
4 ; o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
en Bretagne, ils arrivèrent en Efpagne â un port du
roïaume de Léon , où aïant laiffé leurs vaiiTeaux ,
ils allèrent en pelerinage à S. Jacques, S’étant rembarquez,
ils arrivèrent àLiibonne, où ils firent quelque
féjour, attendant d’autres vaiiTeaux aufquels ils
y avoient donné rendez-vous. Alors Suero évêque
deL iibonne, l’évêque d'Evora, Martin commandeur
de Tordre de S. Jacques de Palmela , les Templiers ,
tes Hofpitaliers S i d’autres nobles du Portugal, leur
firent un récit lamentable des continuelles allarmes
où les tenoit la proximité trop grande des Sarrafins,
S i particulièrement le château d’Alcaçar , d’où ils
avoient chaffé les chevaliers de faint Jacques ou de
Tépée, S i qui étoit obligé de fournir tous les ans au
roi de Maroc cent efclaves Chrétiens, Ils prioienc
donc les pèlerins de les délivrer de c e fâcheux voi-
finage. Les comtes prirent confeil S i eonfidererent
que la mer leur étoit fermée par l’incertitude de la
faifon , S i que leur préfence à la terre-fainte ne fe-
roit pas de grande utilité : vû principalement que le
roi des Romains S i plufieurs feigneurs d’Allemagne
n’y paifoient pas encore. C’eft pourquoi ils aimerent
mieux fervir cependant contre les infidelles, que de
demeurer inutiles ; & ils réfolurent d’affieger le château
d’Alcaçar. Mais plufieurs n’étoient pas de cet
avis, principalement les Friions, qui incontinent
après la S. Jacques, fe retirèrent aveç environ quatre-
vingt bâtimens.
Le fiege d’Alcaçar commença le trentième de
Ju illet, & quatre jours après arrivèrent avec une
belle fuite les évêques de Liibonne S i d’Evora , les
■chevaliers de faint Jacques & d’autre nobleife de Por-
L i v r e s o i x a n t e - d i x - h u i t i e ’me. 451
tugal. Le lendemain de la Nativité de la Vierge ,
c’eft à dire le neuvième de Septembre , quatre rois
Sarafins vinrent au fecours de la place, fçavoir le roi
de Seville, le roi de C ordouë, le roi de Jaën S i le
roi de Badajos. Mais deux jours après les Chrétiens
quoiqu’en nombre très-inégal, les vainquirent en
bataille : ou furent tuez les deux rois de Cordouë S i
de Jaën avec quatorze mille Sarafins, S i les captifs
furent fans nombre. Enfin vers la fainte Urfule qui
eft le vingt-uniéme d’O élobre, Alcaçar fe rendit à
diferetion : les habitans furent vendus, S i les pèlerins
rendirent la place aux chevaliers de Tépée , puis ils
retournèrent après la ToufTaints à Liibonne, S i y
paflerent l’hiver.
On donna avis au pape de cette conquête, par une
lettre écrite au nom des deux évêques de Liibonne
Sc d’Evora, du maître des Templiers en Efpagne ,
du prieur des Hofpitaliers en Portugal S i du commandeur
de faint Jacques de Palmela. Après avoir
raconté l’arrivée inefperée à Liibonne des croifez
Allemans S i le fiege d’Alcaçar, ils difent que la bataille
fut accompagnée de miracles, & que les Sarafins
qui y furent pris demandoient où étoient ces
guerriers vêtus de blanc, qui les aveugloient d’une
greile de traits, & les contraignirent à prendre la
fuite. Les prélats ajoutent : Nous nous jetions donc
à vos pieds, vous fuppliant d’ordonner que cette armée
de croifez demeure un an avec nous pour bannir
de toute TEfpagne la faufle religion des infidel-
Jes ; S i qu’eux S i nos croifez gagnent la même indulgence
que s’ils alloientàla terre fainte. Nous demandons
encore que les pèlerins, qui pour maladie
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Reg. Hrn . 11,
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Rain. n. jîfc