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France, à la Provence & aux provinces de Tarentai*
H fe , de Befançon , d’Embrun , d’Aix , d’Arles & dç
1.17j. r. Vienne ; comme il paroît par fa lçccre du quinzième
de Février
Or afin que le roi de France tournât toutes fes for*
ces contre les Albigeois, le pape chargea encore le
.r.»;îo. légat de négocier la trêve entre lui & le roi d’Angleterre
, & écrivit à Louis une lettre où il dit en fubf-
tance : Nous vous ayons déjà écrit quantité de lettre?
pour vous conjurer de proroger la trêve faite par le
roi Philippe vôtre pere & le pere du roi 4’Angleterre
-, & quand elle fcroit finie, de ne pas attaquer le?
terres de ce prince, au préjudice du fecoprs de la ter*
re-fainte. Vous les avez toutefois attaquées au mépris
de nos prières ; & il femblc qu’elles payent fer*
vi qu’à vous élever contre l’églife Romaine vôtre
mere : comme s’il écoit jmpofiible que vous deveniez
unjourfuppliant devant elle. Ij lui reprefente la viçif*
iîtude des chofes humaines & lui propofe l’exemple
de l’empereur Otton qui eft tombé devant Fridcriç
encore enfant ; & du roi Richard d’Angleterre,con*
tre lequel Philippe Augufte implora utilement la pro-
reétion de l’églife , puis il ajoute.
Au refte yous ne devez pas trouver mauvais que
le S. fiege ufant de la plénitude de puiifançe qu’il a
re§ûë de Dieu , veuille vous empêcher fis faire la
guerre au roi d’Angleterre. Qufon ne vous dife point
que ce n’eft pas à nous à prendre fa défenfe en cette
occafion , parce qu'il s’agit des chofes feodales, Il a
1, ip été dit à Jeretnie qui étoit prêtre : Je t’ai établi fur
les peuples & les roïaumes pour arracher ¿¿détruire,
édifier & planter : jd’où il paroît qu’il appartient
L i v r é s ô i x a n t è d i x - S è u V i é ’më. .
pape qui tient le premier rang dans le facerdoce ,
d’arracher tout péché mortel : ce qui ne fe peut faire ^
quelquefois fans reprimer les rebelles. Puis donc que
l'on croit que vous pechez manifeftement contre le
roi d’Angleterre, nous que regarde la eorreétion de
tout péché,en quelle confcience pouvons-nous boucher
les oreilles à fes plaintes ? C’eft pourquoi malgré
tous vos refus nous vous conjurons encore de nous
tirer de cette peine, en reftituant à ce prince les terres
que vous avez envahies fur lui, en cédant de le
maltraiter , Si refervant à pourfuivre légitimement
dans un temps convenable les prétentions que vqus
avez contre lu i, afin de ne pas détourner le feeours
de la terre-fainte , dont les rois de France ont accoû*
tumé d’être les principaux promoteurs. Autrement
quelque défercnce que nous ayons pour vous, nous
ne pourrons manquer plus long-temps à ce que nous
devons au roi d’Angleterre.
- Suivant ces maximes qu’Honorius avoit reçues de
fes prédeceiTeurs depuis GregoircVII. le pape eft juge
de tous les differens des fouverains ; & il ne leur eft
permis de faire la guerre , que quand ¡l'aura décidé
qu’ils le peuvent fans péché. Quant au paifage de Je*
remie tant de fois allégué en ces matières, il prou vernit
que le moindre prêtre peut difpofer des couronnes
fuivant le fens qui lui eft ici attribué : mais il eft évident
par la fuite du texte facré, qu’il ne s’agit point de
la puiflance ordinaire du facerdoce, mais de la million
prophétique ; & que le prophète n’eft établi pour
édifier & détruire , qu’en prédifant comme il a fait,
la ruine Si le rétabliflement des royaumes.
Le cardinal Romain étant arrivé en France , aflif