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contra un vieillarddebonnemine avec une grande
barbe blanche, qu’il prit pour un laïque à caule de l*a
différence de l'habit des prêtres Grecs 8c des Latins ;
lui dit d’un ton de voix menaçant : Allons, maudit
vieillard montre-moi les plus précieufes reliques
que tu gardes, autrement içaches que tu es mort. Le
prêtre grec effraie par le ton de fa voix,car il n’enten-
doit pas fes paroles , commença pour l’adoucir à lui
parler en langageFranc dontil içavoit un peu,8c l’abbé
qui n’étoit point en colere , lui fit entendre comme
il put en la même langue ce qu’il defiroit de lui.
Alors le Grec l’ayant confideré , 8c jugeant que
c’étoit unreligieux,crut plustdlerable de lui confier
des reliques que de les abandonner à des feculiers,qui
les profaneroient deleurs mains fanglantes;8c lui ouvrit
un coffre ferré, où l’abbé enfonça les deux mains
avecempreffement, 8c emplit de ce qu’il jugea plus
précieux fon habit rctrouffé exprès, 8c fon chapelain
• en fit autant. Il fortit aufli-tôt de l’églife pour gagner
lesvaiffeaux : 8c fes amis qui en venoient le rencontrant
ainfi chargé, lui demânderelit ce qu’il portoit.
Il leur répondit d’un vifage gai à ion ordinaire: Nos
affaires vont bien, 8c paflant promptement, il vint à
fon yaiffeau,8c mitdans fa chambre,qui étoit propre,
fon facré butin, en attendant que le tumulte fût ap-
paifcdanslaville.il demeura trois jours fur le vaif-
feau, honorant ces reliques avec beaucoup de dévotion
; fans que perfonne fçût fon fecret, qu’un de fes
deux chapelains, 8c le prêtre Grec qui les lui avoit
données, 8c qui voyant fa bonté 8c fa libéralité , s’é-
toit attaché à lui. L ’abbéMartin revint enfuiteàC.P.
où il paffa tout l'ctc,honorant ces reliques en fccret :
L i v r e So 1 x a n t e - s e i z i e ’ me. 155
il s’embarqua vers laNativirédela Vierge,ôcretour- Ii0 4 *
nant en Paleftine arriva à Acre le premier d’Oéto-
bre. Il en partit l’année fuivante le mardi avant le
dimanche des Rameaux vingt-neuvième de Mars, B>IJ'
arriva à V eniffc la veille delà pentecôte, puis à Baiîe, ». |v
&; enfin à fon monaftere de Paris, le jour de la Saint
Jean 12.05. Les reliques qu’il apporta étoient dufang
deN. S. du bois de la vraie croix,des os de faint Jean-
Baptifte, un bras de faint Jacques, 8c grand nombre
d’autres.
Entre les ecclefiaftiques François qui s’étoient croi- TjdTt. t S
fe z étoit Galon de Sarton chanoine de S. Martin de
Piquigni, fils de Milon chevalier feigneur de Sarton
village près de Dourlens au diocefe d’Amiens. Dans
le pillage deC. P. il prit d’adordquelques reliques,
fçavoir le chef de Saint Chriftofte, le bras de Saine
Eleuthere 8c quelques autres ; mais obéïffant au ban
qui avoit été publié, il les remit entre les mains de
Garnier évêque deTroïes commis pour lesconfer-
ver. Gârnier fut depuis fait chanoine à S. George de
Manuaneou de l’ArfenalàC.O P. ôdaveilledelaNativité
de la Vierge fe promenant dans un vieux palais
demi ruiné joignant cette églife, ilaperçut une
fenêtre bouchée de foin 8c de pierres,où il foupçon-
naqu’il y avoit des reliques; 8c en effet il y trouva
deux vafes, dont l’un contenoit le doigt, î’autre le
bras de Saint George : mais craignant d’être furpris,
il les remit. Le lendemain fouillant plus avant il
trouva deux baffins d’argent avec leurs étuits qu’il
emporta , 8c connur par les inferiptions, que dans
l’un étoit le chef de Saint George, £c dans l’autre le
chef de Saint Jean-Baptifte,