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terre, ou livré à fesennemis. Enfin ce qui le touchoit
le plus, c’eft que la fête de l’Àfcenfion étoit proche ,
& il craignoit la prédiétion del’hermice Pierre. C ’é-
toit un homme de la province d’Yorc, qui pafloit
pour avoir le don de prophétie ; & l’année précédente
m z . difoit publiquement à qui vouloir l’entendre ,
que Jean ne feroit plus roi à l’Afcenfion prochaine, &c
que la couronne d’Angleterre paiferoit à un autre.
Etant amené au ro i, il le lui dit en face ; & ajouta :
Si je fuis convaincu de menfonge, faites de moi ce
qu’il vous plaira. Le roi le fit mettre en prifon :mais
fa prédiétion s’étant répandue dans les provinces fut
regardée comme venue du ciel.
Le roi Jean fe trouvant donc réduit au défeipoir
acquiefça aux propoiitions de Pandolfe ; & le treizième
de Mai 1113. qui étoit le lundi ayant l’Afcen-
fion , il tint avec lui une conférence à Douvres où
fe trouvèrent plufieurs feigneurs & un grand peuple
; & ils convinrent d’un traité de paix , dont le
pape avoit envoie le modèle, & où le roi difoit en
fubftance. Nous promettons de nous foumettre aux
ordres du pape devant fon légat ou. fon nonce fur
tous les articles pourlefquels il nous a excommuniez,
Nous donnerons une pleine paix à Eftienne archevêque
de Cantorberi & aux cinq évêques Guillaume de
Londres , Euftache d’E l i , Gilles d’Herford , Joce-
lin de Bath & Hubert de Lincolne, & aux autres
tant clercs que laïques interreifez en cette affaire,
fous peine de perdre la garde des égliiès vacantes &c
notre droit de patronage. Nous leur reftituërons tous
ce qui leur a été ôté & les dédommagerons de toutes
les pertes qu’ils ont fouffcrtes ; & pour çet effet aulïx-
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tôt après l’arrivée de celui qui nous doit abfoudre ,
nous ferons remettre huit mille livres flerlin pour
partie de la reftitution. S’il y a quelque difficulté fur
les autres articles, nous nous en rapporterons à l’arbitrage
du pape. Cette promefTe fut confirmée par le
ferment de plufieurs feigneurs.
Deux jours après fçavoir le quinze de Mai veille
de l’Afcenfion, le roi Jean déclara par une charte
autentique, que pour l’expiation de fes pechez , de
fa franche volonté & de l’avis de fes barons, il donnait
à leglife Romaine, au pape Innocent & à fes-
fucceffeurs le roïaume d’Angleterre & le roïaume'
d’Irlande avec tous leurs droits : qu’il ne le tiendroit
plus que comme vaffiil du pape & lui en feroit hommage
lige : & que pour marque de fujetion, outre le
denier S. Pierre, il païeroit tous les ans au pape mille
marcs de fterlins , fçavoir fept cens pour l’Angleterre,
trois cens pour l’Irlande. Obligeant tous fes fuc-
ceffeurs à maintenir cette donation fous peine d’être'
déchus de la couronne. L’ardhevêqüe de Dublin &
l’évêque de Norwic y font nommez comme témoins
avec fept feigneurs. Le roi donna cette charte à Pandolfe
pour la porter à Rome ; & auffi-tôt en fa pre-
fence & de tous les affiftans il fit hommage au pape
& ferment de fidélité. Pandolfe foula aux pieds l’argent
donné pour gage de la foumiffion du roi, non-
obftant l’oppofition de l’arehevêque de Dublin à qui
cette ceremonie déplaifoit. Le jour de l’Afcenfion
étant paffe, fans qu'il fut arrivé d’autre mal au roi
Jean : il crut avoir convaincu de menfonge l’hermite
Pierre. Il le fit tirer de prifon, traîner à la queue des-
she vaux , & pendre lui & fon fils : mais plufieurs en
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