
A n Trot 1 1 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
un autre jour les prédicateurs Catholiques. L'évèque
nOfma continua fon voyage, refolu de revenir au
plutôt a Ja million de laprovince deNarbonne : mais
peu de jours après qu’il fut arrivé chez lui il mourut
dans une heureufe vieillefle. Le moine Raoul étoit
mort peu de tems auparavant dans l’abbaye de Fran-
quevaux^ près de S. Gilles de l’ordre de Cifteaux ôc
Gui abbé de Vaux Sernay au diocefedeParisdevint
le chef de cette million. Il étoit de noblerace, mais
encore plus diftingué par fa fcience ôc fa vertu, ôc
xxvm. ^UC ^ePuis évêque de Carcaflone.
Gommence- Dominique que l’évêque d’Ofmaavoit retenufeul
Tnent de S. Do- ~ J r _ minique. pour compagnon de les travaux en cette miffion, en
vu» fer ?. ^ans ^U*te & l’inftituteur du nou-
TntUor. »p. vel ordre des freres prêcheurs. Il naquit en 117 0 . au
jiug. bourg deCalaruegaen Caftille au diocefe d’Ofma, de
Jerd*ir.pnüîig Parens nobles ôc vertueux. Son perrfut Félix de Guf-
fr. rrt.M. 5,c. man , fa mere Jeanne d’Aça, qui avant qu’il naquîc,
fongea qu elle etoit groffe d’un petit chien, qui tenoit
a la gueule un flambeau dont il embrafoit tout le
monde. Elle avoit fon frere archiprêtre del’églifede
Gumiel d’Iflan à qui Dominique fut donné dès fon
enfance, pour l’élever dans les lettres, la vertu ôc l’af-
iîduite aux offices de i’églife. A quatorze ans fes parens
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envoyèrent a Palencia, où étoit alors laplus fa-
meiife école de Caftille : car le roi Alfonfe IX. y
avoit alfemblé des fçavans de France & d’Italie, & é-
xoderic. Taiet. tahli des profelfeurs de toutes les facultez à qui il don-
th. 3^. noit de grands apointemens. Dominique y étudia la
philofophie ôc la théologie pendant quatre ans: me-
mant une vie ferieufe & retirée, âvec une telle affection
pour lapureté , qu’ilgardala virginité jufquesà
L i v r e S o i x a n t e - s e i z i è m e . z i9
la fin. Il prioit ôc veilloit beaucoup , ôc pafla dix ans
fans boire de vin. Sa charité pour le prochain étoit
telle, que pendant une grande famine il vendit juC-
ques à fes livres pour aififter les pauvres.
L’évêque d’Ofma ayant oüi parler de Dominique
qui étudioit encore à Palencia, ôc s’étant exa&ement
informé de fon mérité : l’appella à Ofma, ôc le fit chanoine
régulier de fon églife. Dominique voulant a-
vancer dans la perfection, s’appliqua a la lecture des
conferences deCaifien, 6c en profita de telle forte,
que fa vertu éclatant de plus en plus, on le fit fous-
prieur du chapitre..C’étoit la premiere dignité après
l’évêque qui en était le prieur, ayant auifi embrafle
la vie reguliere. Le principal attrait de Dominique
étoit de s’employer entièrement à la converfion des
pécheurs. Il commença à y travailler pendant le volage
que l’évêque d’Ofma fit en France, étant envoyé
vers le com te de ¡la Marche. Car il y mena Dominique
, ôc arrivant à Touloufe ils la trouvèrent in-
fe&ée d’herefie: leur hôte même l’é toit, mais Dominique
fit fi bien par fes maniérés douces ôc infi-
nuantes, que par fes raifons, que la meme nuit il
le ramena au fein de l’églife.
Après une conference qui fut tenue avec eux à
Montreal, Dominique rédigea par écrit les paffages
qu’il avoiteitez, ôclesdonnaàun desheretiquespour
y faire reflexion. La nuit fuivante comme ils étoient
plufieurs de la feefte aflis auprès du feu, celui qui avo't
lepapierle montra aux autres qui luidirent: Jettez-
le au feu ! s’il brûle il paroîtra que nôtre créance eft
la vraye ^s’il ne brûle point, nous confeflerons que
c’eft celle de ces prédicateurs. Ils en convinrent tous.
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tyrd. c. t ;
Hiff, Alk. c. 7