
~ --------— * c o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. i 199. reCiqUCS avertis par le traître R a o u l , fe prefenterent
à la porte du palais o ù i l lo g e o i t , demandant à luy
parler; 8c l’aïant faifi , lui lièrent la gorge d’une
couroïe pour l’empêcher de cr ier , lui fermèrent la
bouche ôc luy enveloperent la tefte. Ils le tirèrent
ainfi du palais,voulant le mener loin hors de la ville.
M a i s comme ils n’ étoient pas d’accord du lieu où ils
le mcneroient, ils envoïerent à leurs compagnons,
ôc cependant ils le conduifirent à une petite loge ,
où iis luy propoierent de rendre l’argent ôc les gages
qu’il avoit e x ig e z , d’abandonner le gouvernement
de la ville, ôc prometcre avec ferment s il vouloit fau-
v e r fa v i e , de ne jamais perfecu ter leur fed e , mais
plutôt de la protéger. Pierre répondit qu’il vouloit
bien rendre l’argent ôc les gages : mais qu’il ne quit-
teroit point le gouvernement de la v i l l e , ne feroit
aucun ferment en faveur de leur fed e ; ôc ne viole-
roit point celuy qu’ilavoi t fa itdegouvernerOrvie t -
cependant un an.
Tandis que ces heretiques le prefloient ainfi, il en
furvint d’autres plus v io lens , dont l’un dit : A quoy
bon tant dedifcours ; ôc levant lebras , il le frapa fi
rudement fur le v ifage qu’il luy fit tomber une dent
ôc luy mit la bouche tout en fang. Un autre prenant
un inftrumenr de moulin, luy en donna fur le derrière
de la tefte un grand coup dont il tomba , la
bouche dans la pouffiere. D ’autres achevèrent de le
tuer en frapant fur la même plaie à coups d’épée 8c
de couteau. Ils voulurent jetter le corps dans un puics
qu’ils ne purent décou vrir,St laiffant le corps au pied
d’un arbre, ils s’enfuirent. Le jour étant venu , la
nouvelle dece meurtre fe répandit par toute la ville..
L i v r e S o i x a n t e - q u i n z i e ' m e . c i
L ’évêque accourue au lieu où étoit le corps, avec ion
cle rg é&une grande multitude de peuple: ce fut une
défolation univerielle.Le corps fut portea le gh fe cathédrale,
ôc enterré au même heu ou il conferoit lou-
ventavec l’évêque, des moyens d’excermmer les heretiques.
Il s’ y fit dcslors & pendant les mois luivans,
plufieurs miracles dont on a les relations bien circon-
ftantiées, ôc l Eglife d’O rviete honore Pierre comme
martyr le jour de fa mort vingt -unieme de Ma y . _
Ver sle même tems Bertrán évêque de M etz écriv
i t au pape Innocent que dans fa v ille Ôc fondiocefe
un grand nombre de laïques, ôc meme de femmes
touchez du defir d’entendre l’écriture fainte,avoient
fait traduire en François les évangiles, les epitres de
faint P a u l , le pfeautier, les livres moraux, J o b ôc
plufieurs autres ; ôc qu’ils s’appl iquoicnta la ledure
de cette verfion avec tant d'ardeur, qu’ils tenoient
des aflcmblées fecrettes, ôù ils en conferoient ôcle
préchoient les uns les autres. Us^ dédaignoient ceux
qui ne prenoient point de part à cette ctude , ôc ils
fe retiroient de leur compagnie; ôc quelques curez
ayant voulu les reprendre de cette conduite, ils leur
avoient refifté en face: prétendant leur montrer par
l’écriture qu’ils ne devoient point les empecher..
Quelques-uns méprifoient lafimplicitéde leurs pa-
fteurs ; ôc entendant leurs fermons, ilsdifoient en
fecret: Nous avons mieux dans noslivres, ôc nous--
en parlerons plus folidement.
Sur cet avis,le pape écrivit au peuple de- Metz une
lettre où il dit: Quoyque le défit d’entendre les fain-
tes écritures, ôc d'en tirer des fujetsi d’Æxhortationy
ioit plutôt louable que rep.rehenfible Í ces particu.-
f, Fî üj
An. m>s>,
c. J.
Papebr.Com“
pr 4.
XXIV.
Soupçon d’ho«
r e fie à M e t z .
1 1 . epift. 14 1,
C . i r . exta.de
h&ret-.