
7 ° H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n . 364. c^a^e Par ^es or<^rcs de plufieurs empereurs ,. devoir au
moins en attendre un nouveau avant que de revenir.
Car j ai bien accordé aux Galiléens bannis par'Gonftan-
rius d’heureufe mémoire,1e retour dans leur païs, mais-
non pas dans leurs églifes. Cependant j’apprends que
1.audacieux Athanafe a repris avec fa hardieife accoutumée
le fiege qu’ils nomment épifcopal fiau grand déplai-
PeuPlë pieux d’Alexandrie.*C’eft pourquoi je lui
ordonne de fortir de la ville a l’inftant qu’il aura résuma,
lettre: fous peine, s’il y demeure , d’un châtiment plus-
grand & plus rigoureux.
Le peuple chrétien d’Alexandrie écrivit à Julien, au
nom de toute la ville , pour obtenir la confervation de
fvint Athanafe ; & l ’on voit combien Julien en fut irrité -
par fa îeponfe : Quand vous auriez, d i t - i l , pour fondateur
quelqu’un de ceux qui ont violé leur propre
lo i , & fooffert la peine qu’ils méritoient , pour avoir
introduit une dodrine nouvelle : vous ne devriez pas-,
demander Athanafe. Mais aïanr pour fondateur Alex
a n d r e ,^ pour dieu tutelaire le roi Serapis, avec fa
compagné Iiîsla reine de toute l’Egypte : il eft éton-
nant que vous ne fuiyiez .pas la plus faine partie de la;
ville , & que lapartie corrompue ofe prendre le nom de
là communauté. J’ai grande honte par les dieux , que
quelqu unde vous autres Alexandrins fe confeiTe Gali-
Icen. Les pères des vrais Hebreux ont autrefois été ef-
clavês des Egyptiens ; & vous qui avez foûmis les E-
gyptiens, vous vous rendez efclaves de ceux qui ont
meprife les foix de leurs peres-. G’eft un reproche que les
pai'ensfaifoient fou vent aux chrétiens, de n’être que des-
Juifs deferteurs & révoltez contre leur loi. Julien continue
¡Vous ne vous fou venez point de votre ancienne
itlic ice , lorfque l’Egypte étoit en commerce avec les-
L i v r e q u i n z i e ’ m -e . . 71
dieux & comblée de biens. Mais, dites-moi,, quel bien
vous ont apporté les auteurs de cette nouvelle doétrinc ?
Vous avez pour fondateur Alexandre de Macedoine
ferviteur des dieux , qui par Jupiter étoit bien audeflus
de tous ceux c i ,, &c de tous les Hebreux , qui valoient
mieux qu’eux. Les Ptolomécs qui ont enfuite élevé
votre ville comme leur chere fille , ne l’ont pas conduite
à cette grandeur & à cette heureufe abondance , par les
difeours de Jésus , ni par la doéfcrine des maudits Galiléens.
Augufte aïant ôté les Ptolomées qui ne gouvernoient
pas bien , vous pardonna vos fautes par le refpeû du
grand dieu Serapis, & en faveur du philofophe Arius
fon ami. Voilà les grâces particulières que votre ville
a reçûës des dieux. Ignorez-vous celles qu’ils répandent
fur tout le genre humain ? Etes-vous feuls infenfi-
blesà la fplendeur du foleil ! Ne fçavcz-vous pas. qu’il
fait fieffé & l ’hyver, qu’il produit tous les animaux &
toutes les plantes ? Ne voïez-vous pas que la lune tire
de lui la vertu de produire toutes chofes ? Cependant
vous n’ofez adorer aucun des dieux ; & vous reconnoif-
fez pour Dieu verbe, J ésus , que ni vous ni vos peres
n’avez vû : au mépris de celui que tout le genre humain
regarde & adore pour fon bonheur : je dis le grand
■foleil, l’image vivante , animée , raifonnablc , bienfai-
fante du pere intelligible. Croïez-moi, & revenez à la
vérité : j’ai marché jufques à vingt ans dans votre v o ie ,
& voici la douzième année , qu’avec laide des dieux.,
je marche dans celle-ci. Ces paroles montrent que la
lettre eft écrite après le fixiéme de Novembre de l’année
361. car Julien étant né le fixiéme de Novembre 331.
ne fut qu’alors dans fa trente-deuxième année , & nous
apprenons ici qu’il avoit renoncé au chriftianifme dès
A n . 3 6 1 ,
Sup. l iv . x i i .
n. 1.