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c. s. Ence tems on lui periuada d’aller enfeigner à Rome
où les écoliers étoient plus raifonnables qu’à Carthage.
Il s’embarqua malgré fa mere, & la trompa, fous prétexte
daller accompagner un ami jufques à iamer. Ar-
rive a Rome il tomba malade d’une fièvre qui le mit
t . io . à l’extremité, mais il ne demanda point le baptême. Il
étoit logé chez un Manichéen ; & il continuoit de les
frequenter, retenu par la liaifon de l’amitié. Mais il n’ef-
peroit plus de trouver la vérité parmi eux : & nes’avi-
fbit pas de la chercher dans l’égliiè catholique, tant i!
étoit prévenu contre ia doélrine. Il commença donc à
penfèr que les philolbphes Académiciens qui doutoient
de tout, pourroient bien être les plusiages, & il repre-
noit ion hôte de la trop grande foi qu’il ajoûtoit aux
t. î}. fables des Manichéens. Cependant la ville de Milan
envoïa demander à Symmaque prefet de Rome, un pro-
feiïèur de rhétorique} & par le crédit des Manichéens,
Auguftin obtint cette place, après avoir fait preuve de
fa capacité par un diieours. Ainfi il vint à Milan en 3 84.
étant âgé de trente ans.
Auguftin à Mi^ Saint Àmbroifè le reçût avec une bonté paternelle, qui
commença à lui gagner le coeur. Auguftin écoutoit affi-
duëment iès fermons, feulement pour la beauté du ftile,
& pour voir fi ion éloquence repondoit à fa réputation.
Il trouvoit ion diieours moins attrayant que celui de
Faufte, mais plus fçavant & fans comparaifon plus io-
r. 14. lide. Il ne faiibit d’abord aucune attention aux choies
que diioit iàint Ambroiiè 5 mais il ne laifla pas iniènfiblc-
ment d en etre touché malgré lui, & de voir que la
doélrine catholique étoit au moins ioûtenable. Il reib-
lut tout à fait de quitter les Manichéens, & de demeurer
en qualité de catecumene, comme il étoit dans l’égliiè
que fes parens lui avoient recommandée, c’eft-à-
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dire dans l’églife catholique ; jufques à ce que la vérité
lui parût plus clairement. Sainte Monique étoit venue •ctrft/.e.i.
le trouver avec une telle fo i, qu’eñ* palfant lamer , elle
conibloit les mariniers,même dans les plus grands périls,
par l’aifurance que Dieu lui avoit donnée, qu’elle arri-
veroit près de ion fils. Quand il lui eut dit, qu’il n’étoit
plus Manichéen, mais-qu’il n’étoit pas encore catholique,
elle n’en fut point furprife; mais elle lui répondit
tranquillement, qu’elle s’ailuroit de le voir fidele catholique
, avant qu’elle iortît de cette vie. Cependant
elle continuoit fes prières, & étoit attachée aux difeours
de S. Ambroiiè, qu’elle aimoit comme un ange de Dieu, c. 1.
fçaehant qu’il avoit amené fon fils à cet état de doute ,
qui deyoit être la criiè de fon mal. Comme elle avoit
accoûtumé en Afrique d’apporter aux égliiès des martyrs
du pain, du vin & des viandes 5 elle vouloit faire de
même à Milan ; mais le portier de l’égliie l’en empêcha,
& lui dit que l’évêque l’avoit défendu. Elle obéit auiïitôt,
iàns aucun attachement à là coûtume. S. Ambroife
au refte avoit aboli ces repas dans les égliiès ; parce qu’au
lieu des anciennes agapes ibbres & modeftes, ce n’étoit
plus que des occafions de débauche. Il aimoit de ion IX- H H H
cote iainte Monique pour ía píete & bonnes oeuvres ;
& fouvent il felicitoit Auguftin d’avoir une tellemere.
Car toute fa vie avoit été vertueuiè. Elle étoit née dans c‘"^1
une famille chrétienne , où elle avoit eu bonne éducation,
Elle avoit été parfaitement foûmiiè à ion mari,
ibuffrant fès débauches & les emportemens, avec une
patience qui ièrvoit d’exemple aux autres femmes ; &
elle le gagna à Dieu fur la fin de fa vie. Elle avoit un talent
particulier de réünirlesperfonnesdiviiè'es. Depuis
qu’elle fut veuve , elle fe donna toute aux oeuvres de
pie té : elle faifoit de grandes aumônes, fervoit les pau-
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