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Slip- liv. LXXIY.
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135.
1 3 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
C ’eft pourquoi le Cardinal Melior envoyé légat
en France par. le pape Celeftin III. ordonna de met-
tre en interdit toutes les terres du comte de Flandres
: Surquoil évêquede Tournai confultal’arche-
vêque de Reims fon patron, 8c lui écrivit ainfi:
la plaie de l’interditprécedenteft encore toute fraîche
; fi on frappe en fécond coup il fera mortel, &
pendant notre filence les herefies fe fortifieront :
les églifes étant fermées ceux qui vivent de l’autel
feront réduits à la mendicité. Ornousfçavonsque
le coeur de ce prince eft tellement endurci, qu’il
ne fe foucie ni d'excommunication, ni d’interdit,
& préféré le temporel au fpirituel. Et eniuite:Délivrez
moi de la main de notre prince, qui m’épouvante
par fcs menaces, 8c fait faifir les biens de
notre églife. Obéïifant comme j ’ai toujours fait
au pape & à vous, j ’ai prononcé excommunication
contre lui 8c interdit fur fes terresmiais nos
abbez, nos do'rens & nos curez ne veulent point
Fobferver, difar.t qu’ils ont appelle : quoique je leur
aïe fignifié que leur appel étoit nul. J ’étois preft à
fortir de la v ille , fi je l'avois pu faire en fureté.
Et ailleurs : Les laïques nous infukent, nous menacent,
8C dans leurs difcours en public 8c en particulier
, ne parlent pas de moins que de chatteries
prêtres & piller leurs biens. Ils difent qu’il eft injufts
de les punir pour le péché d’un autre, 8c de leur re-
fufer les facremens, puifqu’ils font catholiques &
fournis à l’églife. Nous connoiifons les Flamans, &
nous fçavons que leurs menaces fontfuivies des effets.
ils veulentintroduire àlaplace denos prêtres des
étrangers fufpe&s ou corrompusdans ladodrine.Om
L i v r e s o i x a n t e - q t i i n z i e ’ me. 133 *:
• , • 1 • J * - * 1 1 2.0 )« voit ici les inconvemens des interdits: mais quoique,
l’évêque deTournai eûtemployécelui-ciavecaffez ^ Jfi J7_
de rigueur, il ne laiffa pas d’être accufé de foibleffe
2c depufillanimité par l’évêque de Cambrai.
Etienne de Tournai fe plaint dans fes lettres de
l’abus des mandats apoftoliques pour la provifiondes
bénéfices,8c voici comme il en écrit au pape même.
Il nou$ vient iouvent des hommes fans mérité,dont ^ ^
onne connoît ni l’origine ni la conduion,ni s’ilsfont
exempts de crimes : mais qui font porteurs de vos
lettres monitoriales & ccmrmnatoires,parlefquelle$
vous nous ordonnez qu’à tous ceux à qui nous ou
nos predeceifeurs avons impofé les mains depuisla
tonfure jufques aux ordres faerez inclufi veinent,
nous leur donnions dequoifubfifter jufques ace que
nous leur conférions un benefice. Permettez-nous de
le dire, cet ordre nous eft nouveau: 8c auconcilede
Latran fous Alexandre III. où tous les évêques pre- Cm 5,fu{_üvi
fens ont donné leurs fuffrages,ee règlement n’a été “ *■
fait que pour les prêtres 8c les diacres. Nous i’obfer-
vons fidellement, mais il nous eft impoffible de retenir
le nombre 8c les noms de ceux que nous avons
ordonnez au-deflbus du diaconat; 8c encore plus de
leur donner à tous des bénéfices ouleurfubfiftance.
Nous aimerions mieux ne plus faire d’ordinations :
mais perfonne n’ignore le préjudicequel’églifç en
fouffriroit à l’avenir. Car en France la plufpart n’é-
tudient que pour parvenir aux ordres.
Dans une autre lettre au pape, il fe plaint ainii
des études de fon tems: L’ étude des faintes lettres
eft tombée chez nous : parce que les difciples n’a-
plaudiifent qu’aux nouyeautez , 8c les maîtres cher-
R iij,