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S Julien Sabbas.
Theod. P h ilo t. c ,
2 . / . 780. C .
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1 9 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
il ajouta quelques herbes , & ne prenoit fa nourriture
qu après le foleil couche. Tel etoit le grand Aphraate
qui vint alors au fecours de la religion , & fit enfuite
plufieurs autres miracles. Theodoret qui les rapporte
l’avoit vû , & avoir reçu fa benednftion étant encore
enfant.
Les heretiques firent courir le bruit que le gran d Julien
avoit embraife leur communion : ce fameux foli-
taire deTOfroëne , qui avoit connu par révélation la
mort de l’empereur Julien. On le n om m o it.S '^^c’eft-
a-dire en Syriaque chenu ou vieillard Pour diihper cette
impofture, Flavien , Diodore & Aphraate s’adreiferent
a Acace depuis évêque de Berée , qui avoit été inftruit
dans la vie monaftique par Afterius difciple de Julien
Sabbas. Ils perfuaderent à Acace d’aller avec Afterius
trouver le faint vieillard,& de l’emmener au fecours de
l’églife. Quand ils furent arrivez auprès de lui, Afterius
lui parla ainfi: Dites moi,mon pere, pourquoi fouffrez-
vous agréablement tant de peines?Julienrépondit:C’eft
que le fervice de Dieu m’eft plus cher que mon corps 8c
que ma vie. Je vous montrerai, dit Acace , le meilleur
moïen de le fervir maintenant.Quand il voulut montrer
à S. Pierre comment il feroit voir qu’il l’aimoit plus que
les autres, il lui dit : Si tu m’aimes, pais mes brebis.
Vous devez faire de même , mon pere : le troupeau eft
en danger,vous trahiriez la vérité par votre filence. Car
votre nom fert d’appâs aux Ariens pour tromper les
fimples, & ils fe vantent d’avoir votre communion.
Aulfi-tôt que le faint vieillard eut oui ces paroles,il prit
le chemin d’Antioche , renonçant pour un temps à la
folitude. Après avoir marché deux ou trois jours dans le
d é fe r t, il arriva le foirà une bourgade où une femme
fiche vint fe jetter à fes pieds, & le fupplier de loger'
chez elle avec fa fainte troupe. Il y confentit, quoique
depuis plus de quarante ans il n’eût point vû de femmes.
Pendant que celle-ci étoit occupée à fervir fes hôtes ,
comme il étoit nuit,un fils unique qu’elle avoit,âgé de
feptans, tomba dans un puits. Cet accident fit du bruit,
la mere l’apprit : mais elle commanda à tous fes gens de
fe tenir en repos, couvrit le puits, 8c continua à fervir fes
hôtes. Quand ils furent à table,le faint vieillard dit que
l’on appellât l’enfant pour recevoir fa benediétion. La
mere dit qu’il étoit malade -, mais le faint infifta & pria
qu’on l’apportât. Elle déclara enfin l’accident. Julien fe
leva de table & courut au puits. Il le fit découvrir,& apporter
de la lumière; il vit l’enfant affisfur lafurfacede
l’eau, qu’il frappoit de la main en fe joüant. On attacha
un hommeà des cordes,on le defcendit dans le puits,& il
en retira l’enfant;qui auffi-tôt courut aux pieds du faint
vieillard,dlfant qu’il l’avoit vûquilefoûtenoitfur l’eau.
Quand il fut arrivé à Antioche , le peuple accourut
de tous cotez, pour le voir, & pour recevoir la guérifon
de diverfes maladies. Ilfe logea au pied de la montagne
dans ces cavernes, où on difoit que S. Paul s’étoit caché :
mais auffi tôftil tomba malade lui même d’une fièvre
violente. Acace en étoit affligé , craignant que ceuxqui
venoient en foule , dans l’efperance d’être guéris, n’en
fuifent feandalifez. Julien lui dit : Ne vous découragez
point : fi ma fante eft neceifaire , Dieu nie la donnera
incontinent. Auffi-tôt il fe mit à prier à fon ordinaire ,
profterné fur les genoux , le front contre terre, demandant
à Dieu de lui rendre fa fanté , fi elle devoit être
de quelque utilité aux affiftans. Il n’avoit pas achevé fa
priere , quand il lai vint tout d’un coup une grande
fueur, qui emporta la fièvre. Enfuite il guérit plufieurs
malades de toutes fortes, 8c s’en alla à ï’aifemblée des
B b iij