
“ j— ■ Son arrivée releva le courage des afliegeans , & les
m , Touloufains furent répondez jufques à leur fofle.
Mais le comte s?étant un peu retiré près fes machines
pour éviter la grefle des traits & des pierres, il
fut frappé à la tête d’une pierre tirée par un mangonneau
; & fe Tentant blefle à m o rt, il fe frappa la
poitrine, fe recommanda à Dieu & à la fainte Vierge,
& tomba m ort, aïant été encore percé de cinq coups
de fléchés.
Amauri fon fils aîné, fut reconnu pour fon fuc-
ceiïeur , & tous les chevaliers François à qui il avoic
donné des tçrres, lui prêtèrent ferment de fidélité.
c«t‘bc.Ttui. Un mois après il fut obligé d’abandonner le fiege de
Touloufe : tant parce que l’argent & les vivres lui
m anquoient, que parce que les pelericns vouloient
retourner chez eux, & que plufieurs des gens du
païs , aïant appris la mort du comte Simon , quit-
toient fon parti & fe joignoient aux ennemis. Amauri
emporta le corps de fon pere à Carcaflonne, après
l’avoir fait préparer félon l’ufage de France : c’eft-à-
dire, comme je croi, que l’on fit boüillir fon corps
pour ne garder que les os. C’efl: ici que finit l’histoire
des Albigeois écrite par Pierre , moine des
Vaux-de-Sernai.
xix. S. Dominique aïant donc appris la mort du comte
fe?prlcUeurs.fre’ Simon , vint à Touloufe pour confoler fes freres de
S. Romain & fes religieufes de Proüille ;& leur procurer
la protc&ion neceflaire dans une fi fâcheufe
circonftance. Il partit de Rome vers le commencement
de Novembre : & aïant mis fes deux monafte-
res en fureté par le fecours des évêques, il paiTa en
£fpagne la même année iai8. & y fonda deuxffio-
L i v r e s o i x a n t e -d i x -h u i t i e ’m ë . 4 6? ________ ^
nafteres, un à Madrid, qui peu après fut donné a iiig>
des religieufes, l’autre à Segovie, qui fut la première
maifon des freres Prêcheurs en Efpagne.
Enfuite il revint à Touloufe, d’où il prit le chemin
de Paris, accompagné de frere Bertrand, qui
fut depuis le premier provincialde Provence. Au for-
tir de la Roquemadour en Q uerci, ils rencontrèrent T h .u .c . t .
deux pelerins Allemans, qui les voïant reciter par le
chemin des pfeaumes & des leçons, en furent édifiez
& fe joignirent à eux. Etant arrivez a un bourg,
ces bons Allemans les invitèrent à manger avec eux,
& les défraïerent libéralement pendant quatre jours.
Alors Dominique dit à fon compagnon en foupirant:
Mon frere, ma confcience me reproche que nous
vivons aux dépens de ces pelerins fans leur rendre
aucun fervice fpirituel : demandons a Dieu de pouvoir
parler leur langue. Ils prièrent ; & les pelerins
furent bien furpris de les entendre parler Allemand :
ce qui continua pendant quatre «autres journées,
jufques à Orléans où ils fe féparerent. Le lendemain
Dominique dit à Bertrand : Nous allons entrer a Paris,
fi nos freres fçavent que nous avons reçu le don
d’une langue étrangère , ils nous prendront pour des
faints : & fi la choie vient à la connoiflance des fecu-
liers, nous ferons expofez à la vanité. C eft pourquoi
je vous défends d’en parler avant ma mort ; Sc
Bertrand l’executa.
Dominique étant arrivé à Paris en 1119. trouva m . c . 9.jo r< i.
trente freres au convent de S. Jacques ; & après avoir c• >*■
demeuré un peu de temps avec eux, il prit le chemin
d’Italie, &i pendant l’été il arriva à Boulogne, où il
trouva une grande communauté à S. N icolas, fous
N n n iij