
448 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
qu il Toit prive de 1 opération divine. Si quelqu’un n’adore
pas le Crucifié, qu'il foie anathême & au rang de
íes meurtriers. Si quelqu’un dit que J. C- a été perfectionné
par fes oeuvres, ou élevé à la dignité de fils,après
fon baptême ou après fa refurrerftion,comme ceux que
les payens mettent au rang des dieux; qu’il foit anadíeme.
Car ce qui commence, ou profite, ou fe perfe&ion-:
ne,n’eft pas Dieu;quoique l’on parle ainfi de J .C . à caufe
qu’il fe découvrit peu à peu. Si quelqu’un d i t , qu’il a
maintenant quitté fa chair, que la divinité eft dépoüil-
lée du corps ; & qu’il ne viendra pas avec le corps rju’il
a pris & qu'ilçonferve : puiflc-t-il ne point voir la gloire
de fon avenement. Si quelqu’un dit que la chair de
J. C. eft defeenduë du C ie l , & non pas qu’elle eft prife
de nous: qu’il foit anathême.
Venant enfuite au point capital de l’hereiîe d’ApolIi-'
naire, il dit : Si quelqu un efpere en un homme fans en-!
rendement,il eft fans entendement lui même,8tindigne
d etre fauve. Car Dieu n a guéri Stne fauve que ce qu’il
a pris.Si Adam n eft tombe qu’a demi il n’afallü en prendre
& en fauver que la moitié : s’il eft tombé tout entiery
qu’ils ne nous envient donc pas le falut parfait ; & qu’ils
nerevêtent pas feulement le Sauveur d’os,de nerfs & de
la peinture d’un homme. S’il eft homme fans ame y c’e il
ceque difent les Ariens, afin d'attribuer la paffion à la
div in ité , comme au principe des mouvemens de fon
corps. S il a une ame fans entendement, comment eft-il
homme? car l'homme n’eft pas un animal fans entendement.
Ce fera la figure & 1 habitation d’un homme,avec
} ame d un cheval ou d un boeuf, ou d’une autre bête. Ce
fera donc la auffi ce qui eft fauvé; 8c la vérité m’aura
trompe,fi je me glorifie de l’honneur qu’un autre a reçu.
Il répondenfuite aux objeéfionsd’Apollinaire, Stprotefte
L i v r e D t ï ' B O l T i i 'm i,1 44*
Ü la fin que ceux qui ne profiteront pas de i s avis, 8c continueront
àd iv ite r l’églife, en rendront c. mpteau jour
du Jugement. Et comme Apollinaire impofoit à la multitude
par la quantité de fes écrits 8c les grâces de fa poë-
fie, faint Grégoire promet auffi d’écrire 8c de faire des
vers; cequifemble être la caufe de tantdepoëfies, qu’il
a compofées depuis fbn retour de C. P.
Il écrivit une fécondé lettre à Cledone, pour conten- om.ÎU
ter ceux qui demandoient des aiTurances de fa fo i, comme
s’il n’en eut pas afTez donné de preuves. Il déclare
fimplement qu’il n’a point d’autre foi que celle de N i-
cée :y ajoutant feulement ce qui regarde le faint Efprit,
dont la queftion n’avoit pas encore été meuë alors, il
délare auffi fa foi fur l’incarnation ; 8c parlant des
Apollinariftes, il ajoute qu’il veut bien donner un éclair-
ciffement touchant V ita l: a fin ,d it - il, qu’on nem’ac-
eufe pas de rejetter maintenant fa confeffion de fo i,
que j’ay reçuë autrefois , comme il la donna par écrit
au bienheureux Damafe évêque de Rome, qui la lui
avoit demandée* Ces termes font voir que cette lettre
a été écrite quelque temps après que Vital eut donne fa
confeffion de foi -, 8c après la mort de faint Damafe.
Saint Grégoire continué, en difantqueles Apollinariftes
ne déelaroient leur iecret qu’à leurs difciples : mais
que quand ils fie fentoient prefTez par la difpute , par les
notions communesqucl’écriturenous donne de l’incarnation:
ils avoüoient que J .C . avoit la raifon & l’entendement
, 8c qu’il étoit homme p a r fu iten ten d a n t
que la divinité fupléoit à ce qui manquoit du cote de
la nature humaine ; comme nous avons vu dans la difpute
de faint Epiphane contre Vital. Faut il donc s’éton- s«p. livr.xym
ner, dit faint Grégoire, fi ma bonne volonté m’a fait e 7.\$
prendre du meilleur côtç les paroles de V i ta l , dont d au-
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