie pas, mais il le laiffe
entrer dans l’affemblée des fideles, &c reçoit fon offrande.
Il eft vrai qu’on ne voit pas s’il lui permît d’affifter
au faint facrifice.
Une autre fois l’empereur vint encore participer en
quelque maniéré à l’ailemblée des fideles. Il entra même
au dedans du voile dans la diaconie ou facriftie,! :&
lia converfation avec S. Bafile, comme ildefiroit depuis
long-temps, S. Grégoire de Nazianze y étoitpre-
fent, & témoigne que S. Bafile parla.d’une maniéré divine,
au jugement de tous les aihftans. A la fuite de
l’empereur, étoit un de fes maîtres d’hôte!nommé De-
mofthene, qui voulant faire quelque reproche à faint
Bafile fit un barbarifme. S. Bafile le regarda en fou-
riant, & dit : Un Demofthcne ignorant : Demofthene
irrité lui fit des menaces ; & S. Bafile lui dit : Mêlez-
vous de bien faire fervir la table, & non pas de parler
de théologie. L’empereur prit tant de plaifir aux dif-
coufs excellens de S. Bafile, qu’il commença à s’adoucir
, & à devenir plus humain envers les catholiques.'
H donna de très-belles terres-, qu’il avoit en ces quar-
tiers-là pour l’ufage des pauvres lepreux,
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Greg. N a z .p . 371}
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