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X V I .
Con erfion
fils d’un facrific
tcur.
T h eod . f i l . A i
3 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q i î e ,
La fête de Daphné duroit fept jours, pendant lef-
quels Julien fit un feftin public félon la coutume. Le
factificateur avoit deux fils qui écoienc mimftres du
a‘ temple, 6c arrofoient d’eau luftrale les viandes que
4. l’on fervoic à l ’empereur. L ’un d’eux fit cette fondhon
le premier jo u r , & auifi-tôc s’enfuit à Anrioche en
courant, & alla trouver une vertueufe diaconelfe amie
de fa mere, qui l’avoit fouvent exhorté â fe faire
chrétien. Après la mort de fa mere , il* avoit continué
de la v o ir , & aïant profité de fes inftrudtiuns, il
lui demanda enfin comment il pourroit embralfer la
religion qu’elle lui enfeignoit. Il fau t, lui dit-elle,
fuïr votre pere , lui préférer celui qui vous a crées
l’un 6c l’autre , & palfer dans une ville où vous puilliez
éviter les mains de l’empereur ; 6c je vous promets d’en
prendre foin. Je viendrai, répondit le jeune homme,
& je remettrai mon ame entre vos mains. Ce fut donc
en exécution de cette promeife qu’il s’enfuit de Daphrié,
6c vint chez la diaconelfe, la priant d’accomplir fa
parole. Elle fe leva aulli-tôt, & le mena à faint Me-i*
lece. Car il étoit revenu d’Antjoche, fur La liberté
que bempereur avoit donnée aux exilez! Il fit demeurer
quelques temps ce jeune homme dans une chambre
haute. Cependant fon pere le cherchoit. Après
avoir fait le tour de Daphné, il vint à Antioche, il
parcourut toute les rues : enfin palfant devant le lo gis
de faint Melece, il vit fon fils qui regnrdoit par
le treillis de la fenêtre. Il y courut & l’en tira de force,
l ’emmena chez l u i 6c premièrement lui donna quantité
de coups de foiiets : puis aïant fait rougir au feu
de grandes aiguilles, il lui en perça les nvains, les
pieds & le dos ; Sç enfuite fl l’enferma dans fa çhambre
qu’il barricada par dehors, 6c s’en retourna à Daphné.
L i v r e q u i n z i e ’m e . 37
Le jeune homme rempli d’un zele extraordinaire bri—
fa toutes les idoles de fon pere : puis£craignant fa colere,
il pria JefuSrChrift de le délivrer. Car c’eft pour
vous, difoit-il, que j’ai fouffert 6c que j’ai fait tout ceci.
Comme il parlpit ainfi, les barricades tombèrent, les
portes s’ouvrirent, 6c il courut chez la diaconelfe qui
l’a voit inftruit. Elle l’habilla en femme, le prit avec elle
dans fa ütiere & le remena à faint M.elece : qui le mit
entre les mains de faint Cyrille de Jerufalem , avec lequel
il partir la nuit 6c s’en alla en Paleftine. Theo-
doret qui rapporte cette hiftoire , l’avoit apprife de la
propre bouche de celui à qui elleétoit arrivée, qui la
lui raconta dans fa vieillelfe : ajoûtanr qu’après la mort
de Julien il avoit même converti fon pere le facrifica-
teur.
Julien voïant Antioche toute chrétienne, la prit en
averfion ; mais il fut très-content des villes voifine.s.
Car auffi-tôt qu’il eût donné fes ordres pour rétablir
l’idolâtrie, elles reléverent les temples , renverferent
les tombeaux des martyrs , 6c perfecuterenr ouvertement
les Chrétiens. A Arethufe en Syrie l’évêque Marc
avoit abattu du temps de Conftantius un temple très -
refpeéfé des païens, 6c très - magnifique : il avoit bâti
une'églife , & converti grand nombre d’infideles. Sous
Julien voïant les païens prêts à faire éclater contre lui
la haine qu’ils gardoient depuis long-temps : il voulut
d’abord s’enfuir , fuivant le precepte de l’évan-
gile : mais fçaehant que l’on avoit pris â fa place quelques
perfonnes de fon troupeau, il revint & fiÿ'livra.
aux perfecuteurs. Ils le prirent, tout le peuple s’amaffa
autour de lui : ils le traînèrent par les rues, le prenant
aux cheveux & par tout où ils pouvoient atteindre :
fans avoir pitié de fa vieillelfe , ni refpedter fa vertu &
E iij
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V. V a le f. h ic .
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Martyrs en Syrie.
Mifopog. p. 9J.
T heod . n i . hifî.
c . j .
Greg. N a z . or.
p. 88
Sozom. v . c. 10 .
M a t t h .x 2.3.