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I l 8 H l S T O ï R E E c C L E S l A S T I Q O E i
pû faire autrement, qu’il en avoic eu grande pitié;
ôc les chargea de faluer de fa part les barons
ôc les autres pelerins: à qui il donnoit l’abfolution
comme à fes enfans, les exhortant à fe tenir en-
femble, parce qu’il fçavoit bien que le fervice de
Dieu ne pouvoir être fait fans cette armée. Il donna
plein pouvoir à l’évêque de Soiffonsôcau docteur
Jean de Noyon de lier ôc délier les croifez,
jufqu'à ce que le cardinal légat fût arrivé à l’armée.
Pendant que les envoïez étoicnt àRome , la nouvelle
y vint que le jeune Alexis étoit arrivé àZara
à l’armée des croifez pour aller avec eux à C. P. Le
pape ôc tout fon clergé en fut allarmé,craignant que
ce ne fuc un artifice du démon pour ruiner l’armée ,
5c empêcher le fecours de la terre faintc. Ce n’eft pas
que le pape ne fût très-mecontent deC. P. 5c n’eût
fouhaité , s’il eût été pafiïble , qu’elle fût conqui-
fe par des catholiques fans effuffion de fang ; mais il
craignoit la perte de l’armée des croifez, fçachant
que C. P. avoic plus de bâtimens en mer pour la
pefche feulement, qu’ils n’en avoient en toute leur
flocte , fans compter les vaiflfeauxde guerre ou m a r chands.
Or l’avis du pape étoit,que les croifez allaf-
fent droit à Alexandrie, 5c qu’ils priflent feulement
de vivres en paiTant fur les côtes de Romanie : ainfi
nommoit-on toutes les terres de l’empire de C. P.
L’abbé Martin ne retourna point à Zara avec les autres
envoïez, 5c demanda au pape la permilfion de
s’en aller à fon monaftere. Mais le pape lui ordonna
d’accomplir fon voeu 5c d’aller à la terre fainte. Il alla
donc à Benevent, où il trouva le cardinal Pierre de
Capoüepreft à s’embarquer pour pafler droit à Acre.
A n . 12-oz.
Gejla Inn. n.
L i v r e S o i x a n t e - q . u i n z i e ’me. 1 19
Car le pape fuppofant que les croifez iroient ènPa -
leftine y envoya l’un après l’autre les deux légats 88.
Soffred ôc Pierre de Capoüe ; quipafferent pa r i ’iile
de C h ip r e , ôc y reglerent ce qui étoit neceffaire.
Soffred arriva le premier 5c trouva que Monaco
patriarche de Jerulalem étoit à l’extremité. Il mourut
peu de jours après, ôc Soffred lui-même fut
élu patriarche par le clergé ôc le peuple , avec le
confentement du roi ôc l’approbation des évêques
fuffragans. Pierre de Capoüe s’étant embarqué à Si-
ponte, 'arriva à Acre le vingt-cinquième d’Avril
110 3 . ôc l’abbé Martin avec lui.
L’évêque de Soiffons ôcles autres envoyez étant f.Geffa Inn. nr
revenus à Zara, raporterent aux François croifez les %7'
lettres du pape: par lefquelles illeurordonnoitde
fatisfaire pour le péché qu’ils avoient commis à la
prife de cette ville, ôc de rendre auxZaretins tout
ce qu’ils avoient du butin pris fureux. il enjoignit
auifi aux barons de promettre par lettres patentes
pour eux ôc pour leurs fucceffeurs, de fatisfajrc
pour ce fujet fuivant l’ordre du pape, ce qui fut
exécuté : ôc ils donnèrent un écrit datté de Zara
au mois d’Avril 110 3 . portant fur ce qu’ils avoient
encouru l’excommunication, ou craignoient de l’avoir
encourue pour la prife de cette ville , ils s’o-
bligeoient euxôcleurs fucceffeursde fatisfairefuivant
l’ordre du faint fiege. Telle fut la foumiffion des
François, mais on ne put perfuader aux Vénitiens
de demander l’abfolution pour ce fujet.
Les François qui leprévoyoient bien,avoient con-
fulté le pape touchant la conduite qu’ils devoient
tenir à leur e'gard : furquoi il leur répondit: Si les
Ap. Ttainald.
an* 12.03, n. j>