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Etat dé la terr<
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Greg. ep. 1 . 1,
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H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
deTouloufe & de tant d’autres princes, dont elle'
tient les terres en interdit, jufques à ce qu’elle les réduire
à une pareille fervitude. Je ne parle point des;
iîmonies,des exaéfcions inoüies qu’elle exerce furie
clergé, des ufures manifeftes ou palliées dont elle in-
feéfe tout le monde. Cependant ces fangfues infatia-
bles ufent de difcours tout de miel : dîfant que la;
cour de Rome eft l’églife notre mere & notre nour-
rice, au lieu que c’eft une marâtre & la fourcedetous-
les maux. On la connoît par fes fruits. Elle envoie'
de tous côtez dès légats avec pouvoir de punir,, de-
fufpendre , d’excommunier ; non pour répandre la^
parole de Dieu , mais pour amaifer de l’argent & moif-
fonner ce qu’ils n’ont point femé. Ils pillent ainfî les-
églifes, lès monafteres & les autres lieux de pieté que
nos peres ont fondez pour la nourriture des pelerins»
Sc des pauvres. Et maintenant ces Romains fans no-
blefle & fans valeur , enflez feulement de leur littérature
,.afpirent aux roïaumes & aux empires. L’églife'
a été fondée fur la pauvreté &i la fimplicité, & per-
fonne ne peut lui donner d’autre fondement que celui
que Jefus-Chrift y-a mis. On m’accufe à prefént
de n’avoir pas voulu paifer au terme preferit : mais;
outre ma maladie plulîeurs affaires indifpenfables me
retenoient, entr’autres l’infolence des Siciliens rebel--
les gpuifqu’il n’étoit pas fënfé ni utile à la Chrétienté;,
de paifer à la terre-fainte, laiffant derrière une guerre
inteftine.
Cependant le pape reçut des nouvelles de la terre-
fainte par une lettre patente écrite au nom du pai
’y triarche de Jerufalem, dés archevêques de Gefarée,,
'• de Nazareth & de N arbonne, des évêques de Vin-
I 1VJR.E s o i x a ï î t e - d i x - n e u v i e ’m e . <?43
«heftre & d ’Exceftre & des trois maîtres de l’H ôpi-
ital, du Temple &c de l’ordre Teutonique. Nous fom-
mes, difoient-ils, dans une défolation extrême de ce
que l’empereur n’eft point venu en Syrie au paifage
d’A oût. Sur cette nouvelle les pelerins, qui avoient
paffé devant au nombre de plus de quarante mille
bonshommes , font retournez fur les mêmes vaif-
feaux qui les avoient amenez. Toutefois après leur
.départ il eft demeuré environ huit cens chevaliers,
qui erioient tout d’une voix : O u rompons la trêve
ou retournons tous enfemble. On auroit tu grande
peine a les retenir , fans le duc de Limbourg , qui
devoit commander l’armée au nom de l’empereur.
Nous tînmes confeil fur ce fujet ; & le duc aïant
déclaré qu’il vouloir rompre la trêve, on lui repre-
fenta qu’ii étoit dangereux de le faire, & même malhonnête
, puifqu’elle étoit confirmée par ferment.
O n répliqua de la part du d u c , que le pape avoic excommunié
tous les croifez qui n’iroient point en ce
paifage, quoiqu’il fçût bien que la trêve devoit durer
encore deux ans : d’où ils concluoient que l’intention
du pape n’étoit pas que la trêve fut gardée. D ’ailleurs
les pelerins ne vouloient point demeurer oififs ;
&c plulîeurs difoient : S’ils fe retiren t, les Sarafins
viendront enfuite fondre fur nous , nonobftant la
trêve. Après donc une longue délibération , il fut
réfolu d ’aller à Jerufalem | & pour en approcher plus
facilement, de commencer par fortifier Cefarée &
Joppé , ce que l’on croit pouvoir faire avant le paf-
fage d’Août prochain. Cette réfolution fut publiée
hors la ville d’Acre vers la fête de S. Simon &S. Jude,
avec ordre à tous les pelerins de fe tenir prêts pour
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