
X L VIII.
Commence -
mens de S. Au»
gnftill.
V, Pagi an j 77.
n. 3.
Vojfid, vitae. i.
ConfeJ?. lib. 1 •
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l. 1.
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y o 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
à-dire, dans la religion comme dans l’empire.Enfin faint
Ambroiiè & lesevêques catholiques demeurèrent en
repos.
Il y avoit environ deux ans que S. Auguftin étoit à
Milan : il y fut témoin de ces miracles & des combats
de S. Ambroifè, & fe convertit peu de rems après. Il
étoit Africain, né le treizième de Novembre l’an 3 54. à
Tagafte, ville épifcopalede Numidie. Sesparensétoient
Chrétiens, & de condition honnête : fon pere fe nom-
moit Patrice ,ià mere Monique. Ils eurent grand foin
de le faire inftruiredes lettres humaines; & tout le monde
rémarquoit en lui un eiprit excellent, & des difpo-
iîtions merveilleuiès pour les fciences. Etant tombé malade
en fon enfance & en péril de m ort, il demanda le
baptême : ayant déjà été Fait catecumene par le ligne
de la croix & le ièl. Sa mere alarmée , diipofoit tout
pour le faire baptifer : mais tout d’un coup il fe porta
mieux, & fon baptême fut différé. Il étudia d’abord à
Madaure la grammaire & la rhétorique jufques à l'âge
de fèizeans,que fon pere le fit revenir à Tagafte, & l’y
retint un an , pendant qu’il préparoit les choies necefi
foires pour l’envoyer achever iès études à Carthage ;
car la paffion de faire étudier ce fils, lui faifoit faire des
efforts audelà de fes facultez. Pendant ce ièjour de Tagafte,
le jeune Auguftin méprifant les fàges conièils de
fàmere, commença à fè laiffer emporter aux amours
deshonnêtes, invité par l’oifiveté & par la complaifànce
de fon pere , qui n’étoit pas encore baptifè. Mais il le
fut avant fa mort, qui arriva peu de tems après. Auguftin
étant arrivé à Carthage , iè plongea de plus en
plus dans l’amour des femmes, qu’il fomentoit par les
ipeétacles des théâtres. U ne laifToit pas de demander à
Dieu la chafteré : mais il n’eût pas voulu être exaucé
L i v r e d 1 x - h u i t i e ’ m e . ; o ;
fi-tôt. Cependant il avançoit avec grand forcez dans
fes études, qui avoient pour but d’arriver aux charges
& aux magiftratures : car l’éloquence en étoit alors le
chemin. Entre les ouvrages de Ciceron qu’il étudioit,
il lut l’Hortenfius, que nous n’avons plus, & qui étoit
une exhortation à la philoiophie. Il en fut touché , &
commença dès-lors, à l’âge de dix-neuf ans à méprifer
les vaines eiperances du monde, & à délirer la iàgefte
&les biens immortels; & c e fut le premier mouvement
de là converfion.
La feule choie qui lui déplaifoit dans les philofophes,
c’eft qu’il n’y trouvoit point le nom de J. C . qu’il avoit
reçû avec le lait de fa mere , & qui avoit fait dans fon
coeur une profonde impreffion. Il voulut donc voiries
iàintes écritures ; mais la iimplicité du ftile l’en dégoûta.
Alors il tomba entre les mains des Manichéens, qui ne
parlant que de J. C. du S. Eiprit & de-la verité, le fèdui-
firent par leurs difeours pompeux , lui donnèrent du
goût pour leurs rêveries, & d e l’averiion pour l’ancien
teftament. Cependant ià mere plus affligée, que fi elle
l’eût vu mort, ne vouloit plus manger avec lui : mais elle
fut confolée par un fonge. Elle fe vit fur une réglé de
bois, & un jeune homme éclatant qui venoit à elle d’un
vifàge riant, lui demandant la caufe de fa douleur, elle
répondit^-qu’elle pleuroit,1a perte de fon fils. Voyez ,
lui dit-il, il eft avec vous : en effet, elle le vit auprès
d’elle fur la même réglé. Elle raconta ce fonge à Auguftin,
qui lui dit : C’eft que vous ferez ce que je fuis.
Mais elle répondit fans héfiter : Non. Car on ne m a
pas dit : T u feras où il eft ; mais il fera où tu es. Depuis ce
tems elle logea & mangea avec lu i , comme auparavant.
Elle s’adreffa à un faint évêque, & le pria de parier
XLIX.
Auguflin Ma*
niche en.
c. y.
c. S,