
An.J20J.
LIT.
Les Croiièz
jreiment C* P.
n. 90,
Chr. Saint Mar»
aiutij?. 12C3. .
n. iso«
3%icetas. p. 352.
112 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
il s’étonne pourquoi vous êtes venus fur ces terres ÿ
puifque vous êtes Chrétiens 8c lui auifi. Car il fçait
bien que vous êtes partis pour recouvrer la terre
fainte. Si vous avez befoin de quelque chofe, il vous
donnera volontiers des vivres 8c de l’argent, pourvu
que vous fortiez de fes terres; 8c il ne veut vous
faire aucun mal, quoiqu’il en ait bien le pouvoir.
Car quand vous feriez vingt fois autant, vousnelui
pourriez échaper, fans être tuez ou défaits. Par 1 accord
des barons, Conon de Betune feleva ôc répondit
: Nous ne iommes point entrez fur les terres de
vôtre maître,puifque l’empire n’eft point a lui, mais
à fon neveu, que vous voïez allas entre nous fur cette
chaife. S’il vouloit lui rendre la couronne ôc 1 empire,
nous pririons le jeune prince de lui pardonner,ôc
lui donner dequoi vivre richement. Et ne foïez pas
il hardi que de revenir, 11 ce n’eft pour promettre
cette reftitution,
Enfuiteles croifez montrèrent le jeune Alexis au
peuple de C. P. ôc n’ayant eu aucune réponfe, ils attaquèrent
la ville 8c la prirent d’aflaut. L’empereur
Alexis s’enfuit les Grecs tirèrent de priion Ifaac fon
frere l’aveugle, & le remirent fur le trône , puis ils
le mandèrent aux croifez : qui députèrent vers 1 empereur
Ifaac, ôc lui firent ratifier le traité fait avec fon
fils, Ainil ils entrerentà C. P. le vendredy dix-hui-
tiéme Juillet, ôc y amenèrent le jeune Alexis, qui
fut couronné empereur le jour de faint Pierre aux
liens premier d’Aoufl 1203. dans fainte Sophie. Son
oncle Alexis avoic régné huit ans, trois mois ôc dix
jours. Les croifez écrivitent au pape Innocent ce qui
s’écoitpaflepar une lettre où ils difoient:Depuis que
L i v r e s o i x a t e - q u i n z i e ’me. ’ ^3 An<io2 .
nous fommes fortis de Zara nous n avons forme aucun
deflein que la providence n’ait tourné en mieux,
eniorce que c’eft à Dieu feul qu eft due toute lagloi- i10j.
redufuccès. Ayant donc fait le traite avec Alexis *• 4
fils de l’empereur Ifaac, comme nous manquions de
vivres Ôc de toutes chofes, nous n aurions ete qu a
charge à la terre fainte, auffi bien que ceux d entre
nous qui y étoient allez ; ôc nous étions fondez fur
des raports vrai-femblables, pour croire que la meilleure
partie de C. P.foupiroit après 1 arrivée du jeune
Alexis. Nous avons eu malgré la iaifon le vent favorable
, ôc nous fommes arrivez heureufement ôc
promptement devant cette ville contre toute efpe-
rance, mais nous l’avons trouvée fermée ôcdifpofée
•à fe défendre: comme fi nous euffions ete une nation
infidelle, qui vint renverfer la religion chrétienne.
Car le cruel ufurpateur de l’empire avoit harangue le
peuple, 8c lui avoit perfuadé que les Latins venoient
ruiner leur ancienne liberté, 8c fe foumettre 1 empire
à leurs loix ôc à l’autorité du pape. Ce qui les avoit
tellement animez contre nousSccontre le jeune Pr*^"
ce, qu’ils ne vouloient point nousecouter; 8c quand
les voyant fur les murailles nous leur avons voulu
parlerais ne nous ont répondu qu en tirant fur nous.
Nous trouvant donc reduics a la neceffite de vaincre
ou de mourir , ôc n’ayant pas de vivres pour
quinze jours, nous avons affiege la ville par mer ôc
par terre, 8c nous y fommes entrez le huitième jour.
Ils marquent enfuite la fuite de l’ufurpateur, la
délivranced’Ifaac, le couronnement de fon fils; ôc
ajoutent : L’empereur commence à executer fes pro-
raeifes, il nous donne des vivres pour üfaire un an