
148 H i s t o i r e E e c L E S i A î T iQ U r .
f z o t' gé de l’armée & ceux qui avoicnt les ordres du pape-."
Ceux-ci declarerent aux feigneurs & aux autres
croifez j que celui qui commettoic un tel meurtre,
n’avoit droit de tenir aucune terçe,& que tous ceux
qui le reconnoiflbient, étoient fes complices: d’autant
plus qu’ils s’étoient fou (traits de l'obedience de
Rome. C’eft pourquoi nous vous difons,ajoûterent-
i l s , que la guerre eil jufte ; & fi vous avez droite
intention de conquérir le pais , & le mettre à l’o-
bedience du faint fiege, vous gagnerez l’indulgence
que le pape vous a accordée. Ce difcours encouragea
merveilleufement les croifez, la gderres’alluma
plus vivement entre-eux &c les Grecs-; Si ils re-
folurent de faire leurs efforts pour prendre C. P»
Gefi» im. n. 3Uparavant les François & les Vénitiens firent
enfemble un traité pour le partage de leur conquête:
où ils repetent plufieurs fois qu’ils ont en vue:
l’honneur de Dieu, de l’églife Romaine & de l’empire.
Après avoir réglé l’éleétion del’empereur ,,ils
ajoutent : le clergé de la nation dont ne fera pas-.
l’empereur, aurapouvoirdereglerl’églife de fainte
Sophie & d’élire le patriarche: & le clergé de chaque
nation difpofera des. églifes qui lui feront échues..
Quant aux biens immeubles des églifes , on leur eu
donnera & à leur clergé de quoi fubfiiler honnêtement
: le refte fera partagé comme il a été réglé
pour les autres biens. Nous ferons ferment les uns
ôi les autres de demeurer un an entier depuis le dernier
jour du prefent mois de Mars, pour maintenir
l’empire Se le nouvel empereur. Et en fuite ; Si quelqu’un
contrevient à ce traité, on procurera de part
Sc d’autre qu’il foit excommunié par le pape. La
. L i v r e s o i T A N T e-s i i z i e ' m e . 1 4 ?
date eil du mois deMarsno4. indiélion feptieme.
Les François 8t les Vénitiens attaquèrent donc
C. P. du côté de la mer, Sc la prirent par efealade le
lundi delà femaine de la Paffion douzième jour d’ A-
v ril 12.04. félon les Grecs 1 an 6711. indiélion feptîe-
me. Mourchoufle s’enfuit la nuit fuivante après,
avoir régné deux mois &c demi. Le lendemain
mardi les François ôc les Vénitiens ne trouvant
point de refiftance, commencèrent à piller la v ille
, puis ils partagèrent également la butin: la part
des François fut eilimée quatre cens mille marcs
d’argent fans ce qui avoitété recellé. En ce pillage
fe commirent tous les. defordres, qui font les fuites
ordinaires de la fureur & de 1 avidité que rien ne
retient. Les églifes ne furent pas égargnées : o» foula
aux pieds lesfaintes images, on jetta les reliques
en des lieux immondes, on répandit par terre le
corps & le fang de N. S. on employa les vafes fa-
crez à des ufages profanes. Lafacrée table de fainte
Sophie compofée des m-atieres les plus ptécieufes;
avec un tel artifice y qu’elle étoit 1 admiration de
tous les peuples, fut mife en pièces & partagée
comme le refte du butin & pour enlever les portes
& les baluftres d’argent, on fit entrer des mulets
jufques dans le fanéluaire, qu’ils profanèrent de
leurs ordures. Une femme infolentevinty danfer,.
& s’affeoir dans les fieges des prêtres.
Ces defordres font rapportez par Nicetasauteur
Grée, qui étoit alors à C. P. & il ajoute: Voila ce
que vous avez fait vous qui prétendez être fçavans,
fages, fideles à vos fermens; amateurs de la vérité,
ennemis des méchans, plus religieux & plus j.uftes»
11.
Seconde prife
de C. P. parles
Latins.
n. iz j .
n. 13 f.
Ni cet a s p. 3 <»?•>
Nicet. p. 3<i8i