
68 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Cette mitre étoit un bonnet de laine blanche orné de
pourpre, que l'on donnoit en Afrique aux vierges con-
iacrées à Dieu, pour marque de leur profelfion’, comme
ailleurs le voile.
Les Donatiftes ôtoient à celles qu’ils attiroient à leur
parti, les mitres qu’elles avoient reçûcs des évêques catholiques
, & leur en donnoient d’autres. Ils exorcifoient
les fideles pour les baptifer de nouveau ; ils lavoient les
murailles des églifes, brifoient les autels Si en faifoient
du feu , car la plûpart en Afrique n’étoient que de bois:
ils rompoient les calices facrez Si les fondoient , pour
les convertira d’autres ufages. En un mot, ils tenoient
pour profane tout ce que les éyêques catholiques avoient
confacré 3 & c’eft pour cette raifon qu’ils jettoient aux
chiens leur euchariftie. Us remettoient les diacres, les
prêtres Si les é vêques au rang des laïques : ils impofoient
la pénitence aux vierges Si aux enfans les plus innocens.
Mais comme ces pénitences n’étoient que pour la forme,
ils n’y obfervoient point les tems réglez par les canons :
l’un la faifoit pendant un an , l’autre un mois, l’autre à
peine un jour.
Par toutes les provinces , les gouverneurs païens
prenoient avantage de l’indignation de l’empereur,
pour maltraiter les Chrétiens , pour exiger d’eux de
groffes fommes, Si leur faire fouffrir des tourmens :
fçaehant bien qu’encore qu’ils excedaffent leurs ordres ,
ils n’en feroient pas repris. En e ffe t, fi les Chrétiens
s’en plaignoient , l’empereur leur répondoit : La fouf-
france eft votre partage : c’eft ce que votre Dieu vous
recommande. En Egypte S. Apollonius vivoit depuis
quarante ans dans le defert, avec un grand nombre de
difçiples. Aïant fçû que l’un d’eux avoit été pris pour
lui faire porter les armes malgré lui : car Julien faifoit
L i v r e q j ï i n z i e ’ me . 6 9.
enroller les clercs Si les moines : il alla dans la prifon le
confoler. Le centurion furvint , Si indigné qu’Apollo- ' 3
nius eût oféentrer, il l’enferma dans la prifon avec ceux
qui l’avoient accompagné à cette vifitc , voulant les enroller
tous : & fit renforcer la garde. Mais au milieu de
la nuit , un ange éclatant d’une grande lumière v in t ,&
ouvrit les portes de la prifon. Les gardes fe jetterent aux
pieds des Saints, les priant de fe retirer , difant qu’ils ai-
moient mieux mourir pour eux, que de réfifter à la puif-
fance divine qui les protegeoit. Le matin le centurion
lui-même, avec les perfonnes les plus confiderables,
vint en hâte à la prifon , les priant tous de fortir , parce
que la nuit un tremblement de terre avoit renverfé fa
maifon , Si tué fes plus chers domeftiques. Les faints fe
retirèrent chantant les loüangesde Dieu, & retournèrent
à leur defert. Saint Apollonius vécut encorelong-tems,
Si fitplufieurs autres miracles : il dçmeuroiten Thébaïde
près d’Hermopole , & avoit fous fa conduite près de cinq
cens moines.
Les païens d’Alexandrie ne laiiîerent pas long-tems xxxiv.
faint Athanafe en repos. Cette ville paffoit pour facrée ch,(Iv'ha'’aC=
parmi eux , & dédiée au grand Serapis : toutes fortes e**«;. «» æ*/.
de facrificateurs Si de magiciens s’y affembloient, Si y
exerçoient toutes leurs impietez fous la proteétion de
l’empereur : jufques à égorger des enfans innocens , de
l’un Si de l ’autre fexe , pour regarder leurs entrailles,
Si manger de leur chair : ce qui fe fit auftx fous ce regne
à Athènes, autre fiege de l’idolâtrie. Les Alexandrins Sacr- q n-
confpirerent donc contre S. Athanafe, & reprefenterent
à l’empereur qu’il rendoit inutile tout leur art -, qu’il
corrompoit la ville & toute l’E gyp te ,& que s’il y de-
meuroit, il n’y refteroit pas un païen. Sur cet a v is ,
Julien leur écrivit en ces termes: Celui qui avoir été jHi.ep.n. m